
vent que par des foins multipliés que l'homme •
parvient à en conferver quelques individus dans j
les climats tempérés. Ordinairement les arbres
mono cotylédons n’ont point de branches; leur
tige , cylindrique & régulière, fe foutienr ÿ de
même qu’une colonne, dans une direction verticale.,
& leur cime eft couronnée d’ un vafte faif-
ceau de feuilles, du milieu defquell.es naillent les
fleurs. J tel eft 1 s: drac&na 3 quelques êfpeces d’aloés ,
d’ yucca, d’agaveu munis de feuilles fimples, roi-
des , aiguës, en forme de glaive; tels lont encore
ces végétaux de la belle famille des palmiers , le
fagouier, dont la tige contient une fécule nour-
rilïante'j le dattier, non moins intereffant par fon
utilité que par fa forme majeftueufe , & dont les
feuilles , connues fous le' nom de palmes } ont été
confacrées à la gloire des héros ; l’aréca, dont le
fruit entre dans la compofition du bétel ; le cocotier
, qui fournit à des peuplades nombreufes un
aliment fain , une liqueur agréable , des meubles
& des vêrémens ; le chamaeropsv> qui porte des
feuilles plilTées en éventail » le corypha , dont le
tronc s’élève à foixantedix pieds, & dont lefom-
met fe couronne de huit à dix feuilles de quarante
pieds de diamètre ; le baétris & le nipa, qui donnent
une boilTon utile ; le lontar, qui produit ces
fameux cocos des Maldives, fi remarquables par
leur volume & parleur forme fingulière, & beaucoup
d’autres arbres également intéreffans par
leurs produits économiques, & qui ont frappé
d’étonnement tous les voyageurs qui ont parcouru
les pays chauds de l’Afie, de l’Alrique & de l’A-
mérique. En e ffe t, qu’on fe tranfporte en idée
fous la zone torride, qu’on fe repréfente ces palmiers
fur leur terre natale , foit qu’ ils, habitent
des fables arides ou des plages maritimes, ou le
fiommet des montagnes , ou le fond des vallées ,
partout leur afpeél a quelque chofe delimple &
de grand qui frappe l’imaginatjon, & qui annonce
dans ces végétaux une organifation particulière,
bien différente de celle des arbres qui compofent
nos forêts de l’Europe. »
C e foupçon s’eft converti en certitude par l ’attention
que l’ on a portée au développement & a
l’organifation des palmiers. L’embryon, dans ces
arbres, eft un petit corps cylindrique ou conique,
plus du moins renflé à fon fommet. On n’y apper-
çoit d’abord ni la plantulè ni le cotylédon. Ces
organes ne deviennent fenfibles qu’au moment de
la germination. A cette époque l ’embryon perce
la graine, & , reftant toujours engagé dans les té-
guméns par l ’une de fes extrémités, il fe prolonge
àr l’autre en un filet qui n’eft autre chofe que la
kfe développée du cotylédon, dont le fommet
plonge dans la graine. Cette bafe du cotylédon
recèle la petite racine & la petite t ig e , qui ne
tardent pas à fe développer.
-.L’une & l ’ autre ont la forme d’ un petit cône :
celle qui doit former h racine pointe vers la
terre, & celle de la tige vers le ciel. La première
préfente une maffe .folide ; la fécondé > au contraire
, eft formée de gaines qui s’emboîtent des
unes dans les autres. Chaque gaîne.eft une feuille.
La plus extérieure fert d’étui à la fécondé; celle-
ci à la troifième , la troifième à la quatrième s &
ainfi des autres. Le cotylédon lui-même n’eft autre
chofe que.la première feuille, qui les^ enveloppe
toutes. Infenfiblement les feuilles intérieures prennent
plus d’extenfion : elles repouffent celles qui
les environnent, & les forcent à fe.pencher vers
la terre j elles font re pou (fées à leur tour par celles
qui naiiïent dans le centre, & font contraintes de
s’ incliner vers les premières.
