est ainsi des données climatologiques concernant
Albertville et Grenoble, qui représentent deux exemples
du climat spécial de la vallée de l ’Isère.
Mais il faut distinguer à cet égard les vallées largement
ouvertes à climat chaud, et les vallées profondes et
étroites à climat froid.
Les premières, comme celles de la Tarantaise, de la
Maurienne, du Graisivaudan, de la Durance, etc., protégées
contre les vents du nord par les montagnes
voisines, échauffées par la radiation solaire directe et par
la réverbération des rochers ou des montagnes voisines,
jouissent d’un climat vraiment méridional : on y
éprouve, surtout en été, par les temps de calme, une
température véritablement accablante, mais qui dure
peu : il suffit d’un peu de pluie ou de l’établissement
d ’un régime de vent descendant des sommets voisins,
souvent couverts de neige, pour provoquer une diminution
rapide de la température.
Les vallées profondes et étroites, comme celle du
Fier, par exemple, peu accessibles au soleil, surtout
celles exposées aux vents d’ouest, d’est ou du nord,
ont, ainsi que Villars l’avait déjà remarqué, un climat
exceptionnellement froid, eu égard à leur faible altitude.
On ne peut donner ici d’observations thermométriques,
mais l ’examen des flores spéciales à ces deux
sortes de stations confirme entièrement ces remarques.
Modifications séculaires du climat et des glaciers. — La
possibilité d’une modification dans le climat de certaines
parties des Alpes nous est révélée, à défaut d’observations
météorologiques, parles variations séculaires des glaciers,
sur lesquelles divers savants,MM. Forel,F.Tissot,leprince
R. Bonaparte, ont appelé l’attention, dans ces dernières
années, pour les glaciers de la Savoie et du Dauphiné.
Les glaciers de la vallée de Chamonix, par exemple,
ont eu successivement une période de grand développement
au commencement de ce siècle, puis une période
de repos ou de recul, surtout accentuée entre 1850 et
1870; enfin une nouvelle phase d’activité qui se manifeste
depuis 1875.
De même dans le Dauphiné, après un mouvement
général de recul qui a commencé vers 1865, paraît
s’établir depuis quelques années, pour un certain nombre
de glaciers du moins, une nouvelle période d ’avancement.
Cette période d ’activité actuelle ne se produirait que
dans les Alpes Occidentales; elle manquerait dans la
moitié orientale de la chaîne ; elle se manifeste, pour
quelques glaciers, par un avancement évident de leurs
fronts, pour d’autres, seulement par la plus grande
épaisseur des névés et le gonflement de leurs parties
supérieures.
Cette extension serait causée par une plus grande
abondance des neiges, survenue dans ces dernières
années, due elle-même à une déviation du régime des
vents ; on a remarqué, en effet, dans la Haute-Savoie
du moins, que les vents du nord ont diminué de fréquence
depuis i860 et ont viré insensiblement au N. -W. ,