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Nous n’avons pas à répéter ici ce que nous venons de
dire sur l’allure de la chaîne des Alpes et sur les causes
qui ont empêché son prolongement rectiligne à l ’ouest
pour la faire infléchir au sud en France, puis au sud-est.
Il nous suffira de dire que c’est la résistance de la chaîne
des Cévennes et du Plateau Central qui a modifié ainsi
l’allure du massif alpin. Enfin au sud, c’est l’immobilité
d’une autre masse de roches anciennement consolidées,
les Maures et l’Esterel, qui s ’est opposée au développement
linéaire des Alpes Françaises et a forcé les petites
Alpes Provençales à se tordre sur elles-mêmes pour dévier
à l’ouest et se diriger vers le Rhône.
C’est donc en avant des groupes cristallins de la Provence
que les pressions se sont exercées avec le plus de
violence. Par conséquent, c’est là que M. Marcel Bertrand
^ croit avoir découvert les débris de gigantesques
plis renversés sur eux-mêmes, couchés sur le sol, à la
base et en face des montagnes de la Sainte-Baume, du
Gros-Cerveau, près de Toulon, et des autres montagnes
qui, jusqu’au delà de Draguignan, entourent le massif
cristallin de la Provence. C’est au moyen de ces plis renversés
et profondément attaqués par les érosions, que ce
savant pense pouvoir expliquer les anomalies apparentes
de certaines buttes triasiques qui s ’élèvent isolées au
milieu de la plaine du Beausset. Mais la question n’est
pas encore complètement vidée. Pourtant les plissements
1 Marcel Bertrand, Ilot triasique du Vieux-Beausset (Var) , etc.
(Bull. Soc. géol. de France, 3® sér., t. XV, p. 667, 1887).
admis en Provence par M. Bertrand, ne seraient pas plus
exagérés que ceux qui ont été reconnus dans les Alpes
Vaudoises par M. Renevier^ ou par M. Maillard^ autour
d’Annecy !
Mais les efforts énormes de compression latérale ne se
rencontrent pas seulement dans les chaînes secondaires
des Alpes et près du mont Blanc. Leur champ d’action a
été plus vaste, et il faut attribuer au même genre d’efforts
la configuration générale de toute la vaste contrée qui
s’étend à leur pied à l ’ouest, jusque vers le Charoláis et
le Plateau Central. Voici comment, d’après M. Michel
Lévy^, on peut exposer à grands traits cette disposition
orographique : à l ’ouest du massif du Mont-Blanc apparaît
le grand synclinal dans lequel s’étend le plateau de
la mollasse, d’Annecy au Rhône; puis viennent les plissements
du Jura qui semblent résulter de la décomposition
d’ un grand anticlinal. Des mouvements detorsión ont
produit, en face du mont Blanc, des failles transversales,
analogues aux fissures produites par M. Daubrée dans
des blocs de verre soumis à d’énergiques pressions. Au
Jura succède le grand synclinal de la vallée de la Saône,
rempli par les alluvions pliocènes de la Bresse et des
Dombes. Enfin, à partir de la rive droite de cette rivière.
1 Re n e v i e r , Matériaux pour la carte géologique de la Suisse, XVI®
livraison, p. 311-324, 1890.
2 Maillard, Bulletin du service de là carte géologique delà France,
n» 6, nov. 1889, p. 21, pl . V, f ig. 23.
3 Michel Lévy, Bulleiin du service de la carte géologique de la France,
n® 9, février 1890, p. 23 et 24.
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