TRAITÉ DES ARBRES FRUITIERS.
Les fruits uiiliissent sous le climat de Paris en octobre et novembre.
Tout le monde connoît leur enveloppe épineuse. Quand l'automne est
beau, elle s'ouvre sur l ' a r b r e , et laisse tomber les deux ou trois eliitaignes
qu'elle C0nti6nt; mais dans les mauvaises années clic ne s'ou\Te
pas toujours, et elle tombe souvent elle-même avant que les châtaignes
en soient sorties. A u reste, comme ces châtaignes ne sont que l'apanage
des bétes fauves ou des enfans, les uns et les autres savent fort bien
en o n m r les cellules, quoique armées d'épines, et en tirer ce qu'elles
renferment.
Comme aux environs de Paris le châtaignier ne fleurit que le 1 2 ou
i 5 j u i l l e t , et que son fruit n'y mûrit qu'ù la mi-octobre et souvent plus
t a r d , il doit être bien difficile aux châtaignes de la Seanie, pays situé
à 8 degrés pins au nord que le nôtre, de mûrir parfaitement chaque
année, ainsi qu'on l'assure.
Depuis long-tcms on greffe les grosses variétés de châtaigne, dites
Marrons tk Lyon, sur les châtaigniers comnnins ou à petits fruits,
aux environs de Paris, et cependant nous n'avons pas encore remarqué
qu'on en ait obtenu d'assez gros fruits pour mériter le nom de Marrons:
ces fruits sont au plus de moyenne grosseur et ne constituent que d'assez
belles châtaignes; c'est sans doute le climat qui s'oppose à ce qu'on
obtienne davantage. L'entrepôt de ces châtaigties assez belles, est .'i
Limours, ville située à 7 lieues ouest de Paris, comme Lyon l'est pour
les marrons.
On a vu dans l'article précédent, extrait de l'ouvrage du savant professeur
Desfontaines, que le bois du cliâtaignicr avoit beaucoup de rapport
avec celui du hêtre, par sa qualité, son grain et sa c o u l e u r ; mais
nous ajouterons ici que cette ressemblance ne se soutient pas longtems
: après cinquante ou soi-iante ans de végétation, le bois du châtaignier
se trouve de beaucoup inférieur à celui d'un chêne de même
agc, parce que ses couches lij ^ncnses ne sont pas aussi bien souciées
enu-e elles que celles du chêne, et qu'elles s'exfolient aisément. Cette
observadon a porté les savaus à e.tamiuer de plus près la charpente
d'un très-ancien bâtiment de Paris, qu'on croyoit être Ihit de bois de
châtaignier, et on a reconnu qu'on s'étoit trompé; cette charpente étoit
en chêne blanc. C'est à cause do cette exfoliation qu'il y a très-peu de
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