
AYA-PANNA, efpèce d’eupatoire, dont il fera
fait mention au fupplément de ce genre. Je vais,
en attendant j rapporter ici ce que M. Aubert du
Petit-Thouars a dit de cette plante, dont la découverte
& les propriétés ont fait, dans le tems , le
fujet de plufieurs differtations curieufes.
cc L3aya-panna eft le nom que les hibitans du
Bréfil donnent à une plante de leur pays , à laquelle
ils attribuent de.grandes propriétés ; ce qui engagea
Auguftin Baudin , frère de celui qui a dirigé le
voyage à la Nouvelle-Hollande, entrepris pour le
progrès.des fciences , à la porter à l'Ile-dë-France ;
ce qu'il a exécuté en 1797. Ce ne fut pas fans peine
qu'il parvint à fe la procurer. Elle fut confiée aux
foins de M. Céré j elle avoir déjà été éprouvée
avec fuccès dans la culture des arbres à épiceries.
Sur la réputation de cette plante, on crut
qu'on lui avoit confié un tréfor encore plus précieux
i aufli appliqua-t-il tous fes foins à là multiplier
: il y parvint heureufement avant que l'ardeur
avec laquelle on cherchoit à fe la procurer
fût à fon comble ; car il auroït eu peine à la con-
ferver. Le récit des cures multipliées qu'elle avoit
produites , étoit te l, qu'on aevoit la regarder
comme une panacée univerfelle 5 aufli n'y avoit-il
aucun malade , de quelque nature que fût fon mal,
qui ne i'envifageât comme feule capable de finir fes
fouffrances. Elle détruifoit l'effet de toute efpèce
depoifon, celui des minéraux, celui des végétaux,
celui des ferpens. Quant, à ces derniers, ce qui
vaut mieux que tous les contre-poifons, la nature
a écarté de nos îles africaines ces terribles animaux
; mais il y exifte quelques fléaux que d'autres
contrées ne connoiffent pas : c’eft ainfi quela-chair
de plufieurs efpèces de poifions eft fujète à devenir
un vrai poifon fur certaines plages, dans !
certaines faifons.
» Uaya-panna y remédioit efficacement; ce qui
tiroit un grand nombre d'habitans de la'pofition
de Tantale , où la crainte les tenoit 5 mais ce qui
étoit encore plus précieux, cette plante faifoit
difparoître tous les fymptômes effrayans du té-_
tanos. En un mot, chaque jour découvroit une
nouvelle propriété à cette plante merveilleufé;
en forte qu'il eût été plus court de faire l'énu-
mérationdes maladies qui lui avoientréfifté, que de
celles qu'elle avoit guéries. Il n’efl pas étonnant,
d'après cela, que l'on ait mis beaucoup d'empref-
fement à fe la procurer : aufli l'a-t-on vu vendre,
au bazar ou marché, à raifon de trois fous la feuille.
(Il eft vrai que c’eft la plus petite monnoie du
pays.) M. Céré , trouvant beaucoup de facilité à
la multiplier de marcotes (fes graines ont conf-
tamment avorté jufqu'à préfent) , fe trouva-bien-
tôtà même de répondre, à l'empréffement que les
habitans mettoientà s’en procurer despieds -, &par
ce moyen èlle fe trouva au deffus des befoins.
» Il eut été cependant difficile de parvenirà ce
point, fi l’on ne fe fût un peu refroidi fur fon
compte, En effet, l'expérience ne tarda pas à faire
reconnoître que l’on avoir au moins exagéré fes
vertus > en forte que, par une forte de réaction
qui eft prefque toujours la fuite de l'engouement
on vit fucceffivement diminuer le nombre de les
partifans ; ce qui lui donna le tems de fe développer
dans tous les jardins. Il eft même à craindre que,
comme tant d'autres remèdes, elle ne defcende au
point d'être totalement oubliée. 11 eft probable
cependant qu'elle peut être employée avantageu-
fement dans plufieurs cas *, mais il faut que des
expériences fuivies & répétées par des gens de
l'art lui afïignent-la place qu'èlle doit occuper
dans la matière médicale. On peut conje&urer
d'avance qu'elle n'y fera jamais comptée parmi
le petit nombre de remèdes héroïques, qui, dans
les mains d’un médecin habile , décident réellement
la cure des maladies critiques : c'eft ce que
dénotent fes qualités extérieures, fon odeur & £a
faveur. Son odeur eft bien aromatique , mais à un
degré inférieur. Il en eft de même de fon amertume
j elle eft mêlée à une légère aftriêtion,
mais fi foible , qu'il eft bien difficile de penfer
qu'elle puiffe jamais faire beaucoup d'impreffion
lur l'économie animale.
