
marqués dans leur ftruéture , M. Mirbel a eru
devoir fixer d'abord Ton attention fur une feule
èfpèce. I! a choifi le fureau de préférence , parce
que fon tiffu, plus lâche que celui, de beaucoup
d'autres végétaux, lui a paru plus.facile à ob'er-
ver. Après en avoir étudié l'organifation, il a
porté comparativement fes recherches fur plufieurs
autres plantes de familles différentes.
Le travail de M. Mirbel eft partagé en neuf articles.
Il traite, i°. des organes qu'on diftingue à
l'oeil ; 2°. du tiflu membraneux ; $°. du tiffu cellulaire
; 4^. du tiffu tubulaire ; j° . des lacunes ;
6°. des glandes; 70. des5: pores ; S°. de l'épiderme;
9P. enfin, de la fubftance organifatrice que Duhamel
a dé lignée fous le nom de cambium.
"Tous les végétaux , à l'exception des varecs &
des champignons, dont la fubftance eft homogène
, font compofés de parties molles & de
parties dures, 8z leur tige eft revêtue d'une écorce
plus ou moins épaifl’e. Cette enveloppe a communément
plus de molle ffç que le tiffu. qu'elle entoure,
& on petit l’en féparer facilement, fur tout
dans le te ms de la fève. Sous l'écorce fe trouve
le bois, compofé de fibres longitudinales étroitement
unies. Dans les monocotylédons , il n'eft
fouvent recouvert que de l'épiderme, & il eft
formé de filets diftincfs, enveloppés par la moelle,
qui en remplit tous les intervalles. Le bois des
dicotylédons , au contraire , eft toujours recouvert
d'une écorce , & fes fibres ne font ni ifolées
ni entourées de moè'lîg. Cette fubftance eft renfermée
dans un canal placé au centre.du cylindre, & ,
lorfqu'on l'a fcié perpendiculairement à l’axe, on
v o i t , fur la coupe dés tronçons, un grand nombre
de prolongemens difpofés comme les rayons d'une
roue ou comme les lignes horaires d'un cadran.
Ils fortent de la moelle , & n’exiftent point dans
les monocotylédons.
Après cet expofé fuccfnél, l'auteur paffe â
l’examen des organes élémentaires, qui forment
les organes viffhles à l'oe i l, dont on vient de
parler. Suivant lu i , toutes les parties desplafites
ne font qu'un tiffu membraneux différemment
modifié; & les fibres, même les plus compactes,
font un aflemblage de lanières longitudinales
qu'on peut féparer à volonté.
Deux fortes d'organes bien diftinêts, favoir, le
tiffu cellulaire 8c le tiffu tubulaire, font formés par ;
le tiffu membraneux. Le premier, obfervé au I
microfcope, offre une fuite de petites cellules
contiguës , compofées de membranes q ui, en fe
dédoublant, laiffent entr’elles des vides égaux,
lorfqu’elles n‘éprouvent aucune preffion , & qui ,
foit qu'on les coupe en travers ou dans leur longueur
, préfentent çonftamment des formes héxa-
gones, allez fembbblès aux alvéoles des abeilles.
Chaque pan eft commun à deux cellules , & tout
ce tjffu eft d'une régularité admirable j mais, s'*l
vient à être comprimé par une force étrangère
alors les cellules fe déforment, & le changent eu
patallélogrames plus ou moins alongés.
Les parois des cellules font .minces & diaphanes
comme du verre. Leur tiffu eft fi fin, qu'on ne peut
le diftinguer, même avec le fecours des meilleurs
microfcopes > mais on y découvre communément
une multitude de pores do:!t il eft criblé,. Le tiffu
cellulaire eft fpongieux, ékflique & fans confif-
tance. Plongé dans l'eau pendant quelque tems *
il s'altère, le détruit, & fe convertit en mucilage.
Les poies dont on vient de parler établi fflnt une
communication entre les cellules, & fai'fiknc paffer
les lues 5 dont le mouvement a néceffairement
beaucoup de lenteur dans un pareil tiffu.
