34 CONS IDE R A T IONS G EN E R A L E S SUR L A CHA INE DES A L P ES
entre l’Afrique et l’Europe septentrionale. L ’effort se serait
produit au sud et serait venu se perdre contre le massif
de la Forêt-Noire, de la Bohême et sous les plaines de la
Bavière et de l’Autriche. Cette uniformité d ’allure, cet
alignement des vallées principales, formées par les
grands plissements qui se maintiennent assez régulièrement
sur toute la longueur des Alpes Orientales et Centrales,
font parfaitement saisir l ’unité delà chaîne. Cette
unité n’est pas même détruite, pour les Alpes Françaises,
par leur brusque inflexion au sud, ainsi que nous l ’e x pliquerons
plus loin. C ’est en raison de ces faits que le
cours du Rhône en ’Valais, celui du Rhin inférieur ou
occidental qui suit la même direction, ceux de VAdda en
Valteline, de Vlnn supérieur, de la Sa lja , de VEnns en
Styrie, de la Muhr, de la Drave, ont été, dès leur origine
et sur une partie de leur développement, forcés de suivre
une direction unique O.-S.-O. — E.-N.-E., parallèle à la
direction moyenne des plissements alpins. La Muhr, la
Drave, la Save se détournent ensuite vers le sud-est, en
suivant l ’orientation nouvelle du grand rameau des
Alpes Dinariques.
Mais, comme le Jura qui lui ressemble sous tant de
rapports, la chaîne des Alpes a été brisée, de distance
en distance, par des mouvements de torsion, par des
cassures transversales, de véritables cluses, et les rivières
alpines ont profité de ces accidents orographiques, de
ces échancrures, pour s’échapper de ces plissements
réguliers, en faisant un brusque détour, soit au nord,
soit au sud, et pour ainsi dire perpendiculairement à l ’en-
UNIT E DE L A C H A IN E . O RO G R A PHIE . HYD R O G R A PHIE
semble de la chaîne. Citons simplement pour exemples
le coude du Rhône àMartigny; celui du Rhin, de Coire au
lac de Constance; le détour de VAdda qui délaisse la
Valteline pour fuir vers le Pô par la cluse du lac de
Còme ; enfin celui de Vlnn, de la Salja qui après avoir
coulé de l’O.-S.-O. — E.-N.-E, franchissent les Alpes
bavaroises et autrichiennes au travers d ’une fracture et
vont arroser les plaines qui s’étendent au nord des
Alpes. Cette disposition hydrographique est assez générale
pour être caractéristique. Pour en finir avec ce
genre de considérations, nous ajouterons q u ’en laissant
de côté le Rhône et le Rhin on voit que tous ces cours
d’eau, une fois échappés des cassures transversales N.-S.,
se laissent entraîner à l’est par la pente des bassins du
Danube et du Pô dont ils sont tributaires. Il en est de
même du Tessin, de VOglio, de VAdige, etc. Le Rhône
et le Rhin se déversent, le premier dans la Méditerranée,
le second dans la mer du Nord, en fuyant le massif du
Saint-Gothard qui est le point central de dispersion des
fleuves de l’Europe. Parfois les cluses transversales
atteignent, près de leurs débouchés, une grande profondeur
et servent alors de lits à des rivières qui s’épanouissent
en lacs superbes, tels le Tessin et le lac Majeur;
f Adda et le lac de Còme ; l’Oglio et le la cd ’Iseo ; le Mincio
et le lac de Garde. Les grands lacs, enfermés dans les
immenses et pittoresques parois qui les sertissent comme
des diamants, brillent parmi les plus belles parures des
Alpes.
Le massif du Saint-Gothard io n u t une protubérance de
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