C a a pensé ([ue les gongyles étaient chez les agames les
analogues de ces bvdbines ou de ces bourgeons qui se retrouvent
sur diverses parties de beaucoup de plantes phanérogames, et
(|ui peuvent reproduire ces plantes sans le secours d’aucune fécondation.
Nous l’avions d’abord cru comme tant d’autres ; nous
nous étions trompé avec eux. Ce sont les propagules des agames
du second degré, individus non subordonnés les uns aux autres
dans un berceau commun durant la conception, qui tout au
plus représentent ces bulbines. On doit remarquer chez ces
végétaux, les plus simples entre ceux où la globuline se subordonne,
que les formes sont à peine arrêtées, l’accroissement
u’étant, pour ainsi dire, pas limité, dès son point de départ, selon
des contours qu’on peut considérer comme une conséquence de la
captivité originelle. Aussi, dès que les propagules emprisonnés
dans les gongyles s’y sont développés au point d’en rompre les
parois, comme s’ils y eussent contracté une tendance à se tenir
enfermés dans des bornes prescrites, les formes propres, à chaque
espèce s’arrêtent d’une manière assez fixe. Elles deviennent de
plus en plus irrévocables, et ressemblent d’aiitant mieux à
celles dont ne s’écartent jamais les végétaux parfaits, que la
prison lut plus étroite, plus j.rolongée et plus difficile à briser.
Parmi les agames à gongyles ou végétaux du troisième degré,
les uns, téls que les confervées et les céramiaires, rappellent
l'idée des feuilles capillaires et articulées des renoncules aquatiles
et de quel({ues ombelliféres inondées; d’autres, membraneux et
composés d’un réseau ([ui se rattache à des nervures, comme
les délesséries et l’anadiomène, ressemblent aux feuilles des
potamots, ou bien aux expansions inférieures de ceux des végétaux
phanérogames, dont les feuilles développées dans l’air sont
si différentes de celles qui flottent sous l’eau. Les varecs, des
idvacées, ainsi que les lichens, deviennent très-régulièrement
froiidescents. Chez les premiers, une tige qui se prononce avec
des racines véritables acquiert toutes les cpialités du bois, mais
d’un bois que modifie le milieu où se développe son écorce, et
les couches concentriques de la partie ligneuse, au centre des-
(juelles se reconnaît la substance médullaire. En raison du degré
de composition des gongyles, et plus ces gongyles deviennent
semblables à des graines véritables, plus la physionomie pha-
nérogamique, qu’on nous permette cette expression, se complète
dans les agames.
Cependant, quelque compliqués que puissent paraître beaucoup
de gongylifères du degré le plus élevé, de tels agames n’en
sont pas moins toujours au rang des végétaux les plus simples.
Les cryptogames des ordres inférieurs les surpassent encore
par la variété de leurs parties constitutrices, et semblent être
le résultat de conceptions plus avancées. Aussi ii’hésitous-nous
point à regarder les agames, sans exception, comme les ébauches
de toute organisation végétale; et comme ces plantes, si de tels
êtres en méritent le nom, durent apparaître les premières dans
l’immensité de la divine création, c’est par elles que nous
commencerons le catalogue des richesses botanic[ues dues au
zèle infatigable de MM. d’Urville et Lesson.
Celles de ces productions naturelles qu’on ne regarda pas
d’abord comme des chanipignons,furent long-temps confondues
sous le nom d’algues, avec des choses toutes différentes. « Tour-
« nefort, le père de la botanique française, est le jiremier, disait
« notre savant ami, le professeur Lamouroux qui réunit sous
«cette dénomination des objets mal observés, entre lesquels on
«croyait apercevoir quelque ressemblance ; il en avait formé
«une section de sa xvii' classe, que composaient des plantes et
« des polypiers. Linné donna ce nom d’algues au troisième ordre
« de sa Cryptogamie, après en avoir retiré les productions ani-
‘ Dictionnaire classique d’histoire naturelle, t. I , pag. a 3 , a u mot A l g u e s .