toient que des pointes de cristaux saillantes au-
dessus de leur gangue. Ainsi, une vue nette des
objets bien prononcés, semble donner des yeux
pour reconnoître ensuite la même forme, sous dès
traits qui ne sont qu’ébauchés.
Lorsque les cristaux dont il s’agit sont engagés
, en grande partie , dans leur gangue , de manière
qu’il n’y a que leur base supérieure et les
trois faces obliques adjacentes qui soient à découvert
, on seroit tenté de les prendre pour une
pyramide triangulaire tronquée au sommet. Ne
seroit-ce pas une observation de ce genre qui au-
roit suggéré à Romé de Lisle l’idée de rapporter
à cette forme la cristallisation du mercure sulfuré
, en supposant dans la partie inférieure une
seconde pyramide , dont les plans répondissent à
ceux de la première , au lieu que sur les cristaux
complets que j’ai observés, les plans des deux py-.
ramides alternoient entre eux? Quelques morceaux,
où les trois faces verticales M les plus élevées
se montroienL sur la partie saillante, auront pu
donner lieu au même savant de concevoir un
prisme triangulaire compris entre les deux pyramides.
A l’égard de l’octaèdre régulier cité par de Born,
cette forme est possible dans le mercure sulfuré, en
J2L "ià• ô 22 f 12.0
vertu des décroissemens exprimés par B b c C P;
et si l’on suppose une forme représentée par
B b p P°, on aura le tétraèdre régulier annoncé
par Pelletier. Mais ici les décroissemens n’auroient
pas lieu de la même manière sur des parties du
noyau semblablement situées, ce qui est une exception
très-rare aux résultats de la cristallisation.
Au reste, je ne puis dire si ces formes ont une existence
réelle, ou si l’on n’en a pas encore puisé l’idée
dans certains aspects de notre seconde variété. Il
me suffit d’en avoir démontré la possibilité.
Je terminerai ces réflexions, en remarquant que
le cube et l’octaèdre régulier dérivent ici d’une
forme de molécule , dont aucune autre,, espèce de
minéral n’avoit jusqu’ici offert d’exemple, en pareil
cas , je veux dire le prisme triangulaire équilatéral
; et c’est une nouvelle preuve . de la fécondité
des lois auxquelles est soumise la structure
des cristaux.
3. Les anciens qui connoissoient le cinabre, s’en
servoient dans la peinture ; et parce que sa couleur
le rend propre à offrir l’emblème de la fureur martiale
et du carnage, les triomphateurs, à Rome, s’en
frottoient le corps , comme fit le dictateur Camille
(i). On emploie, aujourd’hui le cinabre naturel,
pour en extraire le mercure qu’il contient;
et le cinabre que l’on fait artificiellement, et qui
est communément en masses striées, fournit le
( i) Plin., hist. nat., 1, XXXIII, cap. 7.