anticlinal, les voussoirs voisins de la clef de voûte et la
clef elle-même peuvent s ’effondrer et s ’abîmer dans des
vides restés béants au-dessous d’eux. Ces mouvements
de dislocation qui ont façonné la vallée du Rhin entre les
Vosges et la Forêt-Noire, se sont produits fréquemment
dans les Alpes, et leur combinaison avec des failles,
des glissements extérieurs, des renversements de plis,
a contribué à abaisser le plan maximum altitudinaire
des Alpes et, par conséquent, à faire rentrer les anciens
glaciers dans les étroites limites où nous les voyons
maintenant.
A propos de glaciers, après avoir examiné rapidement
quelques-uns des effets q u ’on doit attribuer à l ’action
des agents atmosphériques sur les roches, nous sommes
amené à chercher quelle influence peuvent avoir sur le
sol, les glaciers eux-mêmes, dont les masses ne sont
que les conséquences des conditions climatériques de la
région où ils fonctionnent.
De tout ce que nous venons de dire des plissements
de terrains par suite de pressions latérales et d’efforts
horizontaux, par rapport à l’orographie des Alpes, il
ressort clairement que, au point de vue général, les
vallées ne peuvent être que les conséquences du refoulement
des couches ou d ’autres mouvements orogéniques,
tels qu’effondrements, cassures, etc., toutes les
fois q u ’il s’agit de régions constituées par des roches
dures cristallines ou calcaires solides ; mais, dans les
terrains d ’alluvions peu résistants, ce sont les érosions
aqueuses ou glaciaires, toujours en proportion
avec les conditions de chaque climat qui les ont ouvertes
e n plein terrain.
On ne peut donc, comme Tyndall et d’autres géologues
*, attribuer le creusement des vallées delà première
catégorie à l ’action des glaciers.
Certes, nous sommes loin de nier la puissance destructive
de pareils agents, mais nous croyons leur faire une
part assez belle dans la production de ce genre de phénomènes
en disant q u ’ils ont entraîné les débris rocheux
qui encombraient le fond des plis synclinaux placés
sur leur route et que, par les efforts de leurs masses
douées d’un mouvement irrésistible, d’une force immense,
ils ont modifié tous les profils et toutes les
saillies qui subissaient leur contact. Autant cette force
est puissante, lorsqu’il est question de lutter face à face
contre un obstacle qu’il s’agit de vaincre, autant elle est
dépourvue d’effets énergiques, lorsque la masse glacée
s ’avance sur des surhices ondulées et arrondies, ou
anciennement moutonnées. Dans ces conditions restreintes,
si faction se propage longtemps, elle peut
néanmoins amener des résultats assez considérables et
donner à toute une contrée l’aspect d’un paysage morainique.
Pendant leur progression, les glacieis se bornent
donc à moutonner, à arrondir les roches placées en saillies
sur leur passage et à polir, en les couvrant de stries
et de cannelures, les surDces rocheuses peu ondulées ou
1 Tyndal l , The excavation o f the Val leys of the Alps (P h tl. Magas.,
4® s é r . , t. XXIV, p. 3 7 7 , novembre 1862).