ainsi que la terre; au-delà de cette présomption, il n’existe qu’incertitudes.
On est à la vérité parvenu, au moyen de la sonde,
à trouver le fond de la mer en beaucoup de points de son étendue
; mais la sonde elle-même ne produit pas toujours des
données [larfaitement exactes, surtout au-dessous de quatre à
six cents mètres; des courants inférieurs la font dévier; la ligne
qui la retient peut finir par flotter en déplaçant une quantité
d’eau suffisante pour faire obstacle à son enfoncement; et,
dans beaucoup de cas, ce que l’on sup|Jose le sol atteint par le
plomb peut n’être encore qu’un point de la masse liquide, où ce
plomb, quelque lourd qu’il puisse être, nage, ainsi que le ferait
une bouée, à la surface.
Dans un grand nombre de lieux oii l’on a pris la peine de
sonder, c’est de quatre à six cents mètres qu’on a trouvé le fond
véritable aux plus grandes distances ; ce qu’a jirouvé le suif,
en rajqjortant du sable, du gravier, de la vase, ou quelques
corps organisés appartenant aux dernières classes du règne
animal, ou bien à l’hydrophytologie. C’est d’une profondeur de
jirès de deux cents pieds, en arrivant dans les parages des
Canaries, que MM. Humboldt et Bonjîland retirèrent lenr précieuse
caulcrpe à feuilles de vigne. C’est de cinq cents pieds
environ, aux a|iproches delà terre de Leuwin, que Mangé et
Pérou ramenèrent, an moyen de la drague, des rétépores, des
sertnlaires, des isis, des gorgones, des éponges, des alcyons,
des varecs et des ulves brillants de phosphorescence et (¡ni manifestaient
une chaleur sensible. C ’est de six cents pieds au moins,
qu’entre les Iles de France et de Mascareigne, nous obtînmes
nous-méme une touffe enracinée de sargassum tarbinatum, en
tout semijlable à celles que nous avions recueillies aux rivages
voisins. C’est enfin à près de onze cents pieds, par soixante-dix-
neuf degrés de latitude Nord, à quatre-vingts milles des côtes du
Groenland, que fut déraciné, parmi baleinier, ce polype extraordinaire,
figuré par Ellls et devenu le peniialida encrinus
de Gmelin animal de six pieds de long, gigantesque dans
sa tribu, ombelle vivante formée d’hydres qui brillaient de la
plus belle teinte jaune; preuve nouvelle ipiiin être organise
peut se colorer sans la participation du jour, à moins (|u’on
n’admette que des rayons de lumière pénètrent jusque dans
l'abime. Si (piclque physicien essayait jamais de vérifier ce cpii
en est, nous l’engagerions à ne pas négliger 1 examen de la
coloration de certaines productions de la mer, soumises a l existence
végétale, soit qu’elles y ajoutent f animalité en se couvrant
de polypes, soit qu’elles demeurent toujours bornées a
l’état de plante.
Vers la surface des eaux, brillent de toutes les couleurs de
l’arc-en-cicl les tentacules de ces actinies que leur beauté changeante
fit appeler anémones de mer, nos iridées, la padine en
plume de paon et des cystoceires produisant l’effet du prisme;
le carmin tendre, le bleu de l’azur, y parent des médusaires, les
appendices des porpites, des tlialies et des glaucus, tandis que
les béroës et les ampbinomes y agitent leurs cirres étincelants.
Au-dessous de cette zone [iresque superficielle, oii pénètre, en
se décomposant et pour colorer fortement les corps, chaque
sorte de rayons lumineux, apparaît la multitude des floridées,
ou le rouge avec le pourpre passent par toutes les nuances, ainsi
(jue le corail semblable au sailg, qui commence avec cette zone.
Le vert-tendre, qui pare les ulves et les confervées depuis la
surface des marais, règne indifféremment dans les deux couches,
pour persévérer jus([u’à la grande profondeur où il a été retrouvé
sur le caulerpa vitifolia. Le brunâtre, qu'on remarque
encore plus superfieiellcment, par l’apparition des espèces
' Act. im g ^ è ,X L V I I I ,p . 3o 5 ,ta b . X l l . e t C o ra il, lab . X X X V I I .
Syst. nat., éd. X I I I , tom. l,p a r s N, pag. 3867 .