La culture du noisetier se réduit à bien peu de chose aux environs
de Paris. Nous la croyons plus étendue vers l'Espagne et dans nos dcpartemens
méridionaux ; mais nous n'en avons d'autre preuve que l'abondance
de noiseLies qui nous viennent de ces pays.
On ne cultive dans nos jardins, comme arbres fruitiers, que la noisette
franche et l'aveline : les autres espèces y sont considérées comme
des arbres d'agrément. Elles aiment l'exposition du nord^ aussi est-ce
presque toujours le long d'un mur à cette exposition qu'on établit la
Noiselerie. Les jeunes pieds se plantent à i mètre (3 pieds) du mur,
et à environ 8 mètres (24 pieds) les uns des autres ; et pourvu que la
terre soit bien perméable aux racines et d'une moyenne fertilité, ils ne
tardent pas à j)ulluler et à former autant de touffes, dont les liges les
plus vigoureuses s'élèveront à la hauteur de 4 ^ 5 nièlres ( 1 2 à i5 j)ieds),
étendi'ont leur téte en tout sens et donneront du fruit en quantité. On
emploie ordinaii'cment, pour former la noiseterie, des drageons pris au
pied d'anciens noisetiers dont ou connoît l'espèce, ou bien des marcottes
élevées sur des mères dans les pépinières. Mais on peut employer
aussi avec succès des noisettes choisies p r m i celles qui se trouvent dans
le commerce, en les mettant en terre, soit en place, soit en pépinière,
après les avoir stratifiées comme les autres noyaux. Il faut pourtant
observer que les souris, les mulots en sont fort friands, et que, quoique
germées par la stratificadon, ils en enlèveroient encore une bonne partie,
s'ils les trouvoient. M. Forsidi dit : « J'avois une fois semé dans le jardhi
« botanique à Chelsea plusieurs mesures de la grosse noisette de Bar-
« celonne, dans des pots placés dans deux châssis à une distance consi-
« derable l'un de l'autre ; ces noisettes furent toutes enlevées, dans une
« nuit, par les souris. En cherchant autour de l'enveloppe d'un châssis
u où nous avions tenu des plante-s d'orangerie en hiver, je trouvai plus
,( d'une mesure de noisettes dans un tas, que j e resemai immédiate-
„ ment en les cou\Tant d'ardoises, et de ces noisettes j'obtins plusieurs
« belles plantes. »
Quand une lige de noisetier a une quinzaine d'années, elle commence
à perdre de sa vigueur (1) : alors il est bon de la couper rez de terre,
(1) Nous fxcepions le noisetier Je Coaslanlinoplf cl ctlui tlu Levaiu, cjtii fomitiil de
T R A I T É DES A R B R E S FRUITIERS,
pour donner de l'air et de la force à plusieurs scions qui sonl déjà poussés
sur la souche, et qui la remplaccronl avanlageusoment. En rajeunissant
ainsi le noisetier de teins en tems, il vit un trés-giand nombre
d'années.
Les jeunes tiges d'un noisetier sont très-flexibles et propres à divers
ouvrages de vannerie et à fiire de petits cerceaux. Lorsqu'elles sont
grosses, on en fait des tasses, des étuis, des pieux, des fotirches, des claies,
des cerceaux, de bons échalas et du bois de cliauffage. Le cliarbon sert à
faire des crayons, et il entre dans la fabrication de la poudre à canon.
Nous connoi,ssons plusieurs coteaux pierreux plantés en noisetiers, qui
forment taillis, qu'on abat tous les huit ou dix ans pour faire des fagots.
Quand il y avoit des sorciers sur la terre, c'étoit avec une baguette
de noiMtier qu'ils trouvoient le.s mines d'or et d'argent et les métaux
enfoncés ou cachés dans son .sein : ils plaçoient cette baguette horizontalement
en équilibre sur un doigt de la main, et le bout qui sincKnolt
indiquoit le trésor eacitc.
On peut cucilIir à la main les noisettes qti'on vent manger de suite,
mais il liut secouer l'arbre pour faire tomber celles qu'on veut conserver.
L'amande de la noisette est inodore, d'une saveur douce et agréable.
On en relire un suc laiteux, émulsif, et une huile très-douce, enq,lovée
à divers usages mais les noisettes sont plus généralement dcsiinée's .à
être mangées crues aux desserts, comme les amandes, qu'à tout autre
usage.
Le noisetier est un des végétaux les plus en rapport avec nous : il
n'élève point sa téte dans les nues ; ses fruits sont toujours à la portée
de notre main; ses rameaux, légèrement inclinés, fijrment au-dessus
de nos tètes un berceau impénétrable au gi-and j o u r , et où plus d'uiie
bergère, conduile par l'amour et protégée par le mvstère, fit naitre et
ressentit le plus vif désir, reçut les plus tendre carrascs et permit plus
d'uu doux larcin. Kcoulez Virgile ! l'hyllis aime le noi.setier plus que
tous les autres arbres : Eh pourquoi? Parce que c'est sous mi noisetier
que le beau Corjdon lui a juré un amour éternel.