»5 La botanique offre un autre moyen de conjecturer
l ’ufage auquel on peut employer une plante
quelconque : c'eft par l'exatnen des rapports ou
degrés d'affinité qu'elle peut avoir avec d'autres
plantes ; en un mot, fa claflïfication naturelle. La
place de Yaya-panna n'a pas été difficile à déterminer.
Dès qu'qlle a montré fa fleur, elle a dû
être placée parmi les compofées : on n'a pas eu
plus de peine à reconnoître qu'elle faifoit partie
du genre eupatoire ; mais cette famille étant la plus
nombreufe du régne végétal, il n'a pas été aufli
facile que dans d'autres, de circonfcrire fes vertus
.générales ; & il n'y a pas la vingtième partie des
efpèces qui la composent, qui aient place dans la
matière médicale, & par conféquent qui aient été
éprouvées. Le plus grand nombre de celles qui y
figurent, fe font1-également remarquer par leur
odeur forte, aromatique Ou fétide, & par leur
faveur plus ou moins amère, ces deux qualités
réunies ou féparées. Le genre eupatoire lui-même,
contenant une cinquantaine d'efpèces, n'eft pas
plus circonfcrit dans fes propriétés générales. La
plus commune, qui habite l'Europe, a eu, comme
Yaya-panna , un moment de vogue j mais elle eft
lailfée depuis long-tems par les praticiens, quoiqu’elle
paroiffe mériter leur attention par fon amertume
& une légère odeur aromatique. Il y a d'autres
efpèces qui poffèdent cette dernière qualité à un
degré plus éminent.: c'eft parmi elles que doit fe '
ranger Yaya-panna. »
La defcription abrégée & les caractères botaniques
fois, dans la Galette de Madras , du 8. août, 1 8qii
de Yaya-pahna ont paru, pour la première
ils faifoient partie d'une lettre que M. Aubert du
Petit-Thouars avoit adreffée au doCteur Anderfon,
& que celui-ci, après l'avoir traduite, fit inférer
dans cette feuille. M. Ventenac, qui ne pouvoir
en avoir connoi.ffance, fit de cette plante l'objet
d’ un Mémoire lu à l'Inftitut national : depuis, il
en a publié une figure dans fon bel ouvrage fur les
plantes du Jardin de Ta Malm ai fon. (D'ici, 'des
Scienc. nat. )
1. A y Éne délicate. Ayenia pufllla. Linn.— Lam. 111. rab. 7$z. — Cav. Differt. y. p. 289. tab. 147.
-rr Gærtn. de FruCh & Sem. 2. pag. 382. tab. 79..'
4. A y ÉNE liffe. Ayenia levigata. Swartz.
Ayenia foliis ovatis , integris , glaberrimis y ger-
mine pedicellato y neciatio decemfido , radiato. Sw.
Prodr. pag. 97. — Flor. ïnd. occid. 2. p . 1131.
Arbrîfieàù divifé en rameaux flexueux, glabres,
cylindriques, garnis de feuilles alternes, pétiolées,
ovales, obtufes, entières, glabres, arrondies à leur
bafe, veinées, longues d’ un pouce ou d’un pouce &
demi, munies,- à la bafe des pétioles,de ftipules très-
petites, fubulées. Les fleurs font petites, d’ un rouge
de fang, folitaires, axillaires ; les pédoncules filiformes
, plus longs que les pétioles ; le calice à cinq
folioles pâles, ovales, concaves ; l’appendice tu-
bulé,divifé, à fon limbe, en dix découpures étalées.,
linéaires, acuminées, un peu réfléchies à leur
fommet , pubefcentes, de la longueur des folioles
du calice} les fiiamens prefque nuis ; les anthères
arrondies , à deux lobes; le ftyle court, à peine
faillant; le ftigmate prefqu’en tête.
