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voit que l’axe le plus important de la chaîne, l’axe des
roches silicatées, s’élève fièrement au-dessus du Piémont
et se prolonge en une ligne courbe pour former une
sorte de croissant dont la partie concave entoure le bassin
du Pô. Tout le long de la grande chaîne, depuis le Danube,
les formations paléozoïques et secondaires flanquent
de leurs plis parallèles les deux versants de l’axe
principal ; mais au sud-ouest du lac Majeur, toutes les
formations géologiques des grandes Alpes ont été entraînées
dans le mouvement de flexion dont nous venons
de parler et qui leur a permis d ’aller rejoindre les Apennins.
A l’ouest de Turin, on dirait même qu’il s’est produit
une espèce d’effondrement des parties latérales, qui a
interrompu les affleurements des roches paléozoïques
et secondaires, de telle sorte que les formations cristallines,
granité, gneiss, micaschiste, mises à nu dans la
partie centrale de cet immense amphithéâtre se dressent
comme une muraille aux flancs abrupts, dont le
pied se perd brusquement dans la plaine d’alluvions du
Pô et de ses affluents. A l’est de Coni et de la Stura, la
série des revêtements latéraux dérochés paléozoïques et
secondaires recommence pour se prolonger au sud-est.
La conséquence de cette disposition oro-géologique est
que, pour les Alpes Occidentales, les deux versants ne
sont pas semblables, et que la ligne de partage des
eaux, au lieu d’occuper le centre de la chaîne, se rapproche
beaucoup du bassin du Pô. A l’est, du côté de
l’Italie, les pentes sont donc brusques et peu développées,
tandis que, à l’ouest, sur le versant français, les
l i m i t e s , d i v i s i o n s p r i n c i p a l e s 95
chaînes secondaires, avec leurs contreforts ou chaînons
subordonnés, s’étalent en ramifications aussi vaiiées
qu’étendues ; mais leur ensemble s’abaisse progressivement
par gradins jusque vers les bords du Rhône, sous
les alluvions duquel disparaissent les derniers bourrelets
montagneux.
Les Alpes Occidentales sont limitées ; D au nord, par
le Rhône, le lac de Genève et une partie du Valais ;
2** à l’est, parla Dranse du Valais, le col et levai Ferret,
puis les plaines du Piémont ; 3° à l’ouest, par le Rhône;
4° au sud, par la Méditerranée. Ce grand parallélogramme,
allongé du nord au sud, peut se subdiviser en plusieurs
sections renfermant chacune un système ou groupe
spécial de montagnes. Nous allons les passer rapidement
en revue *.
Au nord, les hautes montagnes de roches cristallines
qui font partie de l’axe principal, depuis le lac de Genève
et le massif du Mont-Blanc jusqu’au mont Cenis, portent
le nom d’Alpes Graies. A l’ouest de ces hautes
cimes, se modèlent des chaînes secondaires et des contre-
forts puissants, q u e nous appellerons, avecM. Levasseui,
les Grandes et Peliles Alpes de Savoie. Au sud de ces
groupes s’élèvent dans le même ordre, de l ’est à l’ouest,
d’abord les Alpes Cottiennes qui s’allongent depuis le
mont Cenis jusqu’au mont Viso ou mieux à la vallée
1 C f. E. Levasseur, de l ’instilul, Étude sur les chaînes el les massifs
du système des Alpes Ç/i««. C. À . F . , Xll® année, 1885, p. 371).
— Les Alpes et les grandes ascensions, 1889.
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