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étais de. les faire-venir dans de petites rigoles jusque-^biîs
les tables où l’on mangeait, et ded.es voir inourir dans d^ss
vases de verre j ' pour observer tons dès! changemens que
leurs brillantes couleurs éprouvaient pendant leuû'àgonie.1
Cicéron déplore tristement, dans .une 'dexsesf:lettres'à
AtticUs, rinertie -jjui pouvait inspirer'aux triches.- Romains
des goûts si puériles. -.
Cum nostri principes d ig itô s e ccelum putant aitingere
si mulU barbati in piscinis surit, qui a d manum'accédant :
alia autem negligant.2 r
•Et l’on peut croire qu’il songeait particulièrement à
Hortensius, lorsqu’il, dit ailleurs^ ’ j
Rëviviscat M, Curius — et 'videat aliquem summis
populi benejiciis usum/ barbatulos muiluîos exceptan-
tem de piscina e t pèrtràctantem.3
Sénetpie en fait aussi l’objet de longues déclamations à
une époque où cet amusement aurait dù lui sembler bien
innôcent au milieu des'autres aberrations d’un peuple
blasé Sur toutes les- jouissances? x
« Les poissons nagent .sous les lits mêmesidèéxcon-vives,;
« nësfïîoùs la table qu’ondesprénd, afin
« tôt dessus : un mulle ne parait pas frais s’# ne^tfteurtdans
« les mains des «convives. On lés exposera la vue; dans- dés
« vases de verre 5 on observe les différentes eouléùrs ^ar
« lesquelles une agonie lente et douloureuse les- fait-pasiser
« successivement.4 S
1. M u llum exspirantem versicolori quadam et numerosa varietale spectari proceres
gulce n a rran t, rubenlium squammarum multiplici mutations pallesceniem, ’Utique. s i
v itro speçtatur mclusus. (Eïine, 1. BÇ,
. 2. A d A ttic., 1. Ü, ep.yi. — %.Farad, ad B ru t., ç. 5.— 4. Quest.- pat., 1. III,
p; 1 7 ( traduction de Lagrange Ax
B j ^ g Rmu de* plus beau, dit-on, qu’un mulle expirant.
« jLes efforts qâ’il faife*:eontre la mort répandent sur tout
ie/son corp&le r#ùge)le plus) éclatant, qui se termine par
« unes»âlèur:gén^ralé: mais-dans le passée de la vie à la
«■ molutty, par combien de nuances agréables, ces deux côu-
« leurs,ne (Sùùi,élangent-elles pas ! ”
« On^disaiîttautrefois : Rien de meilleur qu’un mulle
,< pris, entre, les, roches.? .On dit aujourd’hui : Rien de plus
« beau qu’un mulle expirant. Passez-moi ce vase de-verre,
« que je de v oie bondir , que je le voie tressaillir. Après
« avoir fong=teuip§ loué avec extase-,- on le tire de ce vivier
« transparent. Alors les plus experts instruisent les autres.
rouge de; feu, qdusvif qfto f | plus beau vermil-
Jjflf©® ; voyez ces yeines qjii s’enflent. On dirait que son
« Ventre esùide.-sang. Avez-vous remarqué cet éclat d’azur
« qu,éîviennent de réfléchir ses ouïes?-etc. *
iCe-n’.était pas, au restée seulement pour le plaisir des
yenH& qu’èn .voulait.avoir le mulle yivant;-celait aussi pour
manger plus frais! xSéneque lui-même le fait entendre.
ü diligence était extrême; o n b â t a i t dé.fciré place
«uaux chassèTmarée hors, d’haleine et .enroués à force de
«.^opieix, i
«• Aujourd’hui le.poisson est déjà rance; fut-il pêché
K du jour même,? -^Maiç'il a..-été peche dans le moment.
K — Je ne veux pas m’en rapporter à vous sur une affaire
de cette- importance; je n’en croirai que mes yeux. Quon
« me l’appoïte; qu’il meure devant moi.1 *
Cette, précaution était en quelque sorte devenue nécessaire,
depuis qu’Apicius avait, enseigné à faire mourir le
1 . Quest, m t., 1. III, c. 18 (traduction de Lagrange).