Le cidre qu'on tire des pommes est une boisson agréable et saine pour
les estomacs qui ne sont pas pituiteux ni glaireux; celui des pommes
douces est plus délicat que celui qu'on fait avec des pommes Scres, mais
il ne se garde pas si long-tems. On peut faire nn cidre moyen en mélangeant
les deux sortes : le meilleur cidre se conserve trois ou quatre ans.
Voici comme on le prépare : Les pommes étant cueillies après la nnoetobre,
on les laisse en las dans le verger jusqu'aux gelées; elles suent
et aclièvent ainsi de mûrir; et quoiqu'il s'en trouve la moitié de pourries
quand on les porte à la meule ou au pressoir, le cidre n'en vaut pas
moins. On le gouverne du reste comme du vin, en le laissant bouillir dans
le tonneau, avec le soin de le remplir jusqu'à ce qu'il soit clair; après quoi
on le bouche. Q uelques personnes font leur cidre dans le tems des vendanges ;
et quand le vin est fait et tiré de la cuve, elles jettent leur cidre sur le marc,
avec lequel ils le laissent bouillir de nouveau et prendre couleur pendant
quelques jours: elles le tirent ensuite aussi coloré que le vin même; ce
qui fait une boisson légère qu'on peut boire sans eau, qui passe bien,
n'est pas désagréable , et est encore plus saine que le (-idre pur ; elle
est d'une grande ressource pour les domestiques des maisons de labour,
dans les cantons où il y a peu de vin. Le mare des ponnnes .sert d'aliment
aux poules pendant l'iiiver; les vaclies mêmes en mangent quelquefois.
On fait le même usage du bois de pommier que de celui du poirier;
il est un peu moins dur, et la couleur est plus blanche et moins
agréable : cependant les menuisiers, les tourneurs, les graveurs en bois,
les layetiers, le recherchent également ; les charpentiers l'emploient pour
faire de menues pièces de moulin. Le bois du pommier franc est le
meilleur; il est aussi fort bon à brûler.