Cette plante, croît parmi les brouffailles,. à la
Jamaïque. J) ( Swart^. )
AYENIA. ( Voye^ A y è n e )
AYLANTHUS. ( Voye^ Langit & Ponge-
lion.)
AYTONIA. ( ^oye[ Aitone. )
AZADARACHT. ( Voye.1 Azedarac.)
AZALEA. ( Voyei Azalée. )
AZALEE. Azalea. Ce genre eft un démembrement
du chant Arkodendros de Tourne fo r t , qui réu-
niffoit en un feul genre les rhodoàendrum & les
a\alea de Linné, entre lefquels, en effet, il n*exifte
d’autre différence que celle du nombre des étamines.,
& dont la corolle , dans les azalea , eft inégalement
divifée à peu près comme dans les chèvrefeuilles..
Les nombreufes variétés que Ton obtient des
a\aUa vtfcofa & nudiflora , que M. de Lamarck
regarde elles-mêmes, comme deux variétés-, rendent
douteufes plufieurs efpèces que l’on a données
comme nouvelles.
\J aqalea procumbtns, n°. 4, eft gravé dans les
lllujirations, tab. IIO , fig. I , & Y azalea glauca
\ fig. 2. Michaux , dans fa Flore de C Amérique fep-
tentrionale , pïéfe.nte les efpèces fuivanres comme
| devant être diftinguées.
f '7. AzÂiLÉE blanchâtre. Afaleacantfcens. Mich.
Azalea foliis fubtus tenui tomento çanefceniibus ,
nervo non fetigero y fiorihus rofeis, non vifcidis y calice
minutijjtmo, Jtaminibus exfcrtis. Mich. Flor.'
boréal. Amer. 1. pag. iyo. '
Dans cette plante , les fleurs font nues, c’eft-à-
dire, dégagées de feuilles, réunies en ombelle5
la corolle couleur de rofe , point vifqueufe , glabre
ou à peine pubefcente lorfqu’on l’examine à
l’oeil nu. Son tube eft plus court que dans Yaralea
vifcofa; les dents du calice très courtes, obtufes,
arrondies } les étamines faillantes 5 les feuilles revêtues
en deffous.d’un duvet léger & blanchâtre.
Cette plante croît furie bord des ruiffeaux, dans
la Baffe-Caroline. ï>
8. AZALEE chèvrefeuille. Azalea peryclimenoi-
des. Mich.
Azalea fubnudiflora , foliis glabellis y nervo fupra
lanuginofo , fubtits fetigero y fioribus majoribus , non
vifcofts y flaminibus longijfime exfertis. Mich. Flor.
boréal. Amer. 1. pag. 151.
Elle fe diftingue de Y azalea vifcofa par fes fleurs
point vifqueufes. Ses feuilles font prefque glabres ,
vertes à leurs deux faces , Ianugineufes fur leur
principale nervure en deffus , pileufes en deffous.
La couleur eft rofej le tube velu, plus court que
le limbe, qui eft beaucoup plus grand que dans les
autres efpèces y les étamines très-faillantes 5 les
dents du calice courtes, ovales, arrondies; les
fleurs prefque nues.
Cette plante croît dans l’Amérique feptentrio-
nale , à la Nouvëlle^Jerfey. T>
9. A zalée couleur de fouci. Azalea calendu-
laçea. Mich.
Azalea fubnudiflora , foliis utrinqué pub end bus ,
perfeâiis kirfutulis y floribus amplioribus , non vifco-
fis j calendulaceis y calicis deniibus oblongis y corollâ
tubo hirfuto , laciniis breviore. Mich. Flor. boréal.
Amer. 1. pag; iy i.
Cette efpèce fe rapproche beaucoup de Y azalea.
pontica y mais fes feuilles font glabres , tandis que
dans, celle-ci elles font, pubefcentes à leurs deux
faces; & lorfqu’elles font entièrement développées
, elles reftent un peu hériffées. Les fleurs font
plus grandes, prefque nues, point vifqueufes,