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s’y accumulerait, si elle ne s’écoulait pas vers les parties
déclives. La neige est plus stable sans pourtant s’amonceler
indéfiniment. Au Grimsel à 2000 mètres environ,
l’épaisseur moyenne annuelle de la neîgeest de 9 mètres,
de sorte que son accumulation finirait à la longue par
être énorme ; mais le vent en balaye des sommets une
grande partie, et pendant f été la chaleur du soleil en fait
fondre une masse considérable ; d’autres fois elle glisse
le long des pentes. Alors cette neige qui était tombée en
légers cristaux, ou flocons, se transforme en neige
grenue (Firn) qui elle-même devient plus dense, plus
compacte, approximativement à 2000-2500 mètres, et
finit par prendre la densité et l’aspect de ce qu’on appelle la
glace bleue des glaciers, toujours plus ou moins huileuse
et moins compacte que celle des rivières. D’après Dollfus
la glace bleue pèse 909 kilogrammes le mètre cube, la
neige grenue 628 kilogrammes, la neige fraîche 85
kilogrammes.
Cette neige durcie ne reste pas immobile; tantôt elle
se détache brusquement des pentes sur lesquelles elle
était restée comme suspendue, et, sous forme d’avalanche
(fig. 49), elle se précipite en masse immense au
fond des vallées pour les obstruer momentanément, après
avoir tout entraîné sur son passage; tantôt elle glisse
sur le sol incliné, puis elle se dilate par la regélation et
acquiert par diverses autres causes un mouvement lent
de progression, dans le sens de la résistance la plus faible,
c’est-à-dire vers les parties déclives et ouvertes de la
vallée trúncale, où viennent aboutir tous les rameaux.
Ces amas de glace huileuse constituent un glacier. Soumis
alternativement à la chaleur solaire et constamment aux
lois de l ’ablation, la surface et le front des glaciers se
maintiennent en un certain état d’équilibre qui, sauf de
légères oscillations, s’oppose à leur accroissement indéfini
dans les conditions climatériques normales actuelles.
jadis, à l’époque glaciaire, il n’en était pas de même.
Sous l’influence d’un abaissement de température, la
vapeur d ’eau, ordinairement invisible, devient apparente
et prend un état intermédiaire entre la pluie et la neige ;
ce sont des vésicules assez légères pour se soutenir dans
l ’air, et dont la masse blanchâtre prend le nom de brouillard,
dans les parties basses d’une région où elle forme
de longues traînées, chassées par le vent dans les vallées.
Un air humide et tiède vient frapper une paroi de
rocher froide ou la pente d’une montagne, la vapeur
d’eau subit cette transformation et passe à l’état vésicu-
laire. On dirait alors qu’une fumée épaisse s ’échappe d’une
crevasse pour se répandre au loin. La vue de ces longues
traînées de brouillard, mobiles, modifiées de mille
manières par les brises, est un des spectacles les plus
attrayants des vallées alpestres ; mais d’autres fois les
brouillards s’amoncellent sur un sommet, dans une haute
vallée et voilent tout sentier, tout rocher, toute barrière,
sous de monotones ténèbres. Malheur au voyageur qui
erre ainsi, sans apercevoir le moindre point de repère,
au milieu de précipices, de crevasses ; la fuite ne peut
qu’augmenter le danger qui le poursuit ! Il faut au contraire
qu’il reste en quelque sorte immobile jusqu’à ce
F a l s a n , Les Alpes Françaises. 1 6