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B EN A F O U L I : nom d’ un riz. du Bengale;
très-fin & très-long , de la plus grande blancheur,
q u i, au rapport de Cofligny, répand* lorfqu il eft
cu it, une odeur fùave & agréable : c'eft ce qui i a
fait nommer benafouli, qui fîgnifie odorifere dans
la langue du pays. )
BENA-PATSJA : nom malabare de l'héliotrope
des In les ( heliotr opium inàicum f.inn. ) ,
cité dans Y Hort. malab. 10, pag. 9 J , tab. 48.
BENCARO : nom brame du cavalam des Ma-
labares, figuré dans VHort. malabar. 1 , pag. 89 3
tab. 5 0 , qui eft le fierculia balanghas Linn.
B EN D Ü RU , efpèce de fougère de Geilan , qui
paroît appartenir au genre ugena Cavan. ou ramdn-
dia Mirb ., dans lequel ces auteurs ont rapporté
l ’ophioglojfum fcandens Linn. & les autres plantes
qui ont le-même caractère.
BENEFEFIG1 ou SENEFFIGI : noms arabes
de la violette de mars, fuivant Dalechamp.
BENGALE. On nomme ainfï, dans l'Inde, une
racine employée en médecine, plus connue dans
les pharmacies fous le nom de cajfumuniar,
BENGENI, ALBENGENI r noms de Farbre du
benjoin dans l’ Indoftan, fuivant Cofligny.
BENGI. Dalechamp dit que les médecins arabes
nomment ainfi la jufquiame.
BENGIECHEST r nom arabe du vitex agnus
cafius.
BENGIRI ou GEIR! : arbre de la côte malabare,
décrit & figuré fous ce nom par Rheed ,
Hort. malab. 4 , pag. IOJ, tab. 51 i il appartient à
la famille des euphorbes. On peut même préfumer,
malgré Finfuffifance de la defcriptiôn, qu’il
appartient au genre glutier (fapium Linn. ) , d’autant
que toutes fes parties contiennent un fuc laiteux,
très-abondant & très-âcre : cependant on
.mange fes femences} mais il faut bien faire attention
a ce que la pulpe qui entoure leur coque ne
touche point la peau , & furtout les lèvres} car le
fuc qu’elle contient, occafionne des ulcères qui
font quelquefois fuivis de h mort. C ’eft pour
cette raifon que les Portugais de l ’Inde les nomment
nelica d’inferno ou cf enfer, pour les diftin-
guer de celles du phyllantkus emblica3 qui eft pour
eux le nelica. (P e t.-T h .)
BENISSA : nom brame d’un arbre que Rheed
a décrit & figuré, Hort. malab. 5 , p. 41, tab. 21,
fous celui de ponnagam. Il paroît être de la famille
des euphorbes, & voifin au ricin.
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BENJOIN : nom d’une fubftance réfineufe que
le commerce fait venir de l’ Inde pour être .em- j
ployée à différens ufages. Il ne paroît pas qu’ elle
ait été connue des Anciens > rruis elle l’ eft depuis .
long-tems des Modernes, par l’entremife des Ara- ’
bes, de qui nous avons emprunté ce mot. Comme |
tant d’autres venus de la même fource, il s’eft fort
altéré : aufti a - t - i l beaucoup varié, fuivant Es
auteurs. En paffmt par différentes filières, il eft
devenu, fuivant les uns;ou les autres, le bel^oi-
num , le benjoin, le b e n iv i le bengeni ou albengeni ,
de 1 Indoftari ; le ben de Judée ; enfin le benjaoi.
Ce dernier mot eft le véritable , & le type de
tous les autres. S’lil faut en croire Gardas, il fîgni-, j
fie fils de Jaoa , parce qu’ il croît dans un endroit ;
de ce nom proche de Samarie. Cette étymologie
ne s’accorde point avec ce que l’on connoît de
l’origine de cette drogue. Peut-être cependant,
en débrouillant fon hiftoire , troùvera-t-on le i
moyen de la rendre plus vraiferablable.
Depuis Fauteur que nous venons de c iter, cette
hiftoire eft reftée très-obfcure. La notice qu’il en |
a donnée , a. été copiée, fuccefîivemént par tous !
ceux qui en ont traité , entr’ autres J. Bauhin & ;
R a i, fans qu’ aucun y ait rien ajouté d’ intére fiant.
