ou terre corindonienne. Mais quoique des expériences
ultérieures lui ayent appris que cette terre
n étoit autre chose que l’alumine , le corindon
sembloit avoir des caractères si particuliers , que
l'on a continué généralement de le regarder comme
une substance distinguée de toutes les autres.
En me conformant encore aujourd’hui à l’opinion
reçue , je ne dois point passer sous silence
les rapports intimes que diverses observations successives
, dont les plus récentes coïncident presque
avec le moment où j’écris , me paroissent indiquer
entre le corindon et la télésie. Je vais reprendre
les choses de plus haut, en exposant les
faits dans l’ordre où ils se sont présentés.
Il y a environ deux ans , qu’une observation
faite par le Cit. Brochant, ingénieur des mines,
me mit sur la voie , pour reconnoître l’identité
de certains cristaux venus de Ceilan , avec ceux
qui appartiennent au corindon de Bengale et de la
Chine (i). Ce naturaliste, à qui je faisois voir dif-
ferens échantillons de minéraux, que j’avois mis
en réserve pour les examiner pins attentivement,
distingua, parmi eu x , un cristal d’un rouge de
rubis, en prisme hexaèdre régulier. Il le prit, et
en le faisant mouvoir à la lumière, il y aperçut
des indices de joints naturels, à l’endroit de trois
( i) Mémoires de la société d’hist. m , de Paris, prairial,
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angles solides autour de chaque base, qui alter-
noient entre eu x , et avec ceux de la base opposée.
Il se rappela que le corindon prismatique avoit
ses joints disposés de la même manière, et présuma
que le cristal qui étoit entre ses mains, pour-
roit bien appartenir à cette substance. Je jugeai
sa conjecture si plausible, que je m’empressai de
la vérifier. Le cristal dont il s’agit m’avoit été
cédé par, le Cit. Launoy, qui l’avoit acquis en
Espagne, avec des spinelles et diverses autres
pierres de Ceilan. Je retrouvai chez ce minéralogiste
plusieurs cristaux de la même substance,
dont les uns m’offrirent la forme du corindon bis-alterne
, et les autres, celle du corindon uniter-
naire , avec des angles qui me parurent être les
mêmes que sur ces variétés. Je brisai l’un des
cristaux , et les positions des joints naturels qui
étoient d’une grande netteté, indiquèrent un rhomboïde
semblable, au noyau du corindon ordinaire.
Je trouvai aussi que ces cristaux avoient une
grande dureté et rayoient fortement le quartz.
D’après ces résultats, je ne doutai plus que les
cristaux de Ceilan ne fussent de véritables corindons.
Je dirai même que Ces cristaux ne sont
pas tres-rares, et j’en ai depuis retrouvé de semblables
chez différens lapidaires, où iis étoient
meles avec des spinelles. Ces cristaux étant d’un
petit volume , il n’est pas étofinant qu’ils ayent
échappé plus d’une fois à l’attention des natura