
«• Lorfque, dit-il, on fend un tronc d’ arbre qui
renferme une roulure totale , à l’endroit de cette
roulure on eft furpris de voir une tige fans écorce,
placée au centre du tronc, & qui peut s’en détacher.
Cette tige eft exactement recouverte par la
couche annuelle qui l'enveloppe , de manière que
la partie ligneufe des boutons, qui fait un relief
fur la tige , eft modelée en creux fur la couche
annuelle qui recouvre cette tige. La partie herbacée
des boutons a été détruite avec l'écorce par
l ’accident qui amis le bois à nu dans le cas de produire
une nouvelle é corce , & des couches annuelles
comme s’iln’avoit pas été écorcé. La roulure
totale peut fe faire fans art toutes les fois
eue l’aubier d’ une tige écorcée confervera affez de
fraîcheur & d’humidité pour produire Une nouvelle
écorce .»
Les avantages que l’homme retire du bois font
incalculables , &: autant variés qu’ il y a de fortes
de bois. Leur emploi fera indiqué à chacun des
articles qui donnera la defeription des arbres qui
le produifent. Nous nous bornerons à rappeler ici
le réfultat de quelques expériences faites par M. de
Buffon pour connoître la force des bois auxquels
on fait fupporter des fardeaux très-pefans. Suivant
fes obfervations, la force du bois n’ eft pas proportionnelle
à fon volume. Une pièce double pour la
groffeur, d’une autre d’égale longueur, eft beaucoup
plus du double plus forte. Le bois de même
nature, qui, dans le même terrain, a crû le plus
v i t e , eft le plus fort j celui qui a crû plus lentement,
dont les cercles annuels font plus minces ,
eft moins fort. La force du bois eft proportionnelle
à fa pefanteur. De deux pièces de même groffeur
& de même longueur, la plus pefante eft la plus
fo r te , à peu près dans la même proportion qu’elle
eft plus pefante. Une pièce de bois chargée nmple-
ment des deux tiers du poids capable de la faire
rompre, ne rompt pas d’abord, mais bien au bout
d’ un certain tems. Il réfulte de ces ingénieufes
expériences , que , dans un bâtiment qui doit durer
long-tems, il ne faut donner au bois tout au
plus que la moitié de la charge qui peut le faire rompre.
B o is . Ce mot eft devenu générique pour défi-
gn e r , dans l’ufage de la v ie , un grand nombre
d’arbres qui n’avoient pas de noms particuliers.
Le fécond nom, emprunté de différentes fourçes,
les diftingue les uns des autres. C 'e ft , pour l’ordinaire
, une épithète tirée des qualités extérieures
ou des ufages auxquels on emploie l’objet qu’elle
défigne : tels font les différent» bois étrangers qui
fervent à la teinture & à-la marqueterie , & dont
la confommation eft affez grande pour qu’ ils entrent
dans les fpéculations du commerce. 11 n’eft pas
difficile de connoître l’origine des noms de cette
efpèce j mais il y en a un bien plus grand nombre
qui font moins répandus, & qui offrent plus de
difficultés pour remontera leur fource : ce fons
ceux qu’emploient les habitans de nos colonies
d’ Amérique & d’Aftique pour défigner le plus
grand nombre des arbres qui forment leurs forêts.
Ces noms viennent en partie des Noirs, qu’on y a
tranfportés pour la culture. Dans la langue de ces
peuples, très-voifine <}e celle de la nature, le même
mot déligne en même tems les arbres, la fubftance
que l’on en tire , l’ufage auquel on les confacre,
& quelquefois la propriété qu’on leur attribue.
C ’eft ainfi que les habitans de Madagafcar, qui
ont été les premiers qu’on ait tranfportés à l’ Ile-
de-France, donnent ÉÉ nom à'ha^ou à prefque tous
les arbres de leur île 5 ils le prononcent aufii cajou,
ce qui eft précifément le mot qu’emploient les
Malais au même ufage. Par le moyen d’ une qualification,
ils les diftinguent les uns des autres. Ils
emploient des procédés analogues pour défigner
le plus grand nombre des plantes de leur pays.
