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l’Europe, les montagnes de la Grèce, de l’Italie et de
l’Espagne en sont les apophyses méridionales !
Nous allons agrandir encore notre horizon et, toujours
sous la direction de M. Bertrand^ et de M. Suess, nous
allons chercher le rôle que le soulèvement du système
alpin a joué dans la formation du continent européen.
L Europe est formée par les débris de trois grandes
chaînes ou de trois immenses vagues rocheuses qui,
successivement et à de longs intervalles, sont venues
du midi se heurter contre les parties septentrionales
déjà consolidées de l’ancienne Europe.
La plus rapprochée du nord, la chaîne primordiale,
n est qu une succession de plissements de gneiss, souvent
renversés sur le silurien. Elle est recouverte par des
couches dévoniennes et carbonifères sensiblement horizontales,
qui ont résisté aux poussées plus récentes.
Cette chaîne, appelée Calédonienne, part du nord de
1 Ecosse et suit les bords de la Norvège sous le nom
d ’Alpes Scandinaves (fig. 3).
Plus au sud, on a reconstitué une seconde chaîne,
moins ancienne, q u ’on nomme Hercynienne. Elle traverse
l ’Europe en écharpe depuis la Sibérie jusqu’au
sud de rirlande. Des efforts latéraux successifs lui ont
donné une origine analogue à celle des Alpes. Mais
depuis son soulèvement, elle a subi de nombreuses
fractures, des torsions, des tassements, et elle ne pré-
M. Marcel Bertrand, La Chaîne des Alpes et la formation du continent
européen 5 oc. géoL, y sér., t. XV, p. 437, 1887).
FORMATION DU CONTINENT EUROPEEN 5 5
sente plus aujourd’hui que des lambeaux d’un ancien
continent, dont faisaient partie la Bohême, la Forêt-
Noire (ancienne Forêt Hercynienne), les Vosges, les Cor-
nouailles, la Bretagne, le Plateau Central, une partie de
l ’Espagne. Ces massifs servent encore à indiquer de loin
en loin la direction de cette chaîne. Elle forme une
vaste zone dans laquelle sont comprises les couches fortement
plissées des plus riches bassins houillers de
l’Europe.
Une troisième vague de pierre est venue se briser à
quatre reprises contre ces Horste, ces régions depuis
longtemps immobiles ; et ce troisième système de plissements
énergiques n’est vraiment que l’ensemble des
soulèvements de la chaîne des Alpes et des massifs
subordonnés. Ce dernier groupe de montagnes, le
plus récent de tous, a mieux conservé son unité, ses
profils, puisqu’il a été, moins longtemps que les autres,
soumis aux oscillations, aux torsions de l’écorce
terrestre et à l’action continue des agents atmosphériques.
Voilà donc le rôle que les soulèvements alpins ont
joué dans la formation du continent européen. Le relief
irrégulier de l’Europe semble n’être en définitive que la
conséquence de trois grandes contractions de l’écorce
terrestre qui, successivement et à de longs intervalles, ont
forcé le sol à se soulever, à se sillonner de failles et à se
plisser dans certaines régions, délimitées assez nettement.
Les grands plissements alpins et ceux des chaînes qui
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