« maies. M. de .lussieu restreignit encore le nombre des algues
«de Linné. Mais cet ordre n'en renfermait pas moins, dans le
« Généra de cet auteur, des végétaux trop différents les uns des
« autres pour qu’ils n’eussent pas dû former de nouvelles fa-
« milles dans une nouvelle édition de cet excellent ouvrage ; de
« sorte que, si l’on persistait à conserver le nom d’algues dans
« la science, on devrait commencer par déduire les raisons en
« vertu desquelles on se déterminait à les restreindre plutôt à
« des hydropliites qu’à des lichens ou bien à des hépatiques. »
Selon le même savant, le nom d’algues n’est plus applicable
qu’à ces débris roulés par les vagues et rejetés par la mer, dont
les dépôts accumulés en une bande variable indiquent la force
des tempêtes ou la hauteur croissante et décroissante des marées.
Ces débris sont un excellent engrais, et doivent consé-
quemment intéresser l’agriculteur beaucoup plus que le botaniste;
mais l’on ne pourrait plus dire des végétaux dont ils
proviennent ce qu’en écrivait l’empereur Julien le Philosophe
a l’un de ses amis, lorsque, regrettant dans les brumeuses
Gaules la riante Italie, il s’exprimait en ces mots ; « Là, vous
« n’étes pas au milieu des Algues , plantes auxquelles on ne
« daigne même pas donner de noms, aussi désagréables à l’odorat
« qu’à la vue, et dont la mer couvre ses bords, »
Depuis le commencement de ce siècle, les plantes rejetées
par les flots, et que les botanistes à la hauteur de la science
cryptogamique n’appellent plus des algues, sont l’objet d’une
étude à la fois très-sérieuse et fort intéressante. Au lieu d’être
repoussantes par quelque odeur désagréable, beaucoup d entre
elles répandent le parfum exquis de la violette ou celui non
moins suave du meilleur thé. Le port est élégant dans le plus
grand nombre; des couleurs aimables, souvent brillantes, y
flattent l’oeil, même des personnes les plus inattentives. Quelques
unes ue sont pas sans qualités, puisque l’art culinaire et
la pharmacie s’en sont a|)proprié l’usage'; et, loin que l'on
dédaigne de leur donner des noms, c’est dans leur nomenclature,
au contraire, que s’est glissée, en trente ans, une confusion
presque inextricable ; car il est peu d’espèces qui ne
soient, nommées de cinq ou six manières différentes dans les
traités d’algologie. Ceci vient de ce qu’on s’est hâté d’établir des
genres dans cette branche de la botanique,'avant d’avoir étudié
la texture des êtres qui la composent, et de ce que, sans examiner
la nature de leur fructification, on a pris cette fructification
jioùr base de tels genres ; il est conséquemment arrivé,
la plupart du temps, que ceux-ci manquaient précisément par
les bases, puisque les organes où on en supposait être les caractères
n’existaient pas. Enfin il s’est trouvé des auteurs qui
ont choisi les couleurs pour caractères génériques, et qui se
sont scandalisés de ce qu’on n’adoptait point leurs groupes
rouges ou verts, avec les noms presque impossibles à prononcer
qui en complétaient l’étrangeté.
Ce n’est point une Philosoi'hie hydeoehythologique que
nous prétendons publier, encore moins un Pinax. Nous devons,
pour le moment, nous borner à faire connaître les richesses végétales
des eaux, rapportées par la Coquille : et cju’on n’en regarde
pas fétude comme futile; outre les vives lumières qui doivent
rejaillir de cette étude approfondie des hydropliites ou jilantes
de l’eau sur l’organogra|)hie, la géographie pbysi(|ue, science
‘ On sait que plusieurs laurencies, d’une saveur poivrée, sont employées en assaisonnement
dans le Nord; que diverses laminariées fournissent une nourriture saine,
soit en Island e, soit sur les côtes occidentales de l’Amérique du Su d ; que, dans
l’In de , on compose d’excellentes gelées et des potages avec ces mêmes fucacées où
les hirondelles salanganes trouvent les matériaux de leurs nids, fort recherchés par
les amateurs de bonne chère. E n fin , tout le monde connaît l’helminthocorton, vulgairement
mousse de C o r se , dont la médecine fait un si grand usage, et qui jouit
d’une ancienne célébrité comme vermifuge.
Voyage <le la Coquille. — Botanique. 4