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2 ^ 4 LES CLIMATS
et de la montagne de l’Épine (1003'"), pour se répandre
dansles plaines étalées à leur pied, à l’ouest. A l’époque
quaternaire, les glaces delphino-savoisiennes avaient
suivi le même chemin pour s’épancher dans les environs
de Belley et recouvrir ensuite tout le bas Dauphiné.
Souvent, en Bugey, nous avons contemplé la majestueuse
progression des brouillards dans les vallées
creusées le long des contreforts des Alpes, et, par une
illusion facile à comprendre, nous pouvions nous croire
transporté, pour quelques instants, à travers les vieux
âges de la période glaciaire * !
Les nuages ne sont que des brouillards suspendus
dans les hautes régions de l ’atmosphère. Amoncelées
paisiblement en masses diversement colorées, ou bien
encore chassées violemment par la tempête et sillonnées
par les éclairs, ces vapeurs aériennes offrent souvent
dans les Alpes de superbes effets de lumière.
Par le soulèvement des montagnes, la croûte terrestre
exerce une action sur les conditions climatériques de
l’atmosphère; mais il n’est pas moins vrai que les agents
atmosphériques réagissent aussi directement sur le sol.
Les roches les plus dures, les montagnes les plus massives
sont elles-mêmes soumises sans cesse à leur
influence destructive. Tantôt les effets sont considérables
et rapides; tantôt leur continuité leur donne une importance
en définitive encore plus grande.
Des précipitations aqueuses, des pluies trop abondan*
Cf. Falsan, La Période glaciaire, p. 300.
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tes OU trop multipliées, détrempent les terrains argileux
et occasionnent des éboulements de montagnes aussi
effrayants que gigantesques, commela chute du Rossberg,
un des événements les plus considérables de ce genre,
qui ensevelit Goldau et quatre autres villages. Les écroulements
des Diablerets ( 1 7 14 et 1749), dans les Hautes-
Alpes Vaudoises, engloutirent des bergers et des troupeaux
sous une couche de 300 mètres de débris. Au pied
du Bernina, du Rigi, de la Dent du Midi, on voit les vestiges
de semblables catastrophes. Les Alpes Françaises
nous offrent des exemples aussi remarquables.
Les éboulements de montagnes ne créent pas toujours
des lacs plus ou moins temporaires comme le lac Saint-
Laurent déjà cité; souvent ils ne font qu’ensevelir sous
leurs débris d’immenses surfaces de terrains. Tel fut
celui du mont Granier dont les escarpements terminent
au nord la chaîne du Haut-du-Seuil, à l’est du massif de
la Grande-Chartreuse. En 1248, il engloutit une petite
ville et cinq villages! Pour rappeler le souvenir de cette
terrible catastrophe et peindre en même temps l’aspect
de ce terrain bouleversé, on a donné le nom à.'Abîmes
de Myans à ces amoncellements de débris.
Citons encore la destruction de la ville gallo-romaine
de Tauretunum, située sur la rive méridionale du lac de
Genève près de l’entrée du Valais. Elle fut anéantie en
563 par un grand éboulement de rochers qui bouleversa
profondément les eaux du lac %
1 C f. Él. Reclus, La Terre, t. I, p. 200.