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ment on elle est présentée au fil, attire indifféremment
ce fil, quelle que soit l’espèce d’électricité
qui le sollicite ( voyez le n°. 6) ; de manière que,
dans les. deux cas, l’effet de cette attraction s’ajoute
à celui du centre d’action qui agit sur le fil par
une électricité contraire à la sienne.
io. Lorsqu’on veut faire chauffer une tourmaline
, on peut l’assujettir par le milieu, entre les
branches, d’une petite pince à v is , adaptée à un
manche de bois. On l’approchera, par ce moyen,
soit d’un charbon ardent, soit d’une bougie allumée
$ en variant sa position, pour lui faire prendre
par tout une chaleur égale, ou bien on la tiendra
plongée dans l’eau chaude pendant une ou deux
minutes. On peut laisser la pierre entre les branches
de la petite pince, pour la présenter aux
différens corps que l’on mettra en prise à son action.
Cependant si l’on veut qu’elle conserve plus
long-temps son électricité, on la placera sur un
petit support de verre.
. 1 1 . La tourmaline commence à devenir électrique
, lorsqu’elle est parvenue à une certaine élévation
de température qu’Æpinus place entre le
3oe. et le 80e. ; degré de Réaumur. Si l’on continue
de la chauffer,, il y aura un terme où elle cessera
de’ donner des signes de vertu électrique. - Il arrive
souvent qu’après l’avoir retirée du feu, on est obligé
de la laisser revenir d’elle-même à une température
modérée, pour qu’elle ait de l’action sur les
corps qu’on lui présente (1). Quelquefois elle
continue encore, pendant plusieurs heures, d’attirer
ou de repousser ces corps. .
12. Si l’on casse une tourmaline au moment où
elle manifeste son électricité, chaque fragment, quelque
petit qu’il soit, a ses deux moitiés dans deux états
opposés, comme la tourmaline entière ; ce qui pa-
roît d’abord très-singulier, puisque ce fragment, en
supposant, par exemple, qu’il fût situé à l’une des
extrémités de la pierre encore intacte, n’étoit alors
sollicité que par une seule espèce d’électricité. On
résoud heureusement cette difficulté , à l’aide d’une
hypothèse très - plausible , semblable à celle que
Coulomb a faite par rapport aux corps magnétiques
qui présentent la même singularité, c’est-à-
dire, en considérant chaque molécule intégrante
d’une tourmaline , comme étant elle-même une petite
tourmaline pourvue de ses deux pôles. Il en ré(
x) Il paroit qu’au-delà du terme où l’action électrique
'de là tourmaline devient nulle , par l’effet d’une trop grande
chaleur, il y en a un autre où ses effets recommencent à
avoir lieu , mais en sens inverse. J’ai fait tomber les foyers
de deux lentilles sur les extrémités d’une tourmaline, et j’ai
observé que chaque pôle , après avoir acquis son électricité
ordinaire , cessoit ensuite d’agir , et enfin passoit à l’état
opposé. J’ai tenté, à l’aide du même procédé, d’autres
expériences , dont les résultats m’ont paru dignes d’attention
, mais auxquelles le temps ne m’a pas permis de mettre
la dernière main..