
x vj
général.; ouvrage interminable à la vérité,
et qui n’auroit d’autres bornes que celles des
découvertes, mais qui, à tel point qu’on le
prenne, seroit toujours infiniment utile , et
pourroit être à volonté suspendu, continué ,
sans être obligé de revenir sur ce qui autoit
été fait. ■
Il suit de ces considérations, que cet ouvrage,
d’une facile acquisition, multiplieroit à peu de frais les moyens d’instruction. Sans
doute l’emplette en totalité formeroit par la
suite une forte dépense ; mais outre qu’elle
n’est pas nécessaire pour ceux qui n’embrassent
point la science dans toutes ses parties, combien
de gens dépensent beaucoup plus pour
acquérir la plupart des ouvrages nouveaux que
l’on publie tous les jours avec luxe, et qui,
sans rien diminuer de leur mérite particulier,
ne se rattachent au grand édifice de la
science, considérée dans son ensemble., que
commedes pie ires mal taillées. D ’ailleurs,
je lie peux trop lehépéter, cet ouvrage, qu’on
peut acquérir en aussi petites parties qu’on le
desire, offre la plus grande facilité, même
aux moins fortunés. En se bornant à une Flore
particulière, aux seuls genres d’une Flore,
ou , si l’on veut, aux plus difficiles, d’entre
eux, la dépense devient très-légère pour l’acquéreur
; elle ne monterait que proportionnellement
axes connoissances dans l’étude
des végétaux. Quel avantage de pouvoir
se procurer, ou des monographies isolées,
ou compléter les espèces d’un même genre,
les genres d’une même famille ! de placer,
si l’on veut, dans les herbiers, au défaut des
plantes qui y manquent, lesigravures qui les
représentent, ou enfin de borner ses dépenses
aux seules espèces difficiles à rencontrer ou à
distinguer ! Je suppose que l’on soit déjà possesseur
d’un certain nombre de bons ouvrages
sur la botanique, et que l’on veuille éviter la
répétition des gravures d’une même plante :
en formant un catalogue’ de celles que l’on
possède , on pourra se borner à l ’acquisition
de celles qui manquent.
Avec quel plaisir le moins fortuné formeroit
de petites économies pour acquérir de
rems en teins quelques-unes des plantes qu’il
est le plus désireux de posséder ! La somme
la plus modique suffiroit pour satisfaire à une
partie de ses désirs : une dépense faite partiellement
et. à volonté n’épouvante pas, ne
gêne pas, et se trouve à la longue très-consi-
dérable. Voilà pourquoi un grand nombre
d’ouvrages, distribués par livraisons, ont souvent
plus de succès, que s’ils étoient vendus
d’abord en totalité. L ’avantage est ici bien
supérieur, puisque chaque livraison peut former
un ensemble, presqu’un ouvrage que l’on
peut restreindre ou étendre à volonté.
Je ne me suis guère arrêté jusqu’ici qu’aux
moyens d’exécuter une entreprise qui parole
effrayante au premier aspect, mais qui devient,
comme on l’a vu, facile dans ses détails
; je vais exposer maintenant les avantages
qui en résultetoient pour les ptogrès des
sciences naturelles.
i°. On a'reconnu depuis quelque rems,
avec beaucoup de raison, que la meilleure
description, quelque exacte qu’elle puisse être,
étoit souvent insuffisante pour beaucoup d’esr
pèces , surtout pour celles qui sont très-rap-
prochées; qu’il falloir y ajouter de bonnes
figures , dont l’utilité, quand elles sont très-
fidelles, étoit d’abréger beaucoup les descriptions,
de faire ’supprimer tout ce que l’oeil
pouvoir saisir, et d’empêcher de confondre
une plante avec une autre. • aussi ne recon-
noît-on guère aujourd'hui de plantes comme
bien déterminées, que celles qui sont figurées,
à moins qu’elles n’offrent des caractères
bien tranchés. Tout ce que l’on publie actuellement
d’e nouveau en botanique , monographies
, flores particulières, etc., est presque
toujours accompagné de figures ; mais celles-
ci étant éparses dans un grand nombre d’ouvrages,
combien ne faut-il pas souvent en
consulter pour les espèces d’un seul genre !
