ovi l’immortel Colomb pénétra le premier, est, comme la Sinique
de l’ancien continent, bornée d’un côté par une suite
non interrompue de côtes continentales, qui s’étendent depuis
la pointe méridionale des Florides jusque dans la province de
Cumana, vis-à-vis l’ile de la Trinité ; et de ce dernier lieu, part
une série d’autres îles grandes ou petites, qu i, toutes visibles
réci|)roquement de l’une à l’autre,. sous le nom d’Antilles du
veut et de grandes Antilles, séparent la Méditerranée dont il
est question, de l’Océan Atlantique : parmi ces grandes Antilles,
la magnanime Haïti, la gémissante Cuba, forment la circonscription
septentrionale du bassin dont nous exclurons les
I.ucayes, arcbipel extérieur qui doit commencer aux îlesTurc-
ques, à partir des Caïques jusqu’à l’extrémité Ouest de l’île de
Bahama. Tous les écueils, petits ou grands, qui foi'ment, au
Nord des grandes Antilles, cet archipel de corail ou d’alluvions
déposé par le Gulf-Stréam et autres courants, sont du domaine
de l’Océan; l’ensemble en reçoit une physionomie tant soit peu
septentrionale, bien que situé sons un tropique. L’archipel des
Lucayes prépare, en protégeant le grand banc de Bahama, élevé
de jour en jour, un attérissement destiné à élargir la barrière
qui fermera entièrement la Méditerranée Colombienne au
moyen de la réunion de toutes les Antilles. Le canal de Bahama,
ou celui de Porto-Rico, y demeureront l’un ou l’autre, et peut-
être long-temps ensemble, les analogues des détroits de notre
Baltique; il parait du moins que ce sont les deux communications
les plus profondes actuellement existantes. Pour la
Jamaïque et les îles sous le vent, elles sont, dans cette méditerranée,
coimne Gothland et l’archipel d’Abo, ou bien, comme
la Sicile et l’archipel Égéen; le cap Catoche, à l’extrémité orientale
de Jucatan, et celui de San-Antonio, à l’extrémité occidentale
de Cuba, s’y avancent l’un vers l’autre, comme Lilybée se
ra])]jroche du cap Bon, à l’extrémité punique du royaume de
Tunis. De pareils rapprochements de pointes en pointes sont
fréquents dans la Méditerranée proprement dite, dans la Sinique
et dans la Baltique; ils indiquent que ees mers, une lois
totalement séparées des océans voisins, é])rouveront, par la
diminution graduelle de leurs eaux, des interceptations intérieures,
d’où résulteront successivement des caspiennes, qui
deviendront ensuite des lacs et finalement des bassins de fleuves.
Il en sera des Méditerranées actuelles et à venir comme de celles
dont tl n’existe plus que des traces. Le bassin du fleuve Saint-
Laurent, où ne restent que des lacs interceptés, et celui du
Danube, où ne restent pas même de tels lacs, mais oïi l’on
trouve des plaines qui témoignent de leur ancienne existence,
sont en Europe et en Amérique ccfmme pour servir de démonstration
à cette vérité.
Le plus grand fleuve du monde, le Mississipi, se jette dans la
Méditerranée Colombienne, y forme nu vaste Delta, et [irépare,
par d’immenses dépôts, le long de ses côtes septentrionales,
le rétrécissement du golfe mexicain. Située entre le neuvième
deo-ré environ et le trentième de latitude O Nord’, traversée d’orient
en occident par le tropique du Cancer, presque tout entière
dans da zone torride, ses productions offrent le plus grand
rapport avec celles des Méditerranées Erytbéenne et Sinique,
sans que l’éloignement des unes et des autres ait pu altérer une
ressemblance physique très-prononcée. Les poissons, de forme
bizarre, et parés de brillantes coideurs, y vivent partout en
grand nombre. Des polypiers volumineux en élèvent le fond et
en étendent les rivages; ces polypiers contribuent avec une telle
rapidité à faccroissement du sol, surtout du côté intérieur, par
rapport aux Antilles, que des cadavres humains, encroûtés de
leurs débris calcaires, y sont récemment, sur un point de la
Guadeloupe, pres([ue devenus des antbropolites. Si l’on y descend
à l’examen des êtres moins compliqués dans l’organisa