les pêcher avec de petits filets (i). On en trouve
aussi en Allemagne, en France et ailleurs, disposé
par petites masses sous le sable, ou dans
l’argile, ou entre des lits de matières pyriteuses,
ou parmi des mines dé houille (2).
2. Les anciens poètes, et mêmes les philosophes,
ont exercé leur imagination sur l’origine et sur les
propriétés du succin , qu’ils appeloient électrum,
peut-être à cause de la ressemblance de sa couleur
avec un alliage d’or et d’argent qui portoit ce
même nom. Les poètes fèignoient que les soeurs
de Phaèton ayant été changées en peupliers, lorsqu’elles
déploroient la mort de leur frère, ces arbres
avoient continué de répandre, chaque année ,
des larmes dorées qui étoient autant de gouttes de
succin (3). D ’une autre part, les philosophes avoient
remarqué la propriété qu’a le succin d’attirer des
brins de paille et autres corps légers, lorsqu’on
l’avoit frotté ; et Thalés étoit si frappé de cette
propriété, qu’il s’imaginoit que le succin avoit une
ame (4). Pline paroît entrer dans cette idée, lorsqu’il
dit que le succin est animé par la chaleur ,
accepta caloris anima,, pour exprimer la vertu
attractive que le frottement communique à cette
(1) Boece de Boot, de lap. ac gemin. , lib. II, cap. i 5g.
(2) De Born , t. I I , p. go.
(3) Pline , hist. nat. , 1. X X X II , ch. 2.
(4) Priestley , hist, de l’électr. , t. I , p. 2.
substance (1), On a retrouvé depuis la même propriété
dans une multitude d’autres corps, où elle
a développé bien d’autres merveilles , ce qui a
produit une des plus belles branches de la physique
, que l’on a nommée électricité, du nom de
la substance qui en avoit offert l’origine. Le mot
Icarabé, qui est tiré de la langue persane, fait allusion
à la même vertu, et signifie tire-paille (2).
L ’opinion la plus généralement répandue aujourd’hui
parmi les naturalistes sur l’origine du
succin, est que cette substance provient d’un suc
résineux qui a coulé d’un arbre, et qui, enfoui
dans la terre, par l’effet de quelque bouleversement
, s’est imprégné de vapeurs minérales et salines
, et a pris, avec le temps, de la consistance (3).
4. Quoique Wallerius paroisse persuadé qu’il
existe naturellement du succin de différentes couleurs,
rouge, violette, verte, etc., il convient qu’il
y a des hommes qui ont trouvé le secret de communiquer
ces mêmes couleurs au succin ordinaire,
pour lui donner de la ressemblance avec les gemmes
, et le rendre plus propre à être employé
comme ornement (4)*
(1) Hist, nat. , 1. X X X Y I I , ch. 3.
(2) Lemery, diction. , p. 4^4'
(3) Fourcroy , élém. d hist. nat. et de chim., ¿dit. 1789 ,
t. III , p. 443.
(4) T. I I , p. 10g.