Quel avantage de pouvoir les réunir à peu de
frais !
a °. Il est impossible en histoire naturelle,
comme dans toutes les sciences d’observation
, d’avoir rien de complet. Une nouvelle
découverte vient se joindre à la découverte
la plus moderne i une observation en dé-
1 truit, en modifie une antécédente moins
exacte. A peine un ouvrage est-il publié, que
déjà il a besoin de corrections, de supplé-
mens. .On ne peut éviter cet inconvénient que
par le plan que je viens d’exposer. Comme
chaque gravure est isolée , ainsi que sa description,
qu’elle se vend séparément, s’d
s’introduit quelqu’erreur, soit dans le texte,
soit dans les figurés., il- ne s’agira., pour la
faire disparaître, que de corriger ou de remplacer
une figure par une autre, dé réimprimer
un ou deux feuillets. Cet ouvragé réunirait
donc éminemment, et bien au-delà, lés
avantages des éditions stéréotypes.
;° . Cette entreprise procureroit aux voyageurs
une grande facilité pour publier leurs
collections , pourvu qu’ils voulussent se prêter
au plan général de l’ouvtage. Il suffirait
pour cela d’adopter le même format, de tenir
séparées la description et la gravure de chaque
plante. On aurait un ouvrage particulier
, dont en même tems chaque plante isolée
viendrait prendre sa place dans l’ouvrage
général. Tous ceux qui posséderaient des espèces
nouvelles ec médites, trouveroient la
même facilité pour les publier. C ’est ainsi que
l ’on verrait se rattacher au même ouvrage
toutes ces espèces isolées, éparses dans un
grand nombre de journaux, de feuilles périodiques
, ou elles se perdent et s’oublient à la
longée par la difficulté de les y trouver. Pour
obtenir ce grand succès, il suffiroit de commencer
: le premier cadre une fois dressé, le
travail, je n’en doute pas, irait rapidement..
Les avantages de cette entreprise Seraient
bientôt appréciés. Qu’on se rappelle des progrès
qu’a faits la botanique lorsque Linné eut
imaginé de séparer les genres, et de distinguer
les espèces par des noms génériques et
spécifiques ; il avoit, par ce moyen ingénieux,
établi des cases disposées dans un ordre tel,
que la plante inconnue trouvoit, presque sans
difficulté, la place quelle devoit occuper.Ses
successeurs, travaillant sur le même plan,
n’ont fait qu’ajouter de nouvelles pierres à
l’édifice dont il avoit jeté le fondement. Quoiqu’il
soit aujourd’hui élevé à une hauteur
étonnante, il ne pourra être terminé que lorsque
l’on sera assuré qu’il n’y aura plus de découvertes
à faire dans le règne végétal ; mai;
si chacun eût voulu bâtir a'sa mode sans se
rattacher au plan donné, où en seroit aujourd’hui
l’édifice? Si l’on eût suivi, pour la publication
des nouvelles découvertes , accompagnée
de gravures, le mode que je propose
aujourd’hui, avec des dépensés peut-être tres-
inférieures, cet ouvrage aurait maintenant le
même avantage que ceux de Linné il suffirait
d’ajouter, d’après l’ordre établi, seulement
ce qui n’est pas connu, au lieu de ces
répétitions éternelles de plantes plusieurs fois
gravées. Toute plante une fois entrée dans
cette collection, et par conséquent bien connue
, offrirait un moyen sûr d’éviter les doubles
emplois, inconvénient que 1 on éprouvé
fréquemment lorsque l’on veut comparer une
plante à décrire avec une autre qui 1 a déjà
été, mais sans bonne figure. Il arrive, ou que
l’on confond en une seule deux espèces distinctes
, ou que l’on donne pour deux plantes
différentes celles qui doivent être réunies sous
la même espèce.
4°. L ’utilité de cet ouvrage ne seroit point
bornée aux botanistes proprement dits ; elle
s’étendroit encore à toutes les ramifications
de cette science , à l’agriculture, à la médecine
er aux arts. Par le moyen de la vente
isolée des gravures, le pharmacien se procurerait
une collection de plantes usuelles ; l’agriculteur
, celles qui peuvent entrer dans les
bosquets , dans les pépinières, dans les prairies
, etc. Ceux qui se livrent aux arts économiques
y trouveroient les plantes tinctoriales,
alimentaires , celles qui fournissent les
huiles, les gommes, les résines, etc.; ce qui
formeroit à volonté autant de collections
séparées.
Je ne m’étendrai pas davantage sur l’entreprise
dont je viens d’esquisser le plan ; j’en
ai dit assez pour faire csmprendre combien
elle sètoir utile, et bien moins difficile à exécuter
qu’on pourroit le croire.
L ’essentiel esc de commencer. Seroic-on
rebuté par une mise de fond trop forte et des
rentrées trop lentes ? Si l’on m’a bien compris
, si je me suis suffisamment expliqué
cette crainte ne peut avoir lieu. De quoi s’a