On a été furtout très-long-tems fans avoir de no-
’ dons certaines fur le végétal qui prodqifoit le
benjoin. Commelin crut le reconnoîrre dans un
' laurier de Virginie , qui eft devenu le laurus ben- :
i %oe Linn. ; mais il ne fut pas difficile de s’apper- I
j cevoir qu’une drogue apportée d’Afie ne pouvoit
provenir d’un arbre de l’Amérique} en forte qu’on
fut obligé de fe tourner d’un autre côté. Linné i
reçut enfuite un autre arbufte , fous le nom de |
benjoin ; mais n’ ayant pu le voir fleurir, il le rap- j
porta, fur l’ infpeétion feule de fon port, au genre :
croton, & en fit fon croton benfoe.
Quelque terres après, Jacquin ayant reçu de j
M. Lemonnier deux graines, fous le nom ae ben•
join de Bourbon, il en confia une à la terre} elle
lui produifit un arbriffeau qu’ il fit figurer , & ,
d’après l’anatomie de la fécondé graine , il le reconnut
pour une efpèce de terminalia, & lui donna
le nom de terminalia ben^oe; mais Murray, qui Fin-1
troduifit dans la fécondé édition du Syfiema vege-
tabilium, remarquant qu’aucune de fes parties ne
déceloit l'odeur de benjoin , douta que ce fut
réellement l’arbre qui le produifoit. Effectivement,
d’après les recherches des naturaliftes anglais, fur-
tout de Marfden, il parut confEnt qu’ à Sumatra,
qui fournit la plus grande partie de cette fubftance
importante pour le commerce, elle provenoit d'un
arbre congénère du fiyrax ou aliboufier. Dryander
l’a décrit dans les TranfaSTtons de la Société royale,
année 1777.
Tel eft le précis des travaux de la botanique fur
cet objet. Une autre fcience eft venue au Secours
de ces conjectures. La chimie ayant découvert
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<jue le benjoin étoit une. fubftance cFune nature
différente de la plupart des autres réfines, &c le
produit d’un acide particulier, que cette réfine
fe retrouvoit dans différens végétaux, comme le
camphre & le caoutchou ou gomme élaftique, il
ne doit pas paroïtre étonnant que, fuivant le pays,
différens arbres le produifent, & que différens pays
le fournirent au commerce. Cet acide, différemment
combiné, exifte encore dans la vanille, appelée
dans quelques lieux ben^oènil, & il fert de bafe
à plufieurs baumes, tels que ceux du Pérou &
de T o lu } il s’eft trouvé pareillement dans le fiyrax
ou la réfine produite par l'aliboufier commun.; &
comme cet arbufte croît dans toutes les parties
méridionales de l’Europe & des côtes de l’Afie
baignées par la Méditerranée, par conféquenten
Paleftine 3 il ne feroit pas étonnant que les Arabes,
entraînés par l’analogie, euffent confondu,
fous le même nom de benjoa, le fiyrax & le benjoin.
D’après cette découverte chimique, on n’eft
plus furpris de retrouver l ’odeur de benjoin dans
le laurier benjoin & le liquidambar. La chimie ,
pouffant plus loin fes recherches, a fini par découvrir
cette fubftance dans le règne animal,
Il refte encore un point important de l’hiftoire
naturelle du benjoin à éclaircir : c’eft celui du
benjoin de Bourbon. Comme Fa remarqué Murray
, aucune partie de cet arbre n’annonce extérieurement
qu’il contienne cette fubftance , au
point qu’ à l’ Ile-de-France, où il eft aufti commun
qu’à Bourbon , on eft perfuadé que ce nom lui a
été donné, par corruption, de bois qui efi bien joint,
parce que fon bois eft rrès-liant, & recherché à
caufe de cela par les charrons. Cette étymologie
à été recueillie d’abord par Lacaille, enfuite par
M. de Saint-Pierre} mais à Bourbon, plus anciennement
habitée, on y connoît la réfine que cet
arbre produit, & , dans les premiers tems de la
colonie, on s’en fer voit dans les égiifes au lieu
d’encens 3 ce qui avoit engagé Commerfon à le
nommer refmaria .-elle eft devenue plus rare, parce
u’il n’y a que les très-vieux pieds qui en pro-
uifent. Ce n’eft que fur le bois, dépouillé de fon
écorce, qu’elle fe manifefte : elle fe préfente le
plus fouvent fous la forme d’une groffe larme
brune 5 elle ne confifte d’abord qu’ en une pellicule
mince & fragile. En la caftant, on trouve tout l’intérieur
rempli d’une eau rouffe, prefqu’infipide
& fans odeur fenfible. Il paroît qu’elle fe coagule
lentement. L’examen de ces larmes & des arbres
qui les produifent, porte à croire que cette eau
n’a rien de commun avec le lait & les autres fucs
colorés qui produifei>t les réfines dars les autres
plantes, & que c’eft l’eau même de la pluie,, qui,
filtrant à travers les fibres des troncs, entraîne
avec elle le benjoin, qui y eft dépofé en particules
très-menues j elles n’y font pas di(Toutes, mais feulement
fufpendues ; en forte qu’on peut regarder
cette production comme une efpèce de (ElaCtite
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végétale. La fuppofition du benjoin dans les fibres
i du bois n’eft pas gratuite, puifqu’il s'en dégage en
fleurs par la cqpïbuftion.
