M. Heim % après avoir fait de nombreuses coupes, dressées
perpendiculairement à la direction de la chaîne des
Alpes, suppose que la portion de la surface terrestre, qui
représentait autrefois l’emplacement actuel des Alpes, a
dû se contracter de 120 kilomètres, ce qui correspondrait
à un raccourcissement de 10 kilomètres du rayon de la
terre, rien que pour la période tertiaire, sans parler des
autres plissements qui ont dû s’effectuer sous le même
méridien. M. Bertrand ne voit rien d ’excessif dans les
résultats de ces calculs et pense même que, en face des
effets grandioses que doit produire le refroidissement
de la terre, ils présentent à l ’esprit une solution satisfaisante.
M. A. de Lapparent regarde ces chiffres comme exagérés,
mais nous ne pouvons le suivre dans les considérations
qu’il expose à l’appui de son opinion. Lorsqu’il
essaye de retrouver le niveau des anciennes mers, il
aime mieux prendre pour base de vastes surfaces de
terrains sédimentaires, qui ont encore conservé les caractères
d’anciens rivages depuis le commencement des
périodes tertiaire et jurassique, que de chercher des
points de repère sur les sommets non dégradés de quelques
Horste qui ne forment en définitive que des accidents
restreints et des exceptions au milieu de l’ensemble des
formes orographiques d’un continent, car, si vraiment
le niveau supérieur et général des anciennes mers s ’était
élevé à une si grande hauteur, il serait difficile ou même
1 Cf. Bull. Soc. géoL, t. XV, p. 383, 1887.
impossible d ’expliquer la diminution de leur volume !
Nous croyons donc que M. de Lapparent, en adoptant
cette théorie, a simplifié le problème et qu’il a fait la une
judicieuse application du grand principe de la nioindie
action.
En résumé, la question de l’ancien niveau des mers et
de la mesure de la diminution du rayon terrestie est
toujours discutée, mais, comme elle se rattache à l’oro-
génie des Alpes, nous n ’avons pas cru devoir la laisser
complètement dans l’oubli. Toutefois, sans abandonner
leurs tendances, les deux savants autrichiens, en face des
plissements de certaines grandes chaînes, n ont pu
garder un exclusivisme absolu ; ils ont été parfois forcés
d’admettre l’intervention locale et restreinte des pressions
latérales et des soulèvements relatifs ; néanmoins
ils sont convaincus que « l’effondrement le long des
cassures est le principal facteur des modifications de
fécorce terrestre ». Au contraire, M. A. de Lapparent, un
des plus habiles champions des idées d Élie de Beaumont
et de Constant Prévost, idées également soutenues par
beaucoup de géologues étrangers, a la suite de Dana, de
Richtofen, etc., soutient .que << les chutes verticales
apparaissent comme des effets secondaires et consécutifs
des mouvements d’élévation ».
Ce n’est pas la place ici de discuter la valeur de ces
deux théories rivales, entre lesquelles se fera, un jour,
un certain accord, puisqu’on sera foicé de faire de nombreux
emprunts à l’une et à l’autre. Ne l oublions pas ,
la marche de la nature n’a rien d’exclusif ; imitons-la.
ft it!
•Iff.. .