■ ? 8 aVoir fait une Perte sensible, et repasse à
1 instant de l’état d’incandescence à sa blancheur
naturelle. Cependant il éprouve toujours , dans
ce cas> une petite diminution de poids, ainsi
qu’il résulte des expériences faites devant la Société
royale de Londres ( i). Cette faculté de résister
au pouvoir d’un agent qui détruit si facilement
le lin , la soie et les autres matières végétales
filamenteuses auxquelles l’asbeste ressemble
à l’extérieur, est le fondement de toutes les
merveilles que l’on a prêtées à cette substance. On
l’a regardée comme une espèce de lin incombustible,
produit par une plante des Indes; et Pline ,
toujours ingénieux à chercher des analogies dans
la nature , pour donner de l’apparence à des faits
quelle désavoue, ajoute que l’asbeste, né dans
un climat desséché par le soleil et que les pluies
narrosent point, s’accoutume à vivre au milieu
des ardeurs du feu : assuescit vivere ardendo (2).
3. Les anciens filoient l’asbeste et en faisoient
des nappes , des serviettes , des ( coiffes , etc.
Quand ces pièces étoient sales, on les jetoit au
le u , et on les retiroit plus blanches que si elles
ayoient été lavees. Dans les pompés funèbres des
rois, on enveloppoit les cadavres avec des toiles
(1) Chambers , diction, encyd. au mot lin incombustible.
(2) Hist. nat., 1. XXIX , c. 1.
d’asbest’e , avant de les brûler, pour en obtenir
séparément les cendres (1). On conserve à Rome,
dans la bibliothèque du Vatican, un suaire d’as-
beste, que le Cit. Dolomieu y a v u , et qui renferme
des cendres et des ossemens à demi-brulés ,
avec lesquels il a été trouvé dans un sarcophage.
Au reste, ce que les anciens racontent des tissus
d’asbeste qui servoient pour les usages ordinaires,
semble supposer qu’on avoit alors un procédé plus
parfait que celui qui a été imaginé dans les temps
modernes, pour la fabrication de ces sortes d ouvrages;
car on n ’est parvenu à filer l’asbeste, quen
réunissant des fils de lin ou de chanvre à ceux
de cette pierre. On faisoit ensuite disparoître ces
substances étrangères , en jetant l’ouvrage au feu.
Mais il n’en résultoit qu’une espèce de canevas ,
dont Je tissu lâche et grossier laissoit apercevoir
qu’on avoit forcé la pierre de prendre la forme
d’une toile. Il y a cependant quelques ouvrages modernes
du même genre, entre autres ceux dont le
Cit. Macquart a rapporté des échantillons de Sibérie
i, qui soutiennent mieux la comparaison avec
les toiles ordinaires.
4. Les tentatives que l’on a faites pour imiter,
avec fasbeste , le papier à écrire, ont eu plus de
succès ; et comme on employoit 1 encre commune
pour tracer les caractères , on pouvoit les fane
(i)-Hist. nat., 1. XIX, c. 1.