dont on est encoi’e loin d’apprécier la grandeur, la géographie
physique en doit tirer sa principale clarté en tout ce qui tient
à l’histoire des parties inondées du globe. Qu’on se donne la
peine, par exemple, de considérer quelle confusion règne, sur
nos meilleures cartes, dans la nomenclature des mers ; confusion
qu’on retrouve, chez les plus habiles faiseurs de traités géographiques,
qui, ne s’étant pas donné la peine de définir ce qu’on
doit entendre par ce mot mer, l’employaient indifféremment pour
désigner quelque vaste océan ou t[uek[ae misérable golfe. On
l’appliquait sans difficulté à ce bourbier de la barbare Palestine
, où se dégorge un ruisseau décoré du nom de fleuve, en
le refusant à de vastes amas d’eau salée, qualifiés de lacs, vers
le centre de f Asie. C’est l’étude des hydropliites qui va faire
disparaître de telles inconséquences, et doit résultera le moyen
d’établir entre les régions licpiides de l’univers des divisions qui
ne soient plus arbitraires.
En effet, il n’en est pas de la mer, avons-nous dit ailleurs“,
comme de la terre, où la domination ■ des hommes s’étant le
|)lus souvent établie et perpétuée par la force'et par la tyrannie,
les limites naturelles de chaque contrée ont dès long-temps
disparu, pour faire place aux limites politiques où des citadelles
s’élevèrent comme nous plaçons des bornes autour de nos propriétés;
de sorte que des peuples appartenant à des espèces
fort différentes du genre homme se sont trouvés confusément
mêlés sous le même sceptre, i;|uand leurs caractères physicpies
semblaient commander entre eux une démarcation éternelle.
Nulle limite stable ne peut être posée sur les flots. Tous les
parages sont également le domaine des navigateurs. Abusant
de ses forces navales, une nation usurpatrice peut encore au-
' Dictionnaire classiqu
au mot Me r .
d ’histoire naturelle, tom. X , pag. S y i et suivantes
jourd’lmi se réserver exclusivement le commerce de quelque
plage déserte; ainsi que Carthage, de son temps, ne permettait
pas qu’on visitât ses possessions de l’Atlantique. Mais de tels
excès ont leur terme ; et lorsque les côtes de la Nouvelle-Calédonie,
par exemple , seront aussi peuplées que fêtaient celles
de l’Amérique du Nord an temps de l’immortel Washington,
la Crande-Bretagne n’aura plus le droit léonin de dire aux
mariniers du reste de la terre ; Vous ne viendrez pas pêcher
des phoques dans les parages du détroit de Bass. D’après cette
communauté de la mer, la géographie ne peut donc admettre,
sur son étendue, de ces divisions que le caprice et la violence
établissent à la face de la terre asservie. Les distinctions entre
des régions oèi se balancent les flots inconstants ne pouvant
être que géographiques, il faut en poser les bornes rationnellement,
c’est-à-dire en consultant la figure et les relations naturelles
des côtes voisines, le rapport des masses d’eaux avec
les terres qu’on peut considérer comme continent, enfin, l’influence
qu’exerce la température sur les productions de tel ou
tel espace inondé ; et c’est alors que la distribution géographique
des hydrophites et des animaux marins éclaire une science qui
crut trop jusqu’ici pouvoir se passer de la botanique et de la
z.oologie.
Ce n’est en aucune partie du globe terraqué que les productions
du règne animal ou du règne végétal s’arrêtent à tel ou
tel cercle de la sphère. L’équateur, les tropiques, l’écliptique,
les cercles polaires, les méridiens, dont la connaissance est
Indispensable ]iour déterminer les climats horaires, les positions
respectives de chatjue point du globe, et la route d’un
vaisseau, n ont aucun rapport exact et positif avec ses productions
aquatiques ou terrestres. Qn ne citerait pas plus un végétal
ou un animal dont l’apparition commençât rigoureusement
à tel ou tel degré de longitude ou de latitude, soit dans