T R A I T É DES A R B R E S F R U I T I E R S.
II seroit bien à desirer que les pépiniéristes des environs de Paris se
missent dans l'usage de greffer les noyers qu'ils élèvent. Ils ont beau
semer telle ou telle noix, ils ne peuvent jamais être certains d'en
recueillir de semblables; car des variétés ne se reproduisent pas constamment
les mêmes de graine. La greffe en flûte et en écusson se
pratique avec succès depuis longtems dans plusieurs départemeus méri-
<lionaux , selon Rozier; et tout invite les cultivateurs des environs de
Paris à introduire cet usage dans les pépinières.
L'hiver de 1709 fit j)érir la majeure partie des noyers en France.
Ceux de lyCj) et 1788 les endommagèrent beaucoup en leur occasionnant
des crevasses longitudinales qui détruisirent une partie de leur
organisation , affoiblirent leur végétation, et altérèrent sensiblement la
qualité du buis.
On sait que le bois de noyer est très-reclierclié et très-cher; qu'il
fom-nit des planches longues, minces, et qu'une fois scc, il a Tavautage
de ne i)lus se toumicnter. Les menuisiers, les carrossiers, les ébénisles,
les sculptem\s, les statuaires font I)€aucoup de cas de ce bois, qui
pourroit difïîcilcnienl être remplacé par un autre bois indigène. Les
nieubles de noyer tiennent le premier rang après ceux d'acajou. CependaiiL,
depuis quelques années, on en voit de très-beaux en merisier
qui n'ont pas, il est vrai, sa solidité, mais dont la couleur rouge et
gaie plait davantage- L'année dernière (1806), nous avons vu à l'exposition
des produits de l'industrie nationale, un superbe secrétaire des-
(iiié pour S. M. l'Empereur, fait de bois d'orme crû en France. Ce
bois avoit les accidens les plus heureux et les plus rares, et rivalisoit
avec le plus riclie acajou.
Les chatons mdles du noyer, séchés à l'ombre et mis en poudre, à
la dose d'environ 4 granunes ( i dragme) dans de l'eau de plantain,
sont reconmiandables pour la dysscnterie5 cependant, dans d'auli'cs cas,
ils sont aussi émétiques et sudorifi({ues.
On fait usage de l'huile de noix dans la médecine, dans les alimens
et dans les arls: sa propriété sécative la fait employer en peinture,
en place d'huile de pavot qui tient le premier rang} elle est aussi
estimée bonne contre les vers et contre la gale qui vient au visage des
enfans.
Les anciens ont reconnu dans la noix une espèce de contre-poison.
Pline rapporte que Mithridate faisoit grand cas d'un antidote composé
de deux figues, deux noix et vingt feuilles de rue, avec un grain de sel.
En Angleterre, les noix rôties, mangées à jeun, sont regardées comme
un préservatif contre le mauvais air.
On fait dans les campagnes un ratafia nommé h-oa de noix, employé
comme stomachique, et dont les bons effets nous sont connus. Telle est
sa composition : l'aites infuser une douzaine de noix vertes un pou
concassées avec leur brou dans un litre d'eau-de-vie ; trois semaines après,
décantez la liqueur et ajoutez-y du sucre.
Tout le monde connoit et mange les cerneaux. Les noix fraîches
sont très-agréables; elles excitent l'appétit dans un bon estomac; mais
les poitrines foibles les craignent. Il est inutile de les défentlre ipand
elles sont vieilles, car alors elles sontrances, provoquent la toux, nuisent
à la gorge, et rebutent quiconque voudroit les manger.