aujourd’hui que le platine constitue une espèce
particulière de métal, distinguée de toutes les
autres.
6. Les grains de platine exposés pendant plusieurs
jours au feu de verrerie , ne s’v fondent pas ;
seulement ils se ramollissent un peu, et contractent
une foible adhérence. Ces mêmes grains, exposés
à la chaleur d’un miroir ardent, ou à celle
de la flamme animée par l’air v ita l, se fondent
très-bien, et paroissent, après leur fusion, aussi
ductiles que l’or et l’argent (i). Mais à l’aide de
ces procédés, on ne pouvoit obtenir qu’un petit
bouton de platine, et il étoit important de se procurer
cette substance en masses assez considérables,
pour être employée à différens usages, comme les
» autres substances métalliques. C’est vers ce but
que les chimistes ont dirigé leurs efforts. Ne pouvant
fondre immédiatement une assez grande quantité
de platine pour former un lingot, ils ont essayé
de l’allier avec quelqu’autre substance, qui en fà-
vorisât la fusion, et dont on pût ensuite le débarrasser.
Une des substances additionnelles qui ait le
mieux réussi, est l’arsenic. Il rend le platine très-
fusible , et on l’enlève ensuite par le grillage. Mais
ce procédé, qui a été le plus généralement suivi,
• expose l’artiste à des vapeurs dont les dangers ne
sont malheureusement que trop connus.
( i) Fourc., élém. cle miner, et de chimie , t. I I I , p. 4IZPelletier
a fondu le platine, en y ajoutant du
verre phosphorique/et du charbon ( i ) , puis en
exposant le phosphure de platine à une chaleur
capable de volatiliser le phosphore. Mais la difficulté
étoit d’arracher au platine un reste de ce
combustible , qui y tenoit fortement, et le rendoit
aigre. Pelletier a annoncé qu’il y étoit parvenu, en
plongeant le platine rouge dans du soûfre fondu,
et il ne doutoit pas que l’on réussît de même, par
d’autres moyens.
y. On a fabriqué avec le platine traite par 1 arsenic,
des tabatières et autres vases, qui ont un
poli parfait et un éclat très-vif. On s en est servi
avantageusement pour faire de petits creusets et
des cuillers destinés à des opérations chimiques.
C’est avec ce même métal, si peu susceptible de
se dilater ou de se contracter par les variations
de la température, qu’ont été fabriquées les règles
employées pour mesurer la base de la chaîne de
triangles d’où l’on a déduit la valeur de l’arc du
méridien qui traverse la France, et par suite, la
distance de l’équateur au pôle boréal, o u i unité
naturelle des mesures linéaires.
Enfin, le platine a très - bien réussi entre les
mains de plusieurs artistes , et en particulier du
Cit. Carrochès, pour la construction des miroirs
, de télescope à réflection. On avoit rejeté ceux de
(1) Mém. et observ. de chimie , t. I , p. 267»