138 LES EAUX
anciens glaciers, qui progressaient sous une charge de
plusieurs centaines de mètres de glace, a dû multiplier
1 action erosive du fleuve, déjà exaspérée par la violence
et le volume des eaux de fonte.
Après avoir dépassé le défilé étroit du Fort-l’Écluse, le
Rhône, pendant les basses eaux, vient s’engouffrer dans
une fissure encore plus resserrée, et disparaît presque dans
1 abîme de la perte du Rhône, pour revenir bientôt à la lumière
etcontinuersa course au fond d’une étroite crevasse.
Plus en aval, mais encore bien loin de Lyon, le grand
fleuve passe, près de Villebois, dans la large cluse qui
sépare les collines et les plateaux calcaires du bas Dauphiné
d’avec les montagnes du Bugey. Un seuil de
roches dures semble barrer son lit. MM. les ingénieurs,
par de grands travaux, ont adouci le Saut du Rhône et
même, par l’établissement d ’un canal latéral, en ont fait
disparaître les inconvénients pour la navigation.
Nous ne pouvons oublier les profondes et pittoresques
crevasses des Grands et Petits Goulets (Drôme) où passent
la Vernaison et la route de Pont-en-Royansà la Cha-
pelIe-en-Vercors, ni les clues de Baríes (fiasses-Alpes), au
fond desquelles roule le torrent du Bès entre deux hautes
muiailles de rocher presque verticales ; mais nous ne
pouvons citer tous les accidents topographiques semblables,
et nous ne réservons quelques lignes que pour ceux
de la vallée du Verdón.
Bien au sud de la chaîne des Alpes Cottiennes, les
d u s du Verdón, en aval de Castellane, sont creusés à
plus d un demi-kilomètre de profondeur.
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SOURCES DES RIVIERES PRES DES GLACIERS *39
Elisée Reclus en proclame la beauté *. Sur les pentes
méditerranéennes des Alpes Maritimes, il y a tout un
système de défilés étroits et profonds que les eaux,
fuyant les lacs et les neiges des hautes cimes, ont élargis
au milieu de roches calcaires ou de grès. Les parois surplombent
souvent au-dessus des profondeurs usées par
le passage des eaux mugissantes. Le long de la gorge
de Moustiers, dans le même arrondissement, les deux
corniches sont si rapprochées que, depuis des siècles,
on les a réunies par une chaîne de fer.
La grande ligne de partage des eaux n’est qu’une série
de lignes brisées, offrant alternativement sur chaque
versant des angles rentrants ou saillants. L’espace compris
entre chaque chevron est souvent encombré de neiges
et de glaces qui servent à alimenter les rivières du sud-
est de la France et celles du Piémont. Ainsi, VIsère prend
naissance au pied du glacier de la Galise, et VArc, sous
les glaces qui descendent de la Levanna; la Durance
et ses affluents servent d’exutoires aux eaux de fonte du
massif oriental du Pelvoux et des Alpes Cottiennes.
Au nord, VArve est alimenté par les glaciers du
versant nord-ouest du groupe du Mont-Blanc.
La Romanche, au centre de la région alpine, entraîne
avec elle les eaux et les débris glaciaires du cirque de la
Bérarde et des montagnes voisines.
Sur les pentes piémontaises, les mêmes dispositions
orographiques engendrent des effets analogues et ser-
* Elisée Reclus, La France, p. 184.
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