Le benjoin du commerce eft une fubftance réfineufe,
brune, fragile, d'une odeur particulière,
agréable , qui fe développe avec plus d’énergie
quand on la fait brûler. On le diftingue par différens
noms. Le benjoin le plus pur eft Vamyg-
xlaloide, nommé ainfi parce qu’ il eft divifé en
petites maifes ou pains qui ont la forme d’une
amande, fuivant Marfden, qui a donné les détails
les plus authentiques fur le benjoin. A Sumatra on
le nomme mayan. Le plus pur eft furnommé ca-
bejfa ou tête , que l’on diftingue en tête d’Europe
& en tête dé l’ Inde, fuivant les pays peur lefquels
il eft deftiné. La plus grande paitie de celui qui
arrive en Angleterre eft exportée dans les pays
catholiques, où on le brûle comme encens dans les
églifes. Les ufages auxquels on l’emploie en médecine
en conformaient la moindre quantité, quoi-
cm’on lui attribue des propriétés aftez énergiques.
En général, on le regarde comme béchique, vulnéraire
& incifif : il entre dans plufieurs compofi-
tions , furtout quand il eft fous la forme de fleurs;
il eft entr’autres la bafe du cofmétique vanté fous
le nom de lait virginal. ( Âub. du P et.-Th. Dittion,.
des fcienc. nat.)
BENOITE. Geum. Linn. Caryophyllata. Lam.
Tournefort avoit donné le nom de geum à un genre
de plantes qui renfermoit plufieurs efpèces des
faxifraga de Linné , dont l’ovaire eft tout-à-fait
libre ; mais Linné, après avoir réuni ces plantes
à la faxifrage, a appliqué le nom de geum à la bé-
noite, que Tournefort nommoit caryophyllata, &
que M. de Lamarck avoit adopté.
Il y a tout lieu de croire que les Anciens n’ont
point connu la bénoîte , ou du moins qu'ils n’en
ont point fait mention dans leurs écrits, quoiqu’on
lui foupçonne quelques rapports avec le geum de
Pline (liv. 26 , chap. 7 ) , dont les racines, d’après
cet auteur, font grêles, noirâtres, d’une
odeur agréable, propres pour appaifer les douleurs
de poitrine & les points de c ô té , & qui, par leur
faveur aromatique, diflipent les crudités de l’ef-
tomac. Comment pouvoir prononcer affirmativement
d’après de fi légères indications ? Quoi qu’il
en foit, les auteurs qui ont parlé les premiers de
cette plante, tels que Brunsfels, Tragus & Mat-
thiole, lui ont donné le nom de caryophyllata à
caufe de l’odeur de fes racines, approchant un peu
de celle de l’oeillet. Matthioie en diftingue deux
efpèces qu’il a figurées, le geum urbanum & monta-
num Linn. Les grandes propriétés attribuées à fes
racines l’ont fait appeler par le vulgaire herba bene-
diâa, herbe bénite, benoîte. En attendant qu’on
puiffe fe décider fur l ’identité du geum de Pline
avec nôtre bénoite , Fon a provisoirement attribué
à cette dernière plante les propriétés que