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 anciens  glaciers,  qui  progressaient  sous  une  charge  de  
 plusieurs  centaines  de mètres  de  glace,  a  dû  multiplier  
 1 action  erosive  du  fleuve, déjà  exaspérée  par  la  violence  
 et  le  volume  des  eaux  de  fonte. 
 Après avoir  dépassé  le  défilé  étroit du  Fort-l’Écluse,  le  
 Rhône,  pendant  les  basses  eaux,  vient  s’engouffrer  dans  
 une fissure encore plus resserrée, et disparaît presque dans  
 1  abîme  de  la perte du  Rhône, pour  revenir  bientôt à  la lumière  
 etcontinuersa course au fond d’une étroite crevasse. 
 Plus  en  aval,  mais  encore  bien  loin  de  Lyon,  le  grand  
 fleuve  passe,  près  de  Villebois,  dans  la  large  cluse  qui  
 sépare  les  collines  et  les  plateaux  calcaires  du  bas  Dauphiné  
 d’avec  les  montagnes  du  Bugey.  Un  seuil  de  
 roches  dures  semble  barrer  son  lit.  MM.  les  ingénieurs,  
 par de  grands  travaux,  ont  adouci  le  Saut du Rhône  et  
 même, par l’établissement  d ’un  canal  latéral,  en  ont  fait  
 disparaître  les  inconvénients  pour  la  navigation. 
 Nous  ne  pouvons  oublier les  profondes et  pittoresques  
 crevasses  des  Grands  et  Petits  Goulets  (Drôme)  où  passent  
 la Vernaison  et la route de Pont-en-Royansà  la  Cha-  
 pelIe-en-Vercors,  ni  les  clues  de Baríes (fiasses-Alpes),  au  
 fond desquelles  roule  le  torrent du Bès  entre deux  hautes  
 muiailles  de  rocher  presque  verticales  ;  mais  nous  ne  
 pouvons  citer  tous  les  accidents topographiques  semblables, 
  et  nous ne  réservons  quelques lignes  que pour  ceux  
 de  la  vallée  du  Verdón. 
 Bien  au  sud  de  la  chaîne  des  Alpes  Cottiennes,  les  
 d u s  du  Verdón,  en  aval  de  Castellane,  sont  creusés  à  
 plus  d  un  demi-kilomètre  de  profondeur. 
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 SOURCES  DES  RIVIERES  PRES  DES  GLACIERS *39 
 Elisée  Reclus  en  proclame  la  beauté  *.  Sur  les  pentes  
 méditerranéennes  des  Alpes  Maritimes,  il  y   a  tout  un  
 système  de  défilés  étroits  et  profonds  que  les  eaux,  
 fuyant les  lacs  et les  neiges  des hautes  cimes,  ont  élargis  
 au  milieu  de  roches  calcaires  ou  de  grès.  Les  parois  surplombent  
 souvent  au-dessus  des  profondeurs  usées  par  
 le  passage  des  eaux  mugissantes.  Le  long  de  la  gorge  
 de  Moustiers,  dans  le même  arrondissement,  les  deux  
 corniches  sont  si  rapprochées  que,  depuis  des  siècles,  
 on  les  a  réunies  par  une  chaîne de  fer. 
 La grande  ligne de  partage  des  eaux  n’est  qu’une  série  
 de  lignes  brisées,  offrant  alternativement  sur  chaque  
 versant  des  angles  rentrants ou  saillants.  L’espace  compris  
 entre chaque chevron  est souvent encombré de neiges  
 et  de  glaces  qui  servent  à  alimenter  les  rivières  du  sud-  
 est de la  France  et  celles  du  Piémont.  Ainsi,  VIsère  prend  
 naissance  au  pied  du  glacier  de  la  Galise,  et VArc,  sous  
 les  glaces  qui  descendent  de  la  Levanna;  la  Durance  
 et  ses  affluents  servent  d’exutoires  aux  eaux  de  fonte  du  
 massif oriental  du  Pelvoux  et  des  Alpes  Cottiennes. 
 Au  nord,  VArve  est  alimenté  par  les  glaciers  du  
 versant  nord-ouest  du  groupe du Mont-Blanc. 
 La  Romanche,  au  centre  de  la  région  alpine,  entraîne  
 avec  elle  les  eaux  et  les  débris  glaciaires  du  cirque  de  la  
 Bérarde  et  des  montagnes  voisines. 
 Sur  les  pentes  piémontaises,  les  mêmes  dispositions  
 orographiques  engendrent  des  effets  analogues  et  ser- 
 *  Elisée Reclus,  La  France,  p.  184. 
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