On remarque quelquefois, dans fintérieur du
succin, des insectes très-bien conservés et très-re-
eonnoissables, qui prouvent que ce bitume a été
originairement liquide. Mais on a prétendu qu’il
y avoit aussi des gens qui possédoient l’art de
ramollir le succin, sans lui faire perdre sa transparence,
de manière à pouvoir y introduire des
insectes, sans les déformer.
5. Plusieurs naturalistes ont distingué deux espèces
de succin, l’une plus dure, et qui est celle
que nous décrivons dans cet article, l’autre plus
tendre , qu’ils nomment succin copal. Wallerius
dit que celui-ci se trouve enseveli sous le sable,
dans la province de Benin, en Guinée ( i ). M.
Kirwan présume que c’est le suc concret d’un
arbre nommé, par Linnæus, rhus copalinum (2).
Cette même substance seroit alors l’espèce de résine
à laquelle on donne communément, parmi
nous, le nom de copal, et qui diffère de celle
qu’on appelle copal vrai ou animé oriental (3).
Quoi qu’il en soit, j’ai suivi l’opinion des minéralogistes
, qui pensent que le copal doit rester dans
le règne végétal, comme ayant conservé trop vi-
( 1 ) T . I I , p . 1 0 9 .
(2) Elements of mineralogy, t. I I , p. 65.
(3) Y oyez l’Encyclop. méthodique , médecine , aux mots
animé et copal.
siblement l’empreinte de son origine, pour être associé
aux minéraux.
On peut employer le moyen suivant, pour distinguer
le copal du succin, auquel il ressemble
quelquefois parfaitement à l’extérieur. Si après
avoir fait chauffer la pointe d’un couteau, on
l’enfonce dans un fragment de succin, jusqu’à ce
qu’il y ait adhérence, et qu’ensuite on allume ce
fragment , on observe qu’il produit une flamme
mamelonée et bruissante, et que de plus il brûle
jusqu’à la fin sans couler (1). Le copal, dans le
même cas, brûle en tombant par gouttes. Si le
fragment de succin vient à se détacher , avant que
la combustion soit achevée, on le voit courir en
bondissant sur le plan où il est tombé.
6. Le succin fournit , par la distillation, une
huile qui se rapproche du naphte où du pétrole ,
suivant le degré de chaleur et la durée de l’opération.
On fait souvent passer cette huile pour un
bitume liquide naturel.
Le succin entre dans la composition de différens
vernis, entre autres de celui qu’on appelle communément
vernis anglais , et que l’on applique
sur les instrumens de physique faits en cuivre,
pour leur conserver leur poli et leur lustre.
On tra vaille le succin, soit en le taillant, à la
' manière des pierres, soit en le mettant sur le tour.
(1) Ceci suppose que le succin soit homogène.