V O Y A G E A U T O U R D U M O N D E ,
iusqu'à ces pintadiiies d’où notre luxe emprunte la perle. Si
une civilisation bien entendue s’établit jamais sur de tels rivages,
l’Océan Indien baignera les plus belles et les plus heureuses
contrées de l’univers.
5“ L ’O c é a n P a c i f i q u e . N o u s croyons devoir adopter ce nom,
(|ui a l’antériorité, et qui désigne assez bien l’état de repos où
demeurent ordinairement les flots entre la Polynésie, l’Asie
Orientale, l’Amérique Occidentale et l’Océan Antarctique;
nous n’en appellerons pas la jiartie contenue entre la ligne, le
tropique du Cancer, la Nouvelle-Guinée et l’Archipel dangereux,
G r a n d O c é a n , parce que, nous ne craignons pas de
l’avancer, nulle partie de l’Océan n’est an contraire plus restreinte
que cet espace semé d’écueils, de peu de profondeur el
d'une navigation très-dangereuse ; nous n’en appellerons |ias
non plus B o r é a l e la région située précisément au Sud de l'im-
mensc courbe formée à son pourtour par fAsie et l’Amérique
rapprochées. Cet océan, très-ouvert vers le Sud, s’y termine
à peu près dans la ligne sinueuse tp ’oii pourrait tracer de la
terre de A^an-Diémen à la Nouvelle-Zélande, et de celle-ci vers
les côtes du Chili. Les îles Aleutiennes, au Nord, séparent la
mer de Bering, qu’il en faut soigneusement distinguer; des archipels
nombreux, dont la plupart sont peu connus et presque
inextricables, en remplissent la plus grande partie, surtout
entre les trojiiques à l’Est de la Polynésie, où la plupart semblent
même n’être qu’une continuation de ce futur continent.
11 arrive dans cet océan ce que nous avons reconnu avoir lieu
dans l’Atlantique, où, malgré la diversité des climats, les productions
des rivages et de l’eau présentent la plus grande analogie.
L’humidité perpétuelle, qu’entretient une abondante évaporation
autour de mille points exondés, contribue à parer la
surface de ces points d’une végétation riche, fraîche et brillante.
Les fougères et antres tribus cTy|)togamiques, comme on va le
voir, y entrent dans une immense pro[)ortion, en dépit des lois
lirécipitamment établies par les arithméticiens de la botanicpie.
Nulle part les madrépores et autres polypiers pierreux, avec
les spongiaires et les mollusques marins, ne sont plus nombreux,
plus variés en figures, plus grands en proportions ni
enrichis de plus admirables couleurs. La magnificence des
teintes, la multiiilicité infinie des formes, n’y sont ]ias restreintes
à ees seules légions animées; les cétacés eux-mêmes, les poissons
surtout, y [larticipent ; et la succession active, jamais interrompue
par de rigoureux hivers, de toutes ces créations
marines, [iroduit avec rapidité l’augmentation des rochers et
félévatioii du sol partout oîi (pielque écueil peut abriter d'innombrables
habitants, architectes et préparateurs d’une terre
il venir; terre qui doit nécessairement paraître par l’encombrement
de mille détroits, où les pirogues des hommes d’espèce
neptunienne et des vaisseaux anglais cinglent maintenant à
|>leines voiles. Aussi, malgré la beauté d’un ciel où ne soufflent
que des vents assez modérés, la navigation de f Océan Pacifique
est-elle périlleuse pour les embarcations qui tirent beau-
eoLip d’eau. C’est là qu’on voit en peu d’années changer la face
des rivages, comme par enchantement, et croître, pour ainsi
dire, le sol ; où naguère passait un grand navire, une chaloujx*
courrait risque de se briser aujourd’hui.
On retrouve dans l’Océan Pacifique, comme entre l’ancien
et le nouveau Monde, au revers opposé du globe, de ces bancs
flottants de sargasses, genre de fucacées totalement étranger
aux deux océans du Nord et du Sud, r[ui, de leur côté, nourrissent
les laminariées simples autour du pôle arctique , rameuses’vers
le pôle opposé. Un grand courant circulaire, analogue
au Gulf-Stream, parait également y régner. Ainsi l’analogie
est complète; et, par la division que nous proposons
d’établir à la surface de la grande mer environnante, on voit