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La Mer de Glace et les grands glaciers qui en dependent,
ainsi que les glaciers du Cervin et du massif du
Mont-Rose (fig. 27), avec leurs nombreux et puissants
rameaux, la multiplicité de leurs moraines, sont des
glaciers types, et peuvent être comptés parmi les plus
beaux de l’Europe. Mais les grands glaciers du mont
Blanc sont les seuls glaciers de premier ordre qui existent
dans les Alpes Françaises avec tout un appareil complet
de moraines superficielles venant se réunir vers le glacier
truncal pour cheminer à sa surface. Le long des
Alpes Graies, des Alpes Cottiennes, dans les Alpes du
Dauphiné, de fOisans, de la Savoie, il n’y a que de
petits glaciers de second ordre, des glaciers suspendus,
sur lesquels on ne peut voir ces longues traînées régulières
de débris rocheux, si remarquables sur la Mer de
Glace et à la surface des grands glaciers du massif du
Mont-Rose ou de l’Oberland bernois.
Quant aux glaciers de la grande vallée du mont Blanc,
ils sont les plus anciennement étudiés. Depuis longtemps
déjà, leur développement, leurs oscillations, leur marche
en avant, leurs aiguilles, leurs séracs ou cascades de
glace, leurs crevasses, la constitution intime de leurs
masses profondes, leurs divers groupes de moraines et
tous les accidents de leurs surfaces, ont attiré l ’attention
des savants.
Horace Bénédict de Saussure en fut le premier explorateur
scientifique. En 1787, il passa dix-sept jours au
col du Géant (3362 f i , tout occupé à étudier les phénomènes
météorologiques qui se passaient autour de lui.
DE S A U S S U R E , D E SO R , A G A S S I Z , D O L L F U S -A U S S E T 18 5
Pendant que Dollfus-Ausset, Desor, Agassiz et tant
d ’autres continuaient les observations de Hugi (1827),
au glacier de l ’Unter-Aar (1840), Forbes vint s’installer
sur la Mer de Glace (1843). Ce fut là qu’il créa sa théorie
de la viscosité et qu’il découvrit quelques-unes des lois
de la progression des glaciers et de la répartition des
vitesses dans les divers points de leur masse. Tyndall
(1859-1871 ) y vint à son tour pour apporter plus de
précision dans ces mêmes études, en mesurant directement
le déplacement annuel des blocs erratiques et des
poteaux qu’il faisait planter dans la glace. Les cirques
et la grande vallée qui s’ouvrent dans les flancs nord
du mont Blanc ne sont donc pas plus célèbres par
l’aspect magique et les merveilles de leurs glaciers
que par la science et la gloire des savants qui les ont
observés.
Plus au nord, sur le versant italien, sur le versant de
la Doire Baltée, s’étale le glacier du mont Dolent, épanoui
largement dans le haut, resserré dans le milieu et se
dilatant de nouveau dans le bas comme une gerbe de
blé. MS'" Rendu, un des plus illustres pionniers de la
science des glaciers, après avoir considéré que cette
masse de glace pouvait s’élargir dans la vallée ouverte
devant elle, et modeler ses contours sur les flancs des
pentes voisines, dès qu’elle avait franchi l’étroit défilé
qui fétouffait, comprit que la glace, malgré sa rigidité
apparente, avait la propriété étrange de se mouler sur
son lit, de resserrer sa surface ou de la dilater, d’amincir
ou de gonfler sa masse en vertu d’une certaine plasticité.