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O r d r e d e s CH AODIN ÉES .
Nous rangeons dans ce dernier ordre les vég étaux les plus
s imples, ceux dans lesquels n’existent, jiou r ainsi dire, que des
formes ru d im en ta ir e s , et chez qui tout autre mode de rep ro duc
tion que celle q u ’on nomme Tomipare était encore inutile.
De la matière muqueuse et des.molécules g lo b u lin a ir e s , d iversement
ajustées daus l ’é|)aisseur de cette modification élémentaire,
con stituent les Chaodinées, ot'i chaque molécule, ainsi (jue
la moindre frac tion de matière muqueuse, suffit p ou r reproduire
u ue Chaodinée n ou v e lle , en s’a ssimilant, p a r certaines règles
d’homog énéité qui nous demeurent inconnues, d’autre g lobuline
et d’autre mucus. Nous avons dit a illeu rs ; « P o u r peu q u ’on ait
tou ché des ro ch e rs long-temps m o u illé s , les pierres polies ((ui
fo rment le pavé ou le p o u r to u r de certaines fontaines closes, et
la surface de divers corps solides inondés ou exposés à l'h um idité,
on a dii re conn aître la p résence d’une mucosité particulière,
q ui ne se manifeste q u ’au ta c t, dont la transparence empêche
d’apprécier la forme et la n a tu re , et dans laquelle le m ic ro scope
n ’aide à re con n a ître aucune org anisa tion : cette mucosité
ressemble à uue eouche d ’albumine étendue avec le pinceau.
Uu te l enduit est ce qui rend souvent si glissantes les dalles
sur lesquelles cou len t les conduits d’eau , et les roches jdatcs
qu’ou trou v e cjuelquefois dans les riv ières ; il s’exfolie en séch
an t, et devient à la fin visible par la matière dont il se
c o lo r e , soit en v e r t , soit pa r une teinte de rou ille souvent
très-foncée. On dirait une création p ro v iso ire , q u i se forme
comme jiou r attendre une o rg an isa tion , et qui en re ço it de
différentes selon la nature des corp uscules qui le pénètrent ou
qui s y développent. On dirait encore l ’orig ine de deux existences
bien distinctes, l ’une certainement animale, l ’autre certainement
v ég éta le. C ’est de cette sorte de création jn-imitive
que nous a von s, dans le Dictionnaire classique dhistoire naturelle,
formé notre genre Chaos. » Ce genre y est devenu d'abord
le type d’une famille des C b ao d iné e s , q u ’il a fallu jiar la suite
é lever au ra n g des o rd r e s , lorsc|ue, mieux ex am in é e s , les créatures
que nous y avions rassemblées on t dû., à cause de l’aug mentation
du n om b r e , se rép a r tir en trois fam ille s , savoir ;
celle des C h a o d in é e s p roprement dites, celle desTKÉMEi.L.viKEs,
et celle des D ip h y s e s . A cette dernière appartient la seule
espèce de Cbaodinées qu’ait rappor tée la Coquille.
Quelle f[ue soit la forme q u ’affectent les vég étaux de l’ordre
(|ui va terminer le travail b yd ro p b y to lo g iq u e dont nous nous
étions c h a rg é , on re con naît dans tous cette mucosité cara
ctéristique qui en fo rme , p ou r ainsi d ire , l’essence. E lle les
enveloppe, les lu brifie en leu r donnant fjuelque chose de jia rticu
lie r au to u ch e r ; et comme le propre de la matière m uqueuse'
e s t, même ajirès avoir été long-temps desséchée, de reprendre
sa consistance en se distendant lo r squ ’on la rep long e dans
l ’e a u , les Chaodinées jouissent au plus h au t d eg ré de la faculté
de re v iv r e , ou du moins de rejiren dre l ’apparence de
la vie lorsqu’on les remouille. Cette fa culté est l ’un des grands
ca ractères q u i, dans ces parties obscures de l’histoire n atu re
lle où la botanique et la zoologie v ienn en t se confondi-e par
d’insensibles n u an ce s, feron t d istinguer r igoureusement tout
ce (jui fu t jmrenient v ég éta l de ce cjui posséda un jiremier
degré d’animalité. Nous pouvons affirmer, eu dépit de certaines
expériences q u ’on dit avoir faites sur des Piotifères et des Vib
r io n s , que jamais le m oindre des animalcules microscopiques,
ou le dernier des p olypes dont nous faisons des Psychodiés ",
’ V oyez notre article M a t i è r e , c la n s le Dictionnaire classique (thistoire naturelle,
t. X , p. 248.
^ Voyez ce mot dans XEncyclopédie par ordre de matières.