Forcés d’habiter un nouveau fo l, ils n’ont pas
abandonné cet ufage j ils ont rëconnu ou cru re-
tonnoître plufîeurs des végétaux qui leur étoient
familiers.
C ’eft par-là que le mot de bois eft devenu commun
à prefque tous les arbres. Les noms diftin&ifs
ont été pris fouvent, comme ceux du commerce,
de leurs qualités & de leurs propriétés les plus
remarquables, réelles ou imaginaires. Quelquefois
on leur a donné celui des perfonnes qui les ont
fait connoître ou employés les premiers. D’autres
fois on leur a fait porter, fans altération, les noms
mêmes de leur pays. Enfin, le caprice feul a quelquefois
préfidé à ces altérations. De ces caufes
fuit cette longue lifte bigarrée de bois fous toutes
fortes de noms. La même chofe a lieu pour les
mots arbres , herbes , lianes , plantes, & c . Nous
nous bornerons à citer les bois les plus intéref-
fans, avec un renvoi à leur genre lorfqu’il fera
connu. Nous profiterons pour cela des recherches
de M. du Petit-Thouars, de qui nous avons emprunté
ce qui précède : nous y joindrons quelques
articles de M. de Juflîeu. On trouvera des détails
plus étendus dans le Dictionnaire des fciences naturelles
, vol. y , pag. 47.
Bois D’ a b s y n t h e , B o i s a m e r . Dans l’herbier
fait par Commerfon à l’ïle Bourbon , ©n trouve
fous ce nom une plante ligneufe qui a quelques
rapports avec le calac\can{fa L in n .) , & qui eft
amer comme l’abfynthe.
Bois d ’ a c a j o u . Ôn donne ce nom en Amérique
, foit au cedrela odorata , qui eft l’acajou à
planches de la Martinique, foit au fwietenia maho-
goni3 nommé auffi acajou meuble à Saint-Domingue,
& mahogoni dans les colonies anglaifes-; On
ne doit confondre ni l’un ni l’autre avèc l’acajou
proprement dit, eajfuvium ( anacardium occidentale
Linn. ) , dont la graine réniforme & très-dure eft
portée fur un pédoncule renflé & charnu, ayant U
forme d’ une poire, ( Voye\ A cajou , CedREL 3
Ma h o g o n . )
B o i s d ’ a c o s s o i s , B o is b a p t i s t e , Bois
d a r t r e , B o i s a l a f i è v r e , B o is d e s a n g .
On connoît à Cayenne , fous ces différens noms,
trois efpèces de millepertuis en arbre, qui ont,
comme Yandroftmum , la toute-faine, autre efpèce
du même genre, un fruit en baie, & font remplies
d’un fuc réfîneux, rougeâtre, prefque de la couleur
de fang. C e fuc eft purgatif a petite dofe ,
comme la gomme-gutte, fon application calme
les démangeaifons occafionnées par les dartres.
La décoêtion des feuilles eft employée intérieurement
pour guérir les fièvres intermittentes. Aubier
donne la figure & la defeription de çes arbres,
tab. 311-512. (Voye^ M i l l e p e r t u i s . )
B o i s d ’ a c o u m a , Bois i n c o r r u p t i b l e . C'eft
l’acomat à grappes ( komalium racemofum Jacq. ).
On nomme encore, à Saint-Domingue , acomat
rouge ou petit acomat rouge, le bumelia falicifolia
Linri. ( Voye^ A c o m a t & Bu m é l i e . )
B o i s d ’ a g o u t i . ( Voye^ Boi$ l é z a r d , G a t -
TILIER. ) '
Bois d ’ a g r a : bois précieux, très-odorant,
dont les Chinois font grand cas. On ne fait à quel
arbre il appartient.
Bois d ’ a g u i l l a . Suivant Bofc, c’eft un arbre
d’Afrique, dont l’écorce, légèrement aromatifée,
étoit autrefois apportée en Europe par les Portugais!
