les divisions naturelles, ainsi que nous venons de le
dire, sont limitées par les massifs les plus puissants, et
les cimes les plus élevées leur servent de jalons.
Ne pouvant même pas donner une carte tant soit
peu détaillée des Alpes, nous devons nous borner à
dresser le schéma précédent, dans,lequel nous avons
cherché à disposer méthodiquement les noms des principales
divisions des Alpes, en leur conservant grossièrement
leurs situations relatives. A ces noms qui se
rapportent à l’histoire ou à la géographie, nous avons
ajouté un renseignement sur la composition géologique
du sol. Nous avons indiqué approximativement les pays
limitrophes. (Voir le tableau, p. 28-29).
Des difficultés techniques, à notre grand regret, nous
ont empêché de tracer cette esquisse avec plus d ’exactitude.
Simplement pour se rendre compte des formes et des
allures orographiques, si l’on jette un coup d’oeil sur une
carte de la Savoie, de la Suisse, du Tyrol ou de toute
autre contrée limitée des Alpes, on est d’abord étonné
de la confusion qui semble régner au milieu de ce chaos
de montagnes et de vallées qui s’entre-croisent ou se
mêlent de la manière la plus imprévue. Du sommet
d ’une haute montagne cette confusion semblerait encore
plus complète ; on n’apercevrait que des pics, des aiguilles,
des sommets, en nombre infini, dont on ne pourrait
saisir les systèmes de groupement. La vue des détails
masquerait celle de l’ensemble. Mais, dès qu’on étudie
la chaîne dans toute son étendue, comme nous venons
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de le faire avec la carte géologique du D" F. Noë, pour
comprendre comment les roches et les terrains sont
disposés dans le massif alpin, on ne tarde pas à s’apercevoir
qu’une certaine régularité existe au milieu de
ce désordre plus apparent que réel ; chaque forme orographique
est le résultat d’un fait qui n’est lui-même
que la conséquence d’une loi. Ainsi, il est facile de voir
que, depuis le lac de Genève jusqu’à Vienne et les plateaux
de la Hongrie, les Alpes ne se composent que
d’une série d’ondulations, de plissements, de synclinaux
et d’anticlinaux, généralement parallèles à la direction
moyenne de la chaîne, mais les voûtes ont été rompues,
faillées, et les arêtes, aux bords des fractures, sont déchiquetées
et minées de mille façons depuis des séries de
siècles. Aux actions mécaniques primordiales, il faut
ajouter la puissante influence des agents atmosphériques
qui ont modifié les contours de ces lambeaux, les ont
corrodés, les ont dénudés. Ainsi s ’expliquent cet aspect
délabré que nous avons déjà signalé et ces anomalies
qui voilent de prime abord la régularité des formes
orographiques, si bien conservée dans les chaînons
parallèles du Jura.
Quoi qu ’il en soit de ces accidents, de cette incohérence
apparente, on peut facilement admettre avec
M. Marcel Bertrand ^ que les grands plissements de la
chaîne des Alpes ont été produits par le refoulement
d ’une portion d’un fuseau de l’écorce terrestre, écrasée
^ Marcel Bertrand, Bull. Soc. gé o l . , t ,XV, p. 697, 1887.
F a l s a n , Les Alpes Françaises. 3
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