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nous a laissé une impression ineffaçable, et peut servir
de type pour tout un groupe de torrents alpins.
Après avoir délaissé, à Saint-Georges-de-Gommiers, la
grande voie ferrée de Grenoble à Marseille, le petit chemin
de fer de La Mure s ’avance dans la vallée du Drac et
laisse parfois le regard pénétrer dans ces sombres abîmes.
Pour traverser cette région pittoresque, on a dû multiplier
les travaux d ’art. Ainsi, au passage de la Rivoire(fig. 19),
la voie ferrée, tracée en corniche sur des pentes vertigineuses,
semble suspendue au-dessus du vide.
Ailleurs, à Lovagny (Haute-Savoie), au milieu des
bancs durcis de la mollasse, et, près de Seyssel (Savoie),
à travers les calcaires compacts du crétacé inférieur, le
Fier a profité de crevasses naturelles, étroites et profondes,
pour y établir son lit, et pour aller se jeter dans le
Rhône.
Aujourd’hui les Abîmes et le val du Fier rivalisent
avec les gorges de Trient (Suisse), près des frontières de
la Haute-Savoie. Cette immense crevasse, très resserrée,
que le torrent a un peu élargie dans le poudingue anthracifère
de Salvan, rappelle celle de la Tamina, aux bains de
Pfoeffers (Suisse).
Mais le grand fleuve lui-même, le Rhône, pour franchir
la chaîne du Vuache, détachée du Jura, s’est glissé au
travers d’une cluse, d’une fracture transversale étroite
qu’ il a fini par agrandir. Comme le dit M. Hans Schardt,
il faut peu de place pour laisser passer toute une
rivière. Une fissure, une fois ouverte, est rapidement
élargie en cluse. En outre, la puissance dynamique des