progression, et de saisir dans tous ses détails
l’ensemble de cette vaste science.
Au milieu de cette accumulation de richesses
, de bons esprits conçurent quepour
en jouir avec plus d’avantage, il falloir se diviser
le travail, et que, vouloir t’embrasser
dans toutes ses parties, c’étoit renoncer à des
détails, minutieux en apparence, mais nécessaires
pour la perfection de la science. Gette
idée, une des plus heureuses peut-être qui aient
été produites, donna une marche nouvelle à
l ’étude des plantes. An lieu de se perdre dans
l’immensité d’un travail général, les botanistes
crurent qu’il seroit bien plus utile de
le partager. .En. conséquence, les uns s attachèrent
particuliérement à 1 étude dune famille
; les autres, à la monographie des-genres
nombreux en espèces. Plusieurs de ces
genres avoient été très-négligés ou s’étoienr
accrus d’une manière monstrueuse, en y rapportant
beaucoup d’espèces nouvelles qui n y
convenoient que très-imparfaitement. Il fal-
loit donc une révision scrupuleuse} elle; fur
exécutée pour plusieurs genres. Le succès de
ce travail encouragea les recherches, et 1 on
vit avec surprise de grandes familles, à peine
connues, sortir du chaos dans lequel elles
croient ensevelies, que Linné lui-meme n a-
voit pu qu’indiquer, entraîné ailleurs par
l ’immensité de son travail.
Ce fur particuliérement dans l’étude des
plantes cryptogames , que l ?on reconnut les
avantages de ce nouveau plan. Ces plantes
étoient restées méconnues ou négligées à
cause de leur petitesse et de leur obscurité :
néanmoins la plupart d’entr’elles, placées sur
les limites du règne animal et végétal, dévoient
erre dun grand intérêt aux yeux de
t’observarenc. On ne tarda pas à s’en apper-
cevoir, et l ’on reconnut que la Nature n’é-
toit pas moins admirable dans les productions
qui échappent presqu’à nos sens, que dans
celles qui nous frappent par leur grandeur,
Leur élégance et leur beauté.
Micheli s’éroit occupé avec succès d’un
grand travail sur la famille des champignons.
Depuis lui, Schaeffer, Bokon , Gleditsch et .
plusieurs autres s’é.toient livrés au même travail.
Bulliard, devenu en quelque sorte habitait
rMes bois, le continua avec une grande
activité. Après lui, MM. Paulcr, Todde ,
Hoffman, Bacsch, Decandolle, Palisot de
Beauvois, et surtout Persoon, étendirent de
plus en plus des recherches auxquelles Bulliard
avoir été arraché par une mort prématurée.
Des plantes parasites, qui ne se présentent
sur les feuilles et les tiges des autres
végétaux que comme des taches, des piqûres,
des points presqu’imperceptibles , vinrent
prendre une place provisoire da ns cetté grande
famille, et offrirent aux observateurs des phénomènes
particuliers ; elles furent distribuées ?
comme les autres, en genres er en espèces.
Les mousses ne formoient que trois grands
genres dans les ouvrages de Linné, ec quelques
autres moins nombreux en espèces. Ces
plantes avoient été l’objet du travail de Dil-
len, de Micheli, de Neeker, de Weiss, de
Weber. Soumises à l’examen d’H edwig, elles
prirent un caractère tout différent, quoique
le voile qui cache leur fructification soit encore
bien peu transparent. Aux travaux dé
cet infatigable observateur succédèrent ceux
de MM. Bridel et Palisot de Beauvois. Ce
dernier surtout a présenté sur les mousses
beaucoup d’observations neuves, et. une distribution
particulière qui doit en rendre l ’étude
plus facile.
Nous avions sur les fougères des matériaux
très-étendus, un. excellent ouvrage de
Plumier sur celtes de l’Amérique, accompagné
de belles gravures; mais il nous manqnoir
de bonnes divisions : c’étoit un travail presque
neuf, dont M. Swartz s’est emparé. Nous
lui devons une monographie intéressante sur
cette famille, dans laquelle il a établi beaucoup
de genres nouveaux, d’après des caractères
de fructification qui avoient! échappé
aux premiers observateurs. M. Smith avoit
déjà introduit des réformes très-utiles, dans
cette famille..
