T R A I T É DES A R B R E S F R U I T I E R S.
Le fruiiest une noixovale(i), bivalve, osseuse, recouverte d'une enveloppe
charnue appelée bmu) celle noix est divisée iniériem-ement, à la
base, en (juatre demi-loges par des cloisons membraneuses, ei coniient
une grande amande sinueuse, à quatre lobes, et à radicule supérieure.
H I S T O I R E , U S A G E S ET C U L T U R E.
Au rapport de Pline, le noyer ordinaire est originaire de Perse, d'où
il a passé en Grèce, de Grèce en Italie, et enfin dans une très-grande
partie de l'Europe où il s'est naturalise et a produit plusieiu's variétés.
Rozier, dans son Traité d'agriculture, à l'article Noix^ décrit longuement
1 éducation du noyer, discute à fond les avantages et les incouvëniens
de sa culture, elle considère enfin sous tous les rapports possibles.
Nous emprunterons de cet ouvrage la substance des faits qui peuvent
entrer dans noire cadre beaucoup plus étroit que celui de Rozier, et nous
renvoyons au même auteur ceux qui voudront de plus grands détails
sui- le noyer.
La grosseui- du tronc de cet arbre. la vaste étendue de ses branches,
l'ombre considérable qu'il porte, l'odeur forte de ses feuilles, le grand
nombre d'années qu'il faut attendre pom- jouir de ses fruits, sont des
raisons suffisantes pour autoriser son exclusion des jardins et des vergers.
Nous croyons même qu'il seroit absm-de de le cultiver par spéculation
lucrative dans un lerrein susceptible de toute auu-e culture. II n'y a
personne qui n'ait été frappé du tort considérable qu'il porte aux graines
céréales de son voisinage. Sa téte altière et superbe, ses racines longues
et nombreuses ne permettent pas môme aux arbres domestiques do
croître auprès de lui : c'est un être insociable ([u'il faut isoler , ou se
résoudre à le vou* dcvoi'er tout ce qui l'enioure.
Mais lorsqu'on plante un arbre, ce n'est pas toujours dans l'intention
(i) Il pai-oit Irès-difTicile de déiîuir a<
les ont divises en neuf classes, sans
caractères coaniiuiifs de la plupart de <
( le fruit du noyer ) ne seroit pas une ao
: précision les diverses csprres de fruits. Les botanistes
oir pu encûi'c démontrer d'une raimièrc saiislaisQi.tc les
! classes. D'après les définitions de quelques-uns, la noi*
T R A I T É D E S A R B R E S F R U I T I E R S,
de s'enrichir; c'est souvent pour jouir de sa beauté ou de ses fruits, sans
s'embarrasser de ce que doit coûlei' celle jouissance. G est ainsi que
nous cultivons à grands frais, dans un mauvais terrein, des légumes que
nous aurions presque pour rien sur les marchés de la capitale, et que
nous planions des arbres de pur agrément dans le meilleur terrein du
monde. Ne voyons-nous pas tous les jours des arbres nuire sensiblement
à la salubrité d'une maison, en accélérer la ruine par leur trop grande
proximité, e l l e maître s'obstiner à les conserver?
Un côteau pierreux, au couchant, convient parfaitement au nover.
11 végète très-bien dans les lieux bas et humides; mais il y craint trop
les gelées tardives. Les can-efoui's, les lieux vagues, le bord des chemins
où Ion ne cultive pas de graines céréales, les lisières des pâturages
soiit les encb'oits où l'on doit planter les noyers, lorsqu'on les considère
comane <les arbres fruitiers.
La multiplication ordinaire de cet arbre se fait par semis à demexire
et en pépinière. Si le semis à demeure étoit toujours jiraticable, il seroit
infiniment préférable à l'autre, en ce que, par sou moyen, l'arbreconserveroii
son pivot qui le feroit végéter avec vigueur; mais l'enfance d'un
noyer est si longue, et le lieu qu'on lui desline est toujours si éloigné
de l'oeil et de la main du maître, qu'il u'éciiapperoit que par miracle
aux nombreux dangers dont il seroit entouré. L'usage le plus général
est donc d'élever le noyer en pépinière, et de le mettre en place quand
il est assez fort pour pouvoir se défendre; alors la reprise en est trèsdifiicile
; il en mem'L toujours un certain nombre, et les autres languissent
durant quelques années, jusqu'à ce qu'enfin lem-s racines se soient bien
établies; après (juoi ils végètent avec vigueui'. Pour en faciliter la reprise,
et ne pas tant risquer de les voir moiu'ir eu les mettant en place, on
doit les transplanter au moins trois fois dans l'espace de six à huit ans
qu'ils restent en pépinière, pour déU'uire loiu- pivot, et les obliger à pousser
des racines latérales qui en facilitent beaucoup la reprise.
Ce n'est qu'à l'âge de quinze à vingt ans de plantation qu'un noyer
commence à entrer eu rapport. Il paroît être dans sa plus grande croissance
à soi.xante ou quatre-vingts ans, et c'est alors qu'il convient de
l'abattre, pour tirer le plus grand parti possible de son bois.
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