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en combustion. Stahl substitua à tous ces soufres
un principe inflammable^ identique dans tous les
corps combustibles * auquel il donna le nom de
phlogistique, et qui existoit de même dans le soufre,
où il étoit combiné avec l’acide sulfurique. Il parut
même avoir démontré, par la synthèse, qu’il
avoit découvert la vraie nature du soufre. Il étoit
réservé à la chimie moderne de faire voir que le
soufre étoit un corps simple , et que cet acide vi-
triolique, que l’on regardoit comme un des principes
de cette substance , résultoit, au contraire, de
la combinaison du soufre lui-même «avec l’oxygène.
8. L ’acquisition que j’avois faite de quelques
morceaux de soufre transparent, me suggéra l’idée
de les tailler et de les polir, pour observer la
réfraction de cette substance. Je reconnus que
cette réfraction étoit double , et qu’elle produisoit
même un écartement considérable entre les, images
, qui de plus paroissoient fortement irisées.
Ayant placé sur un papier marqué d’une ligne
d’encre, un morceau de la même substance, qui
avoit deux faces opposées sensiblement parallèles,
à mesure que je le faisois tourner, je voyois les
deux images s’écarter ou se rapprocher ; et il y
avoit un terme où elles se confondoient, excepté
à leurs extrémités, comme cela a lieu avec un
rhomboïde de chaux carbonatée. On concevra la
raison de cette duplication des images y à travers
deux faces parallèles, si l’on fait attention que
l’octaèdre primitif du soufre dérive d’un parallé-
ïipipède obliquangle, en sorte que le soufre se
rapproche à cet égard de la chaux carbonatée.
Mais les morceaux de soufre avec lesquels j’opé-
rois n’ayant point de joints naturels sensibles, je
n’ai pu déterminer l’analogie qui doit exister entre
leur structure et le sens dans lequel se fait l’écar-
tement des images.
g. Ici se présentoit un autre sujet de recherches
plus propre encore à exciter l’attention du minéralogiste
physicien. Il résultoit des découvertes de
Newton sur les rapports entre les puissances ré-
fractives et les densités des divers corps naturels ( i ) ,
que le soufre, qui étoit une substance éminemment
combustible , devoit avoir une puissance ré-
fractive beaucoup plus grande à proportion que
ne l’indiquoit sa densité, laquelle n’est guère que
le double de celle de Feau. Je cherchai, en. conséquence,
à déterminer la quantité de la réfraction
ordinaire du soufre, et à l’aide d’un moyen très-
simple (2) , je reconnus que le rapport entre le
sinus d’incidence et celui de réfraction., au
passage de l’air dans la même substance, étoit uii
peu plus petit que celui de 2 à 1. Je déterminai
ensuite , par le calcul, la puissance réfractive que
le soufre devoit avoir, en conséquence de sa den(
1) Voyez l’article diamant.
{2) Ce moyen a été exposé dans la part. géom., t. I I , p. 106.