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2 5 6 LE S C L IMA T S
posée de blocs provenant de la surface du glacier et
tombés à travers les crevasses, au fond de son lit. On a
affirmé qu’elle était également constituée par des pierres
arrachées, par la glace en mouvement , au sol sur lequel
elle glisse; l’observation n ’a pas vérifié cette hypothèse
*. »
Après de semblables affirmations faites par un observateur
consciencieux, il devient pour ainsi dire impossible
d’attribuer à l’intervention des anciens glaciers
l’ouverture et le creusement des grandes vallées
alpestres.
Dès qu’elles furent ouvertes, de tout temps, les vallées
ont été soumises à faction des agents de l’atmosphère
et à celle des cours d ’eau, tantôt violents et rapides,
tantôt substituant à des efforts énergiques et irréguliers
une action lente et continue. Mais nous devons ajouter
que, pour les vallées résultant des derniers soulèvements
tertiaires et quaternaires, la glace est venue joindre son
intervention à celle des eaux pour en façonner les profils
et en déblayer les fonds.
L’ensemble des effets produits ne peut évidemment
que s ’équilibrer avec la puissance des forces enfermées
dans le grand atelier de la nature; seulement, pour
essayer de tout expliquer, il faut mettre à contribution
toutes ces forces, au lieu de n ’en faire intervenir qu’une
seule ou un petit nombre d’elles.
i Ch. Rahot , Les glaciers polaires et tes phénomènes glaciaires actuels;
conférence faite à l ’Association Française pour l ’avancement
des sciences. Revue scientifique; t. XLVI, n® 3, 19 jui l let 1890.
A F FO U I L L EM E N T G L A C IA IR E 2 5 7
Puisque nous ne pouvons attribuer à la glaciation la
formation des vallées, nous sommes encore moins disposé
à croire que le creusement des lacs n’est qu’une
conséquence de la progression des anciens glaciers.
Nous ne pouvons répéter ici ce que nous avons déjà dit
à cet égard dans un autre ouvrage pour appuyer notre
opinion*, aussi nous nous bornerons aux observations
suivantes.
A moins qu’ il ne s’agisse de lacs peu profonds, creusés
dans des terrains presque meubles, on ne peut rapporter
leur origine à ce q u ’on appelle Y affouillement
glaciaire. La force qu’on invoquerait ne serait pas proportionnée
au résultat à obtenir. D’ailleurs, on n’a qu’à
étudier avec soin la disposition des couches géologiques
voisines des lacs et à en faire des coupes, pour se
convaincre facilement que la plupart de ces lacs sont
logés dans des cuvettes naturelles au fond d’un plissement
de terrain ou près des lèvres d’une faille, ou même
dans une dépression due à un tassement ou à un effondrement.
Toutes les fois que des lacs se sont trouvés dans le
domaine de faction des glaciers, ceux-ci, comme pour
les grandes vallées, n’ont fait qu’en émousser ou en
arrondir les saillies et les angles.
Pour expliquer f affouillement d’un lac, on a comparé
souvent le front d’un glacier en marche au soc d’une
charrue ouvrant le sol et y creusant des sillons. Pourtant
1 A. Falsan, op. c it., p. 152, etc., 1889.
F a l s a n , Les Alpes Françai ses. •7
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