tion, soit animale, soit végétale, les rapports se multiplient, et l'on
arrive jusqu’à ¡’identité : aussi, parmi les polypiers flexibles, les
corallinées et les flnstrées ; parmi les hydrophites, les caulerpes
et les floridées ou autres familles, nous possédons une multitude
d’espèces qu’on ne saurait distinguer de celles que le savant
Delile nous a rapportées de la mer Rouge, et que MM. d’Urville,
l.esson, Gaudichaud, ainsi que d’autres voyageurs, ont recueillies
dans la Polynésie. Cependant les parties de fOcéan
interposées n’offrent rien, ou, du moins, très-peu de chose qui
soit pareil. De tels faits paraîtront étranges sans doute à diverses
personnes qui jusqu’ici ont fait de l’histoire naturelle seulement
d’après des palmiers ou des éléphants ; mais ces faits apprendront
aux judicieux quelle est l’importance des petites choses
dans l’histoire de la nature ; ils ap[)uieront ce que nous voulons
désormais proclamer dans tous nos travaux géographiques,
[larce que nous en avons acquis la certitude dans le silence de
f observation, avant d’en fatiguer le monde savant par d’in-
eoniplètes publications; savoir : «Que le globe ayant été entiè-
« rement couvert par les eaux de la mer, ciest par la végétation
« et la vie aquatique que la vie et la végétation ont dii se pré-
« parer avant de paraître à la surface des îles et des continents. »
Les productions de la mer, surtout les plus simples, ayant été les
premières , il doit conséquemment résulter de la découverte et
de la comparaison des plus chétives, de plus importantes vérités
que de la découverte et de la comparaison d’objets volumineux,
sur lesquels on prétend concentrer l’attention des naturalistes,
et de l’examen desquels on voudrait déduire certaines règles
générales de répartition entièrement inadmissible. Un autre
grand fait de géographie physique, déjà indiqué dans l’article
B a s s i n de notre Dictionnaire classique, ressort encore de l’examen
de la Méditerranée Colombienne, autant que de la comparaison
des cornes de la mer Piouge et du sinus qu’on pourrait
a]j])eler Pélusia([ue au fond de notre vieille Méditerranée ; nous
l’établirons en ces termes ; « Les productions de deux bassins
« naturels eontigus sont plus différentes les unes des autres sur
« les pentes adossées des espaces qui en établissent le [jartage,
«quel que soit le ])eu de largeur et d’élévation de ces espaces,
« que ne le sont les productions des bords opposés les plus
« éloignés de chacun des deux bassins. » ■
Nous n’avons point, comme tant d’autres voyageurs qui en
ont beaucoup écrit, visité les Antilles, l’Amérique du Sud, ou
ce qu’on s’obstine encore à nommer la Nouvelle-Espagne ; mais
nous avons soigneusement examiné, dans les collections de
Bei’lin, de Vienne, de Paris, et surtout de Madrid, les productions
botaniques de tous ces lieux; voici ce que nous y avons
reconnu, et ce que nous affirmons devoir être confirmé par
l’expérience en vertu de l’axiome ci-dessus :
I. Il existe une différence sensible entre la physionomie de
l’ensemble des productions enracinées au sol sur les rivages et
les versants océaniques des Antilles, et la physionomie générale
des mêmes productions sur les rivages et les versants intérieurs
ou méditerranéens de ces mêmes Antilles.
fl. Une différence de même genre paraît être encore plus
marquée entre les productions des rives continentales de la
Méditerranée Colombienne et les productions des côtes adossées
a]jpartenant à l’Océan Pacificpie.
III. Les productions naturelles des rives de ce qu’on appelle
communément Terre ferme, si peu distantes de celles de l’Océan
Pacifique, [irésentent moins d’analogie avec les productions de
ces dernières qu’elles n’en présentent avec celles des rives du
Sud d’Haïti ou de Porto-Rico, rives qui sont cependant beaucoup
plus éloignées les unes des autres, mais qui appartiennent
au même bassin.
IV. Enfin, la Jamaïque, comme jetée au milieu de la Médi-
Voyage de la Coquille. — Botanique. 6