leurs lames composantes deviennent sensibles par
une espèce de chatoyement plus ou moins v if, ce
qui ne peut avoir lieu sans que ces mêmes bords
ne soient lisses et polis. Or, ce sont ces petites portions
de surfaces planes que le frottement électrise
à la manière des corps appelés vitreux, qui présentent
le poli de la nature ou celui de l’art.
6. La lumière, en pénétrant les diamans par les
facettes diversement inclinées que le travail du
lapidaire y a fait naître, subit une forte décomposition,
à laquelle est jointe une dispersion considérable
( i) ; et ces rayons décomposés , rencontrant
la surface inférieure où ils se réfléchissent,
s’élancent au dehors sous un aspect irisé. Les facettes
sont en même temps très - éclatantes, parce
que les substances qui réfractent le plus fortement
la lumière, sont aussi celles où il y a un plus grand
nombre de rayons réfléchis au contact de l’air et
du milieu réfringent (2).
Ainsi les mêmes qualités qui tiennent, à la nature
toute particulière du diamant, semblent en-
(1) On appelle ainsi la quantité de la dilatation que subit
un faisceau de lumière , en traversant un prisme. L’expérience
prouve qu’elle ne suit pas le rapport des densités.
Le Cit. Rochon a trouvé que la dispersion du diamant étoit
à celle du quartz transparent à peu près comme îgz à 8a,
ce qui s’éloigne peu du rapport de 7 à 3. Mém. sur la mécanique
et la physique ; Paris , 1783 , p. 3ig.
(2) Newton , optice lucis , lib, I I , pars 3 , prop. 1.
corô
core le distinguer des corps connus sous le nom de
gemmes. Le rubis , la topaze , l’émeraude , n’ont
qu’un même ton de couleur, qui est fondu dans
leur substance. Le diamant, ordinairement limpide
et sans mélange d’aucun, principe colorant qui lui
. soit propre, éblouit l’oeil par des effets de lumière
inattendus. C’est comme un faisceau de petits prismes
où les rayons , en se repliant, développent les
teintes infiniment variées qui embellissent leurs
reflets étincelans, et q u i, mobiles avec le diamant
lui-même, se jouent de mille manières par des
nuances fugitives et toujours renaissantes.
7* La taille qui favorise tous ces jeux de lumière
est, en quelque sorte, l’ouvrage.des diamans
mêmes. Car comme il n’y a dans la nature aucune
substance aussi dure que celle-ci, on est obligé de
la travailler à l’aide de sa propre poussière. Avant
le seizième siècle, on employoit les diamans tels
qu’ils étoient sortis du' sein de la terre , en les disposant
de manière qu’ils présentassent en avant
un de leurs angles solides. Dans cet état, ils étoient
plutôt un surcroît de richesse qu’un ornement pour
les vases et autres objets sur lesquels on les àppli-
quoit; et l’on peut dire qu’à cette époque, aucun
amateur de pierreries n’avoit encore vu le diamant.
En I4&6, un jéune homme, nommé Louis de Ber-,
quen, né à Bruges, imagina de frotter deux diamans
1 un contre l’autre pour les polir, ce qui s’appelle
égriser. Il s’aperçut qu’effectivement il s’v
T om e III. y