I l èn fut de même des lichens , d’abord
réunis paT Linné en un seul genre-'; ils devinrent
depuis le typed’unë nouvel le famille,,
sur laquelle Acharius nous a donné un ouvrage
très-étendu. HoffmanDickson et beaucoup
d’autres ont également contribué à la perfection
de ce travail. $ | jj • *
L ’érude des plantes marines, si difficiles a
•suivre dans les eaux de l’Océan , paroissoient
devoir échapper aux observations : cependant
Oilis, Gmelin, Turner, Draparnaud, Stack-
housé, etc. ont été les chercher jusques dans
leurs retraites, et nous en ont donné de bonnes
descriptions avec figures. MM. Palisot de
Beauvois et Decandolle nous ont fourni des
généralitéssur cette nouvelle famille. M. La-
mouroux a préparé un travail complet, dont il
a déjà fait connoître la disposition et les principaux
genres dans des Mémoires particuliers
ec par la livraison d’un premier fascicule. Ces
essais nous annoncent tout ce que nous pouvons
espérer de cet habile et actif observateur.
Au milieu de ces grands travaux , une des
familles les plus importantes , celle des graminées,
paroissoit presqu oubliée. A la vérité
, on avoir isolément rectifie plusieurs
genres : Koeler, Host et plusieurs autres y ont
fait des changemens avantageux; mais il fai-
loit une réforme générale, des divisions plus
naturelles, un nouvel examen des parties, de
la fructification, enfin une monographie complète.
M. Palisot de Beauvois vient d’entreprendre
ce travail important. Le Mémoire
qu’il a présenté à ce sujet à l’Institut, et les
notes qu’il a bien voulu nous communiquer ,
annoncent que nous ne tarderons pas a jouir
de ses savantes recherches.
Ainsi le zèle actif des botanistes les plus
distingués étendoit de plus en plus les limites
d’une science qui n’en connoît pas d’autres
que celles de l’Univers. Les voyages nous
procuroienr des Flores de tous les pays, qu il
faut bien distinguer de ces nombreux catalogues
auxquels on adonné également le nom.
de Flores, et qui ne sont, la plupart,.que la
répétition d’un certain nombre d espèces connues,
qu’on saie se trouver dans le pays où on
les indique. Quelques-uns, à.la vérité, contiennent
des observations, particulières et des
espèces neuves ou peu connues ; ils. méritent,
à ce titre, d’être distingués, ec l’on ne regardera
jamais comme des ouvrages sans utilité,
les Plantes de la Suisse , par Haller ; celles^
d’Allemagne, pu* Hoffman, R o th , etc.;
celles d’Autriche, par Jacquin ; de Berlin ,
par Willdenow ; d’Angleterre, par Smith,
Curtis , Hudson , etc. ; la Flore française de
MM. de Lamarck ec Decandolle ; les Plantes
des environs de Paris 3 parTournefort ec Vaillant/
etc.; mais les Flores qui ont particuliérement
étendu l’empire de la science, er
qu’on peut regarder comme des modèles dans
ce genre de travail, sont la Flore du mont
Atlas de M. Desfontaines ; les Plantes de la
Nouvelle-Hollande et de Syrie de M. de La-
billardière ; celles de la G u i an e d’Aublet ; de
la Sibérie, par Gmelin et Pallas ; la Flore du
Pérou de Ruiz etPavon ; d’Owareet de Bénin
de M. Palisot de Beauvois ; la Flore danoise ,
celle de la Suède, de la Laponie, par Linné;
les Plantes équinoxiales de MM. Humboidt
et Boupland ; celles de l’Amérique septentrionale,
par Michaud; les arbres des mêmes
contrées, par Michaud fils; les plantes des îles
d’Afrique, par M. du Perit-Thouars ; du Japon,
par Thunberg; de la Cochinchine, par
Loureiro, etc. D ’aurres ont figuré ec décrit les
plantes cultivées dans des jardins, tant publics
que particuliers. Ainsi Linné , qui a
donné l’exemple de ces différens travaux , a
publié les plantes du Jardin de Cliffort, de
celui d’Upsal ; Dillen, YHortus elthamensis •
Alton, Y Bonus kewensis; Ventenat, les plantes
du Jardin de la Mal maison ec de celui de
Cels; Andrew, Curtis, la plupart des plantes
cultivées en Angleterre; Jacquin , celles de
Schoenbrun; nous avons les plantes grasses,
par M . Decandolle ; les liliacées par le même,
dessinées par M. Redouté, toutes décrites ec
figurées d’après des individus cultivés. Ces ou*
vrages et beaucoup d’autres ne laissent presque
rien à desirer, soit pour l’exécution ec
l’exaccitude des figures, soie pour la fidélité
des descriptions.
Nous possédons encore, sous le nom de
Fascicule, de Choix , d’Annales , de Disserta
tion sj de Catalogue, etc. uri grand nom-
j bre d’excellens ouvragés , source féconde de
richesses et d’observations , telles que les
Lcones Plantarum rariorum de Cavanilles; ses
dissertations sur les malyacées ; les Observa-
b ij