Les feuilles fe multiplient & fe fuccèdent dans
le même ordre; elles forment, à la furface de la
terre 3 un faifeeau dont toutes les branches font
étroitement unies par leur bafe, & c ’eft cette bafe
folide qui eft l ’origine du tronc ou ftipe des palmiers
; car les feuilles extérieures ne tardent pas
à fe détacher. Mais leur partie inférieure ». pius
durable, forme un anneau compacte, du centre
duquel s’élèvent de nouvelles feuilles, qui a leur
tour font repouffées à la circonférence, & , venant
à fe détacher, iaiffçnt à leur bafe un fécond anneau
égal au premier, & placé au deffus de lui.
C e fécond anneau eft biëntôt furmonté d’un
troifième ; ce troifième d’un quatrième , 8r ainfi
de fuite , jufqu’à ce-que la vieilleffe ou quelqu’au-
tre caüfe arrêtant la végétation, l’arbre ceffe de
produire de nouvelles feuilles, & par conféquent
de s’élever.
Il réfulte de ce mode de développement, qu’ un
arbre monocotylédon ceffe de croître en épaiffeur
long-tems avant que fa croiffance en hauteur foie
terminée; ce qui eft d ’autant plus évident, que
tous lés anneaux formés par la bafe des feuilles,
& fuperpofés lés uns aux autres, ont un diamètre
égal, & que le premier de ces anneaux , celui qui
fert pour ainfi dire de foubaffement à la colonne,
a pris en épaiffeur toute la croiffance dont ilétoit
fufceptible dès les premiers tems du développement
du végétal. En un mot, le tronc des palmiers
a , dès qu’il s’élève au deffus de la terre,
toute la groffeur qu’ il doit avoir dans toute fon
étendue, n’importe à quelle hauteur il parvienne,
& ce phénomène fe conçoit aifément d’après le
mode d’accroillement que nous venons d’ex-
pofer.
Les cicatrices que les palmiers & autres arbres
de cette famille portent à leur fuperficie, indiquent
les places d’où les feuilles fe font détachées
, & font des preuves toujours fubfiftantes
du mode de développement auquel la nature a
fournis les arbres pourvus d’un feul cotylédon.
L'organifation intérieure de .ces arbres n’ eft pas
moins digne d’ attention que leur développement.
Si l ’on coupe tranfverfalement le tronc d’un arbre
à deux cotylédons, comme les faules, les chênes *
les peupliers, les tilleuls, les frênes, & c . , on
apperçoit aifément fur cette coupe un point central
& une multitude de zones concentriques, qui
forment des .cercles d’autant plus grands, qu’ ils
approchent davantage de la circonférence. La
dernière de ces zones conftitue l ’écorce ; mais fi
l’on coupe également la tige d’un palmier , on n’y
remarque ni point central déterminé ni zones concentriques,
mais un tiffu plus ou moins lâche ,
dans lequel fe montre une multitude de noeuds
eompa&es, d’autant plus rapprochés entr’e u x ,
qu’ils font plus voifins de la circonférence.
Ce n’eft pas la feule différence d’organifation
que préfentent les grands végétaux à un & à deux
cotylédons. Non-feulement la coupe tranfverfale
du tronc des arbres monocorylédons offre un tiffu
lâche & des noeuds d’ un tiffu plus ferré , mais de
plus la coupe verticale prouve encore que les
noeuds ne font que l’extrémité de longs filets
durs, plus nombreux vers la circonférence. Ces
filets parcourent la tige dans fa longueur; ils fe
réunifient quelquefois un à un ou fe divifent de
diftance en diftance, environnés d’un tiffu mou.
C ’eft cette organifation qui fait q ue , quoiqu’ il
foit fouvent très-difficile de couper un palmier à
coups de hache ou avec une fe ie , on parviendroit
facilement à le rompre fi l’on brifoit les uns après
les autres les filets qui font la folidité de fa
tige.
1 « On a donné, dît M. Mirbel, au tiffu lâche
dont ces^ filets font entourés, le nom de moelle;
cependant il eft certain que cet organe n’a aucun
rapport avec la moelle renfermée dans la cavité
des os. L’obfervation microfcopique nous a prouvé
que c ’eft un tiffu cellulaire, femblable à celui que
nous avons trouvé dans les feuilles, les fruits, les
cotylédons.
« Les filets longitudinaux conftituent le bois
ou corps ligneux des arbres monocotylédons. Ces
filets ont en effet la dureté, la ténacité, l’élaftieité
du bois des autres végétaux, & ils font, comme
lui, formés par une infinité de tubes ou vaiffeaux
plus ou moins grands, placés parallèlement à côté
les uns des autres. Cette organifation interne s’explique
par le mode de développement. Nous avons
vu les feuilles , en s’ unifiant par leur bafe, donner
naiffance au tronc ou ftipe ; mais chacune de ces
feuilles eft elle-même formée d’une multitude de
filets liés par le tiffu cellulaire, & c’eft la réunion
de tous ces faifeeaux particuliers qui conftitue le
fâifceau général. Si les filets font plus nombreux à
la circonférence , c’eü que les feuilles anciennes ,
preffées par celles qui naiffent dans le centre, font
fans ceffe repouffées vers la circonférence , & forment
par conféquent un tiffu plus compaéle. >»
D’après l ’expofé qui vient d’être préfenté des
caractères qui conftituent les arbres monocotylédons,
il feroit difficile de les confondre avec les
arbres à deux cotylédons, dont nous allons examiner
l’organifation. Confidérés d’abord dans leurs
formes extérieures, nous reconnoiffons que leur
tige , au lieu d’être également ëpaiffe dans toute
fa longueur, va prefque toujours en s’aminci fiant
de la bafe au fommet. Ainfi le diamètre du tronc
d’un chêne eft plus grand au niveau du terrain qu’à
la naiffance de fés branches. Il en eft de même du
châtaignier, du tilleul, du fapin, Scc, La cime de
CcS arbres eft couronnée d’une multitude de branches
divifées & fubdivifées en rameaux. Ces ramifications
fe portent irrégulièrement de tous côtés ,
& les jeux de la nature font tels à cet égard , que
la plupart des arbres dè même efpèce, & à plus
forte raifon d’ efpèces différentes, que la main de
J’homme n’a point affervis à des formes déterminées,
diffèrent abfolument par l’afpeét & les dimen«
fions. Il eft rare aufli que la tige foit parfaitement
droite, cylindrique & régulière. Quant aux feuilles,
elles font attachées çà & là fur les branches,
& femblent, à la première vue., avoir été placées
au bafard. II n’en eft cependant pas ainfi. Leur po-
fition eft toujours relative au mode d’exiftence du
végétal.
Si de l’examen des formes extérieures nous paf*
fons à celui de l’organifation interne , nous trouverons
bien d’autres différences entre les arbres
monocotylédons & dicotylédons. Pour faire concevoir
nettement l’organifation de la tige des arbres
monocotylédons , nous avons d’abord tracé
i’hiftoire de fon développement, parce qu’en effet
l ’organifation du tronc eft le réfultat du développement
des feuilles & de l’ union de leur bafe ;
mais maintenant nous devons fuivre une marche
inverfe, 8z parler de la ftruéture interne du tronc
avant de dire comment il croît & fe développe,
parce que cette organifation date dé l’origine de
la plante , que nous en trouvons déjà l ’ indice
dans l’embryon, Ôtque c ’eft elle qui détermine le
mode de développement & de croiffance.
Dans les arbres dicotylédons, la tige eft compo-
fée de trois parties diftinéles ; favoir : Vécorce, pla*
cée à l ’extérieur ; la moelle, qui occupe le centre ;
le corps ligneux, qui eft intermédiaire. On apperçoit
facilement ces trois parties en coupant un
jeune arbre tranfverfalement ou verticalement.
Vécorce forme une enveloppe plus ou moins
épaiffe à la fuperficie. Cette enveloppe eft com-
pofée elle-même du tijfu herbacé, qui eft la couche
la plus extérieure, des couches corticales, qui viennent
enfuite , & du liber, qui eft appliqué immédiatement
fur le corps ligneux. Il eft facile de réparer
l’écorce du relie du végétal.
Le corps ligneux préfente deux couches principales,
dont l’une eft extérieure & l’autre inté*-
rieure. La première eft Yaubier ; la féconde eft le
bois. L ’une & l’autre font trayerfées d’une multi