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en marais les grands bassins lacustres de Lavours et de
la Chautagne, qui avaient autrefois une existence indépendante
ou bien qui se reliaient intimement au lac du
Bourget. Ce sont aussi les alluvions de l’Isère, de la
Romanche, du Drac qui ont nivelé la vaste plaine qui
entoure Grenoble.
Néanmoins, ces comblements ont peu d’importance si
on les compare à ceux de la Grau constitués par les apports
de la Durance, ainsi qu’à ceux de la Camargue et du
delta du Rhône, formés presque entièrement de débris
arrachés aux Alpes.
Parfois, l'influence des anciens glaciers s ’est manifestée
d’une manière différente à l’égard de la formation des lacs.
Comme on peut le voir si souvent dans les Vosges, ce
sont des moraines transversales qui retiennent les eaux
dans les vallées, en leur servant de barrages.
Le lac Combat est également limité en aval, dans l’Allée
Blanche, au pied du mont Blanc, par une moraine du
glacier de Miage ; il nous servira d'exemple pour les lacs
morainiques.
Ailleurs, ce sont des éboulements qui ont barré les
vallées et les ont transformées en lacs temporaires. Ainsi,
des masses énormes de rochers détachés de la Grande-
Voudène, au sud de la chaîne de Belledonne, vinrent
combler le fond de la vallée de la Romanche, àLivet, en
aval du Bourg-d’Oisans. Ce barrage accidentel, ne permettant
plus aux eaux de s’écouler, transforma la plaine de
rOisans en un vaste lac appelé le lac Saint-Laurent.
Ce lac ne fut que temporaire, et, dans la nuit du 15
septembre 1219, la chaussée se rompit sous la pression
de l’eau. Un torrent dévastateur se précipita avec violence
dans la vallée; tout fut brisé, entraîné, et la ville
de Grenoble faillit être emportée et détruite !
Comment parler de ces désastres sans rappeler la
fameuse débâcle de Bagnes, dont le souvenir est déjà
moins intense. A la suite de deux étés froids, la neige et
la glace s ’étaient accumulées sur le glacier de Gétroz,
dans la vallée de la Dranse du Valais. Une partie considérable
du glacier, ne pouvant se maintenir en équilibre,
glissa au fond de la vallée, obstrua le passage des eaux
de la rivière qui affluèrent en amont. Le lac de Mauvoisin
remplaça alors les anciennes cultures. L’illustre Venetz,
appelé sur les lieux comme ingénieur, essaya de donner
à ces eaux amoncelées un écoulement artificiel et régulier
; mais la masse liquide une fois en mouvement ne
respecta aucun obstacle. Elle emporta toute la chaussée,
et une détonation terrible en annonça la rupture. Le
désastre fut épouvantable; la petite ville de Martigny fut
presque détruite par ce torrent impétueux de boue noirâtre
( 16 juin 18 18), qui alla se jeter dans le Rhône et le
lac Léman, après avoir franchi, avec une vitesse prodigieuse,
l’espace de vingt et une lieues en six heures et
demie *.
En définitive, un lac n’est que l’épanouissement en
largeur et en profondeur du lit d ’une rivière pour former
* Course à Véboulemenl du glacier de Gétro; et au lac de Mauvoisin,
au fo n d de la vallée de Bagnes, 16 mai 1818. — Seconde course
à la vallée de Bagnes, 21 juin 1818. Vevey, Lærtscher, éditeur.
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