11 eft bon d’obferyer que les-cellules ne font
tranfparemes 8c fans couleur que quand elles font
dégagées de tout corps étranger. Quelquefois
elles font enduites des fucs vifqueux, qui en ter-
niffent l'éclat 8c la trânfparence. Ce tiflu, commun
à tous les végétaux, ne s’y trouve pas toujours
en même proportion. Les champignons &
les varecs en font entièrement formés, 8c l'écorce
des autres, végétaux en contient beaucoup. Sous
l'épiderme, il eft peu comprimé, & rempli de
fucs ordinairement verts, quelquefois rouges,
jaunes & même améthyftes , qui communiquent
leurs teintes, du moins en apparence, à cette
membrane.
Lé tiffu cellulaire eft charnu dans les racines
bulbeufes , ferme & caftant dans les cotylédons ,
aride & fec dans l'albumen ( le perifperme ) des
graines. Celui des feuilles, des braôtées| des fti-
pulesy des calices eft ordinairement gonflé d'un
fuc vert. Les corolles ne font que des lames minces
du même tiffu , & c'eft aux fucs colorés, contenus
dans ces cellules, qu’elles doivent leur fraîcheur
8c tout l'éclat dont elles brillent ; mais ce
tiffu eft fi délicat, que là preffion la plus légère
fuffit pour le ternir ou le détruire. 11 entre auffi
pour beaucoüp dans la ftruôture des . étamines &
des pillils. Le pollen, qui renferme le fluide fubtii
& vivifiant qui va porter la vie dans l’embryon,
n'eft qu'un amas de petites cellules formées par
ce tiffu.
Les fruits charnus & pulpeux ne font auffi, fui-
vant Duhamel, qu'un tiflu cellulaire très-dilaté,
& gonflé de fucs de différente nature. L'embryon
en eft prefqu’eiatiérement formé > enfin, les,rayons
médullaires, qui diftinguent les plantes à deux
feuilles féminales d’avec celles qui n'en ont qu’une,
ne font encore que des prolongemens du même
tiffu.
Après avoir décrit l'organifation du tiffu cellulaire,
l’auteur traite de celle des tubes ou vaif-
feaux des plantes, qu'il divife en deux claffes,
les grands & les petits. Les
Les grands tubes ne font que des. ouvertures
pratiquées dans la longueur du tiffu cellulaire, &
formées par l’écartement de fes membranes, ou,
pour mieux dire , de véritables lacunes, & l’or-
ganifation des végétaux eft fi fimple, que toutes
les différences qu'offrent leur ftruaure ne font que
des modifications du tiffu cellulaire; mais comme
les parois des tubes font fans ceffe abreuvées de
fluides nourriciers, elles prennent, avec le tems,
de la confiftance , 8c quand leur denfité furpaffè
de beaucoup celle des membranes environnantes,
elles fe féparent du refte du tiffu. M. Mirbel n'a
jamais pu découvrir, avec les meilleurs microf-
copés, de grands tubes dans les champignons, les
lichens & les varecs , tandis qu'on peut en diftinguer
facilement l’ouverture fur la coupe tranf-
verfale des racines, des tiges & des branches des
monocotylédons. Dans ceux-ci, ils occupent le
centre des filets ligneux , tandis que ces tubes ,
dans les dicotylédons, font répandus, dans le bois.
Ôq les y voit auffi fouvent réunis par groupes
placés régulièrement d'efpace en efpace , ou bien
difpofés par zones concentriques ; ils font très-
nombreux autour du canal médullaire, & on en
découvre également dans l'écorce.
Si on fuit ces grands tubes dahs leur marche,
on les voit monter parallèlement de la racine dans
le tronc, puis fe joindre, fe ramifier, fe détourner
de leur direction verticale , pour pénétrer dans
les boutons placés à la furface de l'écorce. Us
s’alongent à mefure que les jeunes pouffes fe développent
, en?^parcourent tous les rameaux,
paflent dans les pétioles, fuivent les nervures des
feuilles , 8c y forment un réfeau extrêmement
divife. On les diftingue également dans les calices,
dans les pétales, dans les étamines , dans les
ftyles & jufque dans la pulpe des fruits. Ils exiftent
dans l’embryon; 8c enfin, ce qui eft extrêmement
remarquable, dans les tiges des prêles ils tiennent
lieu de. rayons médullaires. L'auteur en diftingue
de quatre fortes : les tubes Amples, les tubes poreux
, les fauffes trachées & les trachées proprement
dites.
Les tubes /impies, qu'on connaît généralement
fous le nom de vaiffeaux propres s n’ont ni pores
ai fentes à leur fur.fa.ee ; iis contiennent des fucs
de différente nature & diverfement colorés dans
un grand nombre de plantes : on les obfervé facilement
dans les pins, les fapins, les euphorbes,
les chélidoines, les apocins, & e . , & ils font
beaucoup plus larges, plus apparens dans l’ écorce
que dans îê, bois.
Les tubes poreux, ainfi nommés parce que leur
furface eft crihjée de pores diftribués en fériés
tranfverfales 8c parallèles , fe trouvent en grande
quantité dans le chêne, le fureau , & dans.pref-
que tous les bois durs. Ceux-ci ne paroiffent pas
deftinés auffi particuliérement que les précédons,
a renfermer aes fucs propres.
Botanique, Supplément, Tome I ,
Les fauffes trachées font faciles à diftinguer
par leurs fentes tranfverfales 8c parallèles, & 1 on
croiroit au premier coup-d'oeil qu’elles font formées
de lames roulées en fpiraies comme les v é ritables
trachées ; mais quand on les obfer.ve avec
attention, on voit l’union intime des bords de la
lame aux deux extrémités de chaque fente, 8c on
ne peut jamais-les dérouler. Ces vaiffeaux font de
même nature que les précédens, dont ils ne diffèrent
que par la grandeur de leurs ouvertures,
tranfverfales. On les trouve communément dans
les bois peu compactes; ils exiftent auffi dans les
monocotylédons, & même dans les plantes herbacées.
Les lycopodes, les fougères, les vignes, 8cc.
en renferment une très-grande quantité.
Les trachées font des tubes formés par une
petite lame ou filet roulé de droite a gauche, de
manière qüe les circonvolutions fe touchent parles
bords. Lorfqu’on les tire en fens contraire par
les deux extrémités, elles fe déroulent en forme
de tire-boure, & Ce refferrent fenfiblement fur
elles-mêmes quand on ceffe de les alonger, fi on
en excepte cependant celles du butomus , dont les-
contours ne. fe rapprochent plus dès qu’une fois
ils ont été écartés. Si on veut les voir bien dif-
tin&ement, il fuffit de brifer à moitié une jeune
pouffe de l'année, en pliant doucement fes deux
extrémités dans un fens oppofé ; elles reffemblent,
à la vu e , à des fils d’araignée j mais quand on les
obferve avec une bonne loupe, on diftingue nettement
les bords de la fpirale qui ont été écartés,
& en rapprochant les deux extrémités de la fracture
on voit les petites circonvolutions fe ref-
ferrer fur elles-mêmes par un mouvement de ref-
fort. Leur furface eft unie ou inégale, & quelquefois
poreufe. M. Mirbel affure n'y avoir jamais
vu les étranglemens dont Malpighi & Reichel ont
parlé.
Dans les monocotylédons elles occupent le
centre des filets lignëux : dans les dicotylédons
elles entourent la moelle , 8c font fouvent mêlées
avec de fauffes trachées. On ne les trouve pas dans
l’écorce ; niais elles exiftent dans les pétioles 8c
les nervures des feuilles. Ces quatre 'ordres de
vaiffeaux , qui ne font que des modifications les
uns des autres, fe rencontrent fouvent réunis dans
les mêmes plantes : ce font eux qui diftribuent la
nourriture 8c la vie à toutes les parties du v é gétal.
Les petit* tubes-, que-l’auteur a pareillement
obfervés 8c décrits avec foin, ne font autre chofe
que des cellules très-alongées , d'un diamètre
inégal dans leur longueur, & fermes aux deux
extrémités. Leurs parois font fouvent criblées de
pores ; elles ont beaucoup plus de dureté que
celles du tiffu cellulaire proprement dit. On ne
lès coupe communément en travers qu'avec aflez
de diificuJtéô mais ils fe diyifent facilement, fui-
V y