romjirait le tronc plutôt que de l’en détacher. Jetés par la tempête
sur la côte, les débris de ce fucus y élèvent souvent une
chaussée de trois ou quatre pieds. Si on a l’imprudence de s’y
engager, on court le risque de s’y enfoncer jusqu’aux chevilles,
et il s’eii exhale une odeur insupportable et mé[)bitique ([ue je
ne puis mieux comjjarer qu’à celle des «choux en décomposition.
»
Nous ajouterons à ce cyiii vient d’être dit les observations
([ue nous avons pu faire sur la Lessonie brunissante, soit sur le
sec, soit en la remouillant. Un fragment .du tronc, long d'un
jjied et d’un pouce de diamètre, nous en fut remis par M, Durville
; il avait la dureté du fer : son écorce était très-rugueuse et
bosselée ; on eût dit, à ([uebyne distance, une branche de cbéne
à liège. La couleur de la tranche était d’im bien d’ardoise tirant
au gris, avec des ligues concentriques, très-distinctes, et
la trace d’une ligne médullaire au centre. Plongé dans l’eau,
il allongea peu ; mais il doubla de diamètre dans un sens, de
sorte f[ue sa forme comprimée redevint très-apparente; son
écorce se manifesta alors par une couleur ferrugineuse, (]ui recouvrait
toutes les bosselures du tronc noueux. Nous avons
représenté un fragment de ce tronc avec sa coupe horizontale
dans notre planche ,3. On voit aussi dans la même planche une
coiqie longitudinale, prise sur le jjetit diamètre du bois à l’état
frais, surmontée d’un autre morceau avec les couleurs qu’y
produit la dessiccation. Les couches concentriques sont ici très-
remarquables ; la ligne médullaire devient d’un noir d’ébène, et
bien ]j 1u s dure que le bois, dont une lame très-mince, exposée
au microscope sous une lentille très-forte (pl. 2, fig. 2, G),
nous a paru formée de fibres transparentes, fort entrecroisées,
mais inarticulées, englobant entre elles des glomérules brunâtres,
amorphes, épars çâ et là. La trancile de ce bois (H)
jirésentait une tout autre figure, consistant en filaments d’une
translucidité complète, anastomoses et comme articulés. Il
existerait doue dans le bois des Lessonies deux natures de fibres,
les unes ascendantes, et les autres horizontales. Les rameaux
noirs, profondément striés , très - nombreux, dichotomes , se
comprimant de plus en jjlus, finissent par devenir de véritaliles
[létioles par rapport à des frondes d’une couleur de cannelle
claire ou de tabac d'Espagne., d’une forme ovalairevers la base,
s’allongeant linéairement en une pointe qui manque souvent,
longues de ciuc| à six pouces, larges de deux ou trois dans leur
jeunesse, mais qui, se partageant par le milieu à partir du
point de leur insertion, finissent par former deux feuilles parallèles
d’un pouce et demi au plus de large et de deux pieds à
trente pouces de long. C'est surtout avant leur division que ees
feuilles offrent quelques dentelures éparses, irrégulières et
peu profondes; en vieillissant, elles les perdent, et leurs bords
demeurent à peu près entiers; leur surface a quelque chose
de chagriné quand on les a plongées dans l’eau, ce qui vient
d’une multitude de petites bulles qui se boursoufflent dans l’éjji-
derme, sans que nous ayons pu reconnaître si elles contenaient
de l’air, de l’eau, ou quelcpie mucosité. Vues au microscope,
ces feuilles ou frondes, toutes minces et jiapyracées qu’elles
sont au toucher, sont formées de deux lames brunâtres, composées
de fibres serrées, entrelacées, évidemment articulées,
contenant entre elles une mucosité, oii s’entremêlent encore
d’innombrables filaments translucides, sans articvdations, mais
entre lesquels sont épars une multitude de glomérules formés
d’une véritable globuline jaunâtre, et qui sont peut-être des
gongyles rudimentaires. Nous avons trouvé ces gongyles parfaits
sur un échantillon qu’a bien voulu nous sacrifier M. Gaudichaud.
Ce savant avait aussi trouvé la Lessonie brunissante
avant les voyageurs de la Coquille et aux mêmes lieux. Seul il
eut le bonheur d’en découvrir la fronde fructifiée, que nous