degré Nord, presque au centre d’un vaste continent et sur un
plateau qu’on suppose assez élevé, le lac Baikal éprouve 1 influence
d’un climat déjà rigoureux. Le bassin du Selinga, fleuve
(]ui s’y jette, dut originairement lui appartenir tout entier; il
communique encore avec le Jéniséi jjar Irkutsk , où dut exister
le détroit qui unissait la Caspienne dont il est question avec
l’Océan Arctic|ue, quand celui-ci couvrait la Sibérie.
4° La Meu Morte. Cette petite casijienne est aussi appelée Lae
Aspbaltite, soit parce que des bitumes flottent dans quelques
parties de son étendue, soit d'après fidée imprimée par des
croyances religieuses que les villes de la Pentapole, brûlées par
une pluie de matières combustibles envoyée du ciel, y furent
eno-louties après leur destruction. De forme ovale, pointue aux
deux extrémités, elle a tout au plus vingt à vingt-deux lieues
du Nord au Sud sur trois ou cpiatre de lEst à 1 Ouest. Elle absorbe
le Jourdain, auquel on ne saurait contester le nom de
fleuve, puis([u’il tombe dans une mer; qui serait une rivière, si
le Lac Aspbaltite n’était encore tant soit peu salé, mais qui
n’est guère qu’un ruisseau sous le rapjiort de ses dimensions.
Cependant ce ruisseau, cependant la Caspienne presque imperceptible
qui l’absorbe, ont acquis une célébrité à laquelle n atteignit
aucun antre point du globe, si ce n est la triste capitale
de la pierreuse et barbare Palestine, ou bien la Mecque, où l’on
montre le tombeau du prophète Mahomet. Cette célébrité,
encore récemment augmentée par ce qu’en raconta 1 auteur
d’un Itinéraire à Jérusalem, ne nous fait pas mieux connaître
les lieux sous les rapports de leur histoire physique. S’ils sont
très-visités des pèlerins, ils ne le sont guère par les savants.
On en a rapporté de l’eau dans une bouteille pour d autres
usages que l’analyse chimique, de sorte que les physiciens ne
savent seulement pas quelle est la composition de ces eaux
et leur degré de salure. On a meme dit i|ue la femme du patria
rcb e L o tb , ch an gé e en statue de s e l, existait tou jou rs sur
ses b ords, ainsi que des a rbustes p o r tan t des pommes sans cesse
rem|ilics pa r les cendres pro ven an t de Sodome et de G om o r rh e ;
mais les natura listes ign o ren t abso lument quels en sont les
poissons et les h yd ro p liite s , et s’il y existe même des coquilles.
Il serait cependant très-imp ortant de v é r ifie r si e.’est avec la
Méditerranée p ro p rem en t d i t e , a vec la Méditerranée E r y thréenne
ou avec tou te autre mer , qu e la Caspienne sur laqu e lle
nous appelons l ’a tte iition des v o y a g eu rs é c la iré s , offre le plus
de rappor ts ; posséderait-elle des produ c tion s q u i lu i seraient
e xebisivement jiropres ?
Ce n’est pas seulement sur la nomenclature des mers et sur
la démarcation de leurs frontières, s’il est permis d'employer
cette expression, que l’étude des jiroductions de ces mers peut
jeter de grandes lumières; elle en [lortera jusque dans les abîmes
de l’Océan, duquel, sous le point de vue de sa profondeur, 1 histoire
[iréscnte l’une des plus grandes singularités quil soit
possible de concevoir. On n’a pas une seule donnée precise
pour déterminer quelle peut être cette profondeur; et cependant
des auteurs graves, l’ayant évaluée, ont calculé à un pied
cube, à une demi-livre près, pour combien la masse des eaux
entrait, soit sous le rapport de la quantité, soit sous celui de la
pesanteur, dans l’ensemble du globe. Nous ne croyons pas devoir
consacrer, dans cette introduction déjà jicut-étre troji longue,
la moindre place à des évaluations qui ne sont basées sur rien
de solide, et que l’énoncé le mieux précisé, accompagné des
plus savantes formules algébriques, ne suffirait pas pour élever
au rang des vérités. On peut présumer tout au plus que la mer
n’a point une jirofoiideur indéfinie, et qu’elle forme simplement,
à la surface du noyau solide, dont les continents et les
iles sont de simples fragments de la croûte oxidée, une envelopjie
fluide, comme y est l’atmosphère qui l’environne à son tour,
Voyage de la Coquille. — Bolaiiiciiie. 7