probable que ces renseignements confirmeront, par exemple,
qu’il n’est pas un sticte qui croisse sur la terre, de tels lichens
habitant les écorces, et qu’il n’est pas de coenomyces sur le
vieux branchage, ceux-ci paraissant être exclusivement terrestres,
parce qu’ils doivent avoir besoin, pour se développer,
de l’immiis appelé communément terre de bruyère.
S’il est question de récolter des fricassées, des ulves, ou autres
hydrophites, le plus grand nombre de ces plantes exigent encore
moins de précaution pour être conservées. On recherchera
des individus complets, entiers, avec leurs racines et leurs tiges
surtout. De simples rameaux ou des frondes, quelque belles
qu’elles puissent paraître dans un herbier, ne suffisent pas pour
bien statuer sur des espèces tellement sujettes à varier, qu il eu
faut voir toutes les parties dans leur situation naturelle, si l’on
ne veut être exposé à regarder comme appartenant à des choses
différentes des fragments d’un même individu. La taille ne doit
jamais être un motif pour morceler les productions marines.
M, Lesson, que rien ne rebutait lorsqu’il était question de
recueillir des objets d’histoire naturelle, et qui le faisait avec
tant d’intelligence, nous a communiqué entre autres des macrocystes
de près de trente pieds de longueur avec leurs racines ;
et l’inspection de tels échantillons, nous apprenant que trois ou
quatre espèces avaient été confondues en une seule, nous aida
encore à déterminer par la com|iaraison de toutes leurs parties
les caractères distinctifs de ces belles espèces. C’est au moyen d un
pied immense et complet de cette laniinariée, dont nous avons
formé un genre dédié à l’infatigable et savant marin qui se donna
la peine de récolter un si bel échantillon, que nous avons ¡lu
prononcer sur la non-identité de notre Durvillæa utilis et de cette
Porra ciiii, mentionnée jiar Le Gentil fut regardée jusqu’ici
I F o ja g e dans les mers des Indes, tom. I I , pag. 2 x4 , p è 3-
comme la même chose sur l’assertion de M. Lamouroux, réduit
à travailler sur de sim[)les fragments, il est tel exem[)laire entier
et complet d’hydropbite sur lequel nous avons reconnu jusqu’il
trois de ces véritables brimborions qu’en avaient décrits, comme
autant d’es]ièces distinctes, la plupart de nos prédécesseurs. Mais
telle est la difficulté d’échapper au même genre de décejxtion
dont la cause se ti-ouve dans la polymorpliite des hydrophites,
([ue pour l’établissement de plus d’une espèce nous pourrions
être encore à notre tour tombé dans l’erreur.
Ou ne doit point laisser en tas, surtout dans la zone torride,
les hydrophites après les avoir déracinés; la fermentation qui
en altère aussitôt les teintes ne manquerait pas d’y porter un
désordre fétide ; on peut tout au plus les accumuler, durant
f herborisation, dans une boite de fer-blanc, qu’on laisse ouverte
le moins de temps possible, et dans laquelle une certaine fraîcheur
les protège jusqu’au temjjs où on peut les arranger convenablement.
Il suffira alors de les bien laver dans le courant
d'un ruisseau voisin, dans quelque fontaine, ou dans un baquet
d’eau douce, renouvelée tontes les fois quon la sèntira devenir
salée ou muqueuse. Après ce lavage , fait pour emporter toutes
les causes qui contribuent à rendre les hydrophites si hygrométriques
, on fera sécher les récoltes à 1 ombre, comme on
doit faire des lichens et des mousses, en prenant seulement la
précaution de retourner les tas de temps en temps, pendant
qu’ils sèchent; car le côté le moins exposé au jour, et dont
fhumidité s’évapore le moins vite, est exposé il noircir et à se
corrompre très-promptement, si l’on ne le fait à son tour
participer aux bienfaits de la lumière.
On sépare ensuite les cs|)èces selon les stations où elles furent
recueillies, c’est-à-dire selon qu'elles demeuraient à sec durant
la basse mer, selon quelles ne demeuraient jamais découvertes,
enfin selon qu’elles croissaient à plus ou moins de profondeur,
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Voyage de la Coquille. — Bolaniqiie, ®