Bois d ’ a i g l e . Bo i s d a l o è s . ( Voy. A l o è s . )
B o i s d ’ a i n o n : arbre de Saint-Domingue, très-
grand , & employé pour le charronnage , fuivant
Nicholfon, qui ne donne pas d'autre renfeigne-
ment fur ce végétal.
B o i s d ’ a l o è s . ( V o y e ^ A l o è s . )
B o i s a m a n d e , p e t i t e c i q u e . On nomme
ainfi à la Martinique, fuivant Terraffon, le ma ri la
racemofa deSwartz, genre de plantes qui tient le
milieu entre la famille des guttifères & celle des
millepertuis. Dans l’herbier de Surian, fait aux
Antilles , on trouve auffi fous le même nom un
arbriffeau à feuilles alternes, qui paroît être une
efpèce de laurier.
B o i s d ’ a m a r a n t h e , employé dans la marqueterie.
Il paroît que c’ eft le même que le ma-
hogon (fwietenia Linn.)
Bois a m e r . (Voyt% B o is d ’a b s y n t h e . )
Bois d ’ a m o u r e t t e : efpèce d'acacie des Antilles
( mimofa tenuifolia). Une autre efpèce ( rni~
mo/a tamarindifolia j eft nommée petit bois d amourette.
B o i s a n g e l i n . ( Voyeç A n g e l i n . ) Ce bois
très-dur eft employé , dans la Guiane , pour conf-
truïre des maifons & des cafés de Nègres, & pour
former des paliiïades. Avec Ion coeur on fabrique
des mortiers, des pilons & différens meubles.
B o i s d ’Au i s . Plufîeurs arbres portent ce nom,
parce qu’ ils exhalent l'odeur d’anis de quelques-
unes de leurs parcies : tels font le badian ( iUifium.
anifatum Linn. ) , le limoneüier de Madagafcar
( limonia madagafcarienjis Lam. ) , 1 avocatier ( lau-
rus perfica Linn.).
. B o is d ’ a n i s e t t e . Defportes & Nicholfon indiquent,
fous ce nom & fous celui de bihimitron,
un arbriffeau de Saint-Domingue, à feui.lcs larges
& à odeur d’ aneth, qu’ ils difent être un faururus
de Plumier, c’eft à-dire , une efpèce de poivre
en arbre, le même que 1q jaborandi des Brefîüens.
C'eft peut-être le piper aduncum, que Plumier,
dans fes. Plantes d'Amérique, pag: J 9 , rapporte
également au jaborandi.
B ois a r a d a ou T a v e r n o n . Cet arbre, ainf i
nommé à Saint-Domingue, & mentionné par Defportes
, pag. 279 , e ft, félon Poiteau , une nouvelle
efpèce d’ icaquier ( chryfobolanus) > il eft auffi
nommé bois piquant 3 fuivant Nicholfon.
Bois d ’ a R g e n t . Protea argentea Linn. ( jVoye^
P r o t -é e . )
B o i s à r o l e . ( Voyei A r o l e , Suppl.)
B o is BACHA. ( Voyei B o iS A CALEÇONS.)
Bois a b a g u e t t e s : nom que portent à
Cayenne deux efpèces de raifiniers ( coccoloba ) .
A Saint-Domingue on le donne à un fébeftier. Les
arbres, dent les rejets font droits, minces & foli-
des , portent ailleurs tantôt ce nom, tantôt celui
de bois de gaulette.
Bois A b a l a i . .On donne ce nom, en général,
à beaucoup d’arbres & d’arbriffeaux dont les rameaux,
grêles & flexibles, font employés à faire
des balais.
Bois b a l l e . On nomme ainfi, à Cayenne, le
gu&rea trichilioides, dont le fruit a la forme & la
groffeur d’une balle.
B o is d e b a n a n e s . A l’ île Bourbon on donne
ce nom à une efpèce de canang ( uvana ) , parce
que fes fruits réunis imitent en petit une portion