
inclinée , mais toujours droite , hifpide & gluti-
neufe; par fes feuilles alongées , glauques en def-
fous : il a le port de Yarbutus unedo. Ses tiges font
droites, élancées, peu rameufes , revêtues d’une
écorce brune, garnies, vers l’extrémité des rameaux,
de feuilles réunies en touffes alternes}
pétiolées, glabres, oblongues-lancéolées , d’un
vert-foncé, luifantes, coriaces , glauques en def-
fous, aiguës, dentées en fc ie , perfiftantes.
Les fleurs font blanches ou couleur de rofe tendre
, réunie^en une pauicule droite, terminale,
é ta lée, chargée de poils glutineux, accompagnée
de bradées fcarieufes, lancéolées ; les pédicelles
v e lu s , glutineux. Le cajice eft v e lu , divifé en
cinq lobes} la corolle ov ale, urcéolée, beaucoup
plus grande que celle de Yarbutus unedo y l’ovaire
glabre, arrondi, furmonté d’ un ftyle fimple , per-
fiftant, & d’ un ftigmate aigu : il lui fuccède une
baie arrondie, à cinq loges polyfpermes.
Cette plante croît aux îles Canaries, où elle a
été découverte par M. Riedlé. ft
3. Arbousier à feuilles entières. Arbutus inte-
grifolia. Lam.
D ’après les obfervations de M. Veillard, dans
la nouvelle édition des Arbres & Arbuftes de Duhamel
, 1 , pag. 7 9 , les fynonymes, les figures &
les descriptions de Clufius , Jean & Gafpard Bau-
hin, citées par Tournefort & par M. de Lamarck ,
appartiennent à Yarbutus andrachne Linn. & non
à cette efpèce. M. Desfontaines n’ eft point de cet
avis. «« L’ arbutus integrifolia eft Yarbutus folio non
ferrato Tournef. , & Y andrachne Theophrajli de
l’Eclufe, fynonyme que Linné a rapporté mal-à-
propos à fon arbutus andrachne, qui croît dans 1 île de Samos & autres lieux , tandis que l ’an-
drachné de Théophrafte eft indigène à l’îîe de
C and ie , & que la defcription de cet ancien naturalise
convient à l’arboufier à feuiiles entières
de Tournefort & de Lamarck. » (Hifl. des Arbr.
torn. 1 , pag. 26 1^
3.* A rbousier à feuilles de laurier. Arbutus
laurifolia. Linn. f.
Arbutus arbore a , foliis oblongis, utrinqué acumi-
natis , acute ferratis , glabris y racemis axillaribus ,
fecundis , fejjilibus , folitariis. Linn. f. Suppl, pag.
238.
Il fe rapproche par fon p o r t, par la forme de
fes feuilles, de l’arboufier commun. Ses tiges font
droites , cylindriques , rameufes , recouvertes
d’une écorce brune } fes rameaux garnis de feuilles
glabres, oblongufs, lancéolées, aiguës a leurs
deux extrémités, perfiftantes, dentées en fc ie ,
acuminées à leur fommet. Les fleurs font difpo-
fée.s, dans .l’aiffelle des feuilles, en petites grappes
fefliles, folitaires, limples, unilatérales, plus
courtes que les feuilles} la-corolle blanchâtre j les
baies globuleufes, rougeâtres, charnues, à cinq
loges polyfpermes.
Cette plante croît dans l’Amérique feptentrio-
nale.ft ( T . / . ) .
6. A rbousier piquant. Arbutus mucronata.
Linn. — Lam. 111. Gen. tab. 366. fig. 2.
8. Arbousier filiforme. Arbutus filiformis,
Lam.
C ’eft bien certainement le vaccinium hifpidulum
Linn. ( Voyei Airelle, Suppl. n°. 35.)
Obfervations. L*arbutus ferpyllifolia Lam. n°. 7 ,
& 111. tab. 56 6 , fig. 3 , eft le gaultheria antipoda
Forft. (.Voyei Palommier, '£«/>/>/.) Willdenr'w
rapporte à tort la plante de M. de Lamarck à Yarbutus
microphylla Forft.} elle ne lui convient pas.
Cette dernière eft Yandromeda myrfinitcs. ( Voyei
A ndromède, Suppl. n°. 10.) Enfin, Yarbutus
pumila Linn. Suppl. & Willd. eft la même plante
que notre Andromède à feuilles decamarine,
Suppl. n°. 9.
* Arbousier à feuilles de filaria. Arbutus
phyllirc&folia. Perf.
Arbutus caule ramofijfimo y foliis lanceolate , acu-
minatis , acute ferratis y fLoribus axillaribus. Perf.
Synopf. Plant. 1. pag. 483.
Ses tiges fe divifent en rameaux nombreux,
garnis de feuilles alternes, petites, allez fembla-
bles, par leur forme & par leur confiftance, à celles
du filaria } elles font glabres, lancéolées, dentées
en fcie à leur contour} les dentelures très-aiguës.
Les fleurs font axillaires.
Cette plante croît au Pérou, ft {Herb. Jujf.)
ARBRE. L’arbre e ft , fous bien des rapports ,
le plus parfait des végétaux : c’eft le complément
de la vie végétative. Il l’emporte fur toutes les
autres plantes herbacées par fa vigueur, par l’abondance
de fes fucs vitaux , par fes moyens de
reproduction } il étonne par la longue durée de fa
v ie , par la groffeur & l’élévation de fon tronc,
par la cime impofante & majeftueufe qui le couronne
, enfin par fon port & par l’enfemble de
toutes fes parties.
Toutes les fois que la végétation s’établit fur
un terrain neuf, lorlqu’êlle eft livrée à elle-même,
lorfque fes admirables & longs travaux ne font
point troublés, ou par la hache deftrùCtive ou
par la dent des animaux, elle finit toujours par
produire des arbres , & la furface entière du
Globe n’offriroit qu’ une vafte forêt fans la reunion
des hommes en fociété. La multiplicité des
arbres eft le plus grand obftacle qu’éprouvent les
nouveaux colons lorfqu’ils arrivent pour la première
fois dans des contrées privées d habitans.
Il en eft de même des pays cultivés pendant une
longue fuite de fiècles, dépeuplés enfuite, foit
par les ravages de la guerre, foit par la longue
durée des maladies peftilentielles. Dès que ces
pleines, jadis fertiles, font abandonnées, les fo rêts
couvrent avec le te ms ces campagnes fillon-
nées par le foc de la charrue, ces prairies broutées
par les troupeaux, & même les vaftes efpaces
occupés par les grandes cités.
L’Afrique feptentrionale, ce pays autrefois fi
peuplé lorfqu’il étoit habité par les Carthaginois
& les Romains, aujourd’hui prefqu’inculte depuis
qu’il eft tombé fous le pouvoir du defpotifme, eft
un exemple frappant de cette vérité. Aux travaux
des hommes ont fuccédé ceux de la nature. Celle-
ci s’eft emparée de ces riches provinces jadis
ouvertes de toutes parts au commerce & à l’ in-
duftrie, & il m’eft arrivé bien fouvent, en parcourant
ces belles contrées, de retrouver les ruines
d’ une ancienne & grande ville ou Jes traces
d’un grand chemin dans des bois prefqu’impéné-
trables : il faut fouvent y chercher fous les brouf-
failles les monumens rares & précieux du puilfant
empire des Carthaginois & des Romains. Une
brillante végétation couvre ces terres abandonnées,
& la nature, libre de toute contrainte,
eft rentrée dans fes droits en faifant croître dans
chaque fol les végétaux qui y conviennent le
mieux.
Ce n’eft donc point dans les pays civilifés que
l’on peut étudier parfaitement la marche de la
nature, qu’il eft cependant fi eflentiel de con-
noître, même pour apprendre à diriger la culture
de fes productions. Les befoins de l’homme en
grande fociété le forcent de la contrarier à chaque
pas : il ne peut permettre à la terre de produire
librement ce qu’elle veut; il eft forcé d’arrêter
le progrès rapide des forêts , qui bientôt
couvriroient les plaines deftinées aux moiflons}
il arrache impitoyablement la plante indigène
pour la remplacer par des végétaux exotiques.
C ’eft de ce défordre apparent que réfultent les
plus précieux avantages pour l’homme focial quand
il fait diriger fes travaux d ’après ceux de la nature
, & que l’obfervation lui fait connoître que
les mêmes plantes, les mêmes arbres, ne peuvent
croître également bien dans tous les fols ni aux
mêmes expofitions. D’après la connoiffance parfaite
des localités, nous faurons fertilifer les fols
les plus ingrats, & nous étendrons avec profit le
vafle domaine de la culture. En jetant un coup
d’oeil fur cette belle diftribution de végétaux ligneux
qui ornent la furface de la terre , nous re-
connoîtrons bientôt qu’aucun d’eux ne pourroit
être mieux que dans les lieux où ils croiflent naturellement.
Si nous faifions defcendre les pins
dans les vallons refferrés & brûlans, li nous tranfportions
les platanes fur les hautes montagnes ,
nous verrions les premiers périr faute d’air & par
trop de chaleur, & les féconds par un air trop v if
& trop froid. Un obfervateur exercé faura même »
au feul port d’un arbre, à fa forme, à fon organi-
fation particulière , reconnoître le fol auquel il
doit appartenir : ce fera un trait de lumière de
plus pour la direction de leur culture. Il s’apper-
cevra bientôt que l’ arbre qui croît fur les hautes
montagnes eft différent de celui qu’oa rencontre
fur la pente des collines} que ceux des plaines &
des bas-fonds ne fe retrouvent plus fur les hauteurs;
que les uns ne fe plaifent que dans les fables
arides & brûlans; d’autres, dans les lieux humides
ou fur le bord des ruifleaux. Quoique certaines
efpèces d’arbres paroiffent végéter également bien
fous tous- les climats & à des expofitions différentes
, chaque contrée néanmoins en poflede qui lui
font propres, & qu’on ne peut trouver ailleurs. 11 en eft dans le Midi qu’on ne rencontrera jamais
dans le Nord. Ceux des tropiques, de l’Amérique
ou des Indes ne reffemblent point à ceux de l’Europe;
& quoique la culture parvienne , à force de
foins, à s’approprier quelques arbres exotiques,
il en eft un grand nombre auxquels elle eft forcée
de renoncer.
Cette variété de productions s’oppofe à l’uniformité
, & forme de l ’Univers le fpeCtacle le plus
fublime & le plus impofant. Comme il feroit trifte
& monotone fi partout l’on ne rencontroit qu’ un
gazon uniforme 1 Mais il n’ eft que le fond du tableau
: les forêts en forment les grandes maftes ,
& les animaux lui donnent le mouvement & 1a
vie.
En confidérant les arbres fous le double rapport
de leur organifation & de leur développement, il
faut avant tout fe rappeler une diftinCtion effen-
tielle qui avoit échappé aux Anciens, qu’ont établie
MM. de Juffieu, fi favamment développée
enfuite par M. Desfontaines : c ’eft celle des arbres
monocotylédons ou dont les feraences ne font pourvues
que d’un feul cotylédon , & dicotylédons ou
dont les femences font munies de deux cotylédons.
M. Mirbel, dans plufieurs Mémoires lus à
l ’Inftitut, a confirmé ces obfervations, auxquelles
il a ajouté un grand nombre d’autres qui lui font
particulières. C ’eft d’après les recherches de ces
favans eftimables que nous allons expofer la différence
qui exifte entre ces deux grandes coupes
du règne végétal.
Les arbres monocotylédons, dont les palmiers
forment le plus grand nombre, plus fimples dans
leur organifation tk dans leur développement,
font bien moins nombreux que les arbres dicotylédons.
e* Nés pour habiter les pays chauds , die
M . M irbel, ils ne végètent avec vigueur qu’entre
les deux tropiques. Aucune efpèce ne croit fpon-
tanément dans les pays du No rd , & ce n’eft fou