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leurs glaciers, il nous faut chercher à entrevoir l ’influence,
que ces formes extérieures peuvent exercer sur les éléments
météorologiques et par suite sur le climat de cette
chaîne de montagnes.
Dans les pays de plaine, les conditions climatériques
restent uniformes par rapport à l ’étendue de toute la
région. Les changements de saisons seuls peuvent les
modifier. Qu’il s’agisse des toundras de la Sibérie, des
steppes à climats extrêmes des bords de la Caspienne,
des déserts brûlants de l’Afrique, du plateau desséché
et sans végétation de Chamo en Asie, ou des pampas et
des llanos de l ’Amérique du Sud, partout les profils régulièrement
aplatis des plaines et des horizons sans limites
déterminent une désolante monotonie d ’aspect et de
climat, comme une grande pauvreté spécifique dans les
diverses manifestations de la vie. Mais que des contractions,
des pressions latérales de l’écorce terrestre,
viennent mouvementer ces terrains si uniformément
horizontaux, les brisent, les refoulent, les creusent, les
soulèvent, tout sera soumis à l’influence d ’une activité
météorologique dont les effets varieront suivant les conditions
locales, et la nature entière s’embellira irrésistiblement
au contact des condenseurs nouvellement
apparus, qui lui fourniront largement et avec une certaine
régularité l’eau, cet élément indispensable à la production
énergique de tous les phénomènes de la vie végétale et
animale. Des nuages s’accumuleront près des sommets ;
des orages agiteront l’atmosphère; des brouillards satureront
l’ air d’une humidité féconde; l ’eau circulera abon
damment, en façonnant le sol, en f arrosant et en le
rendant fertile. Des champs de glace pourront même
ensevelir d’anciens déserts surchauffés et d’anciennes
plaines brûlées par le soleil. Dans la plupart de ces conditions
climatériques nouvelles, des séries de végétaux et
d’animaux, aussi riches en individus que variées en
espèces, se cantonneront chacune dans les stations les
plus favorables à son développement, ou se grouperont
en zones suivant les altitudes moyennes ; les lignes isothermes
se multiplieront en suivant de nombreuses et
irrégulières directions. Voilà ce qui s’est passé dans les
Alpes !
La beauté et la variété qu ’on admire dans la nature
physique de cette chaîne de montagnes, ainsi que la
richesse et la variété de sa flore et de sa faune, ne sont
que les conséquences éloignées de ses soulèvements,
que des résultantes médiates d ’une réaction des forces
internes du globe sur les agents atmosphériques. Ainsi,
s’est constitué ce qu’on appelle les éléments météorologiques
alpins.
Il faut le reconnaître, la chaîne des Alpes n’a pas
toujours existé ; à sa place, il y a eu des mers uniformes
et des plaines aussi monotones que celles que nous
venons de citer. D’après M. Schmith, qui a résumé l ’histoire
du soulèvement des Alpes, à l’époque du trias et
d e s dépôts mésozoïques, les terrains émergés formaient
encore des plateaux monotones, sans accidents *.
* Schmith, R ev u e géologique suisse, t. XX, p